Capture d'écran, journée de travail, LR |
"Les Républicains" l'ont affirmé et défendu lors de leur "Journée de travail sur la culture, la création, le patrimoine et la communication" du 9 juin dernier, l'audiovisuel public français doit être rassemblé pour créer une "BBC à la française". Cette appellation fait florès depuis plusieurs mois, depuis que plusieurs parlementaires : Jean-Pierre Leleux (1)(sénateur LR), Franck Riester (député LR) et Éric Woerth (député LR), à l'appui de rapports et de tribunes médias, jettent les bases d'une réforme radicale de l'audiovisuel public qui, pour leurs auteurs, n'aurait pas su :
• S'adapter à la révolution numérique,
• Faire fructifier les énergies de ses différents acteurs,
• Maintenir un lien fort avec les français.
Nicolas Sarkozy et Éric Woerth parlent de "holding", dont l'objectif ne serait pas de réaliser une fusion des différents acteurs de l'audiovisuel public : Radio France, France Télévisions, Institut National de l'Audiovisuel, France Média Monde, - et très certainement Arte -, mais d'organiser une gouvernance commune que les parlementaires les plus au fait, pré-nomment déjà "France Médias".
Cette journée de travail abordait, pour l'audiovisuel public, tant les questions de financement que de gouvernance. Pour les financements, la question est posée du maintien ou non de la CAP (Contribution à l'audiovisuel public), de la suppression totale de la publicité pour tous les opérateurs publics, et du "gisement d'économies" par l'optimisation, entre autres, des emplois rassemblés sous la même bannière publique. Rappelons que Franck Riester avait, en 2015, lors d'une commission Culture à l'Assemblée Nationale, interpellé Mathieu Gallet, Pdg de Radio France, sur un rapprochement possible de France Bleu et France 3. Gallet s'étant bien gardé de répondre à la question.
Pour garantir l'indépendance de l'audiovisuel public les parlementaires font plusieurs préconisations :
• Déconnecter l'audiovisuel public du "pouvoir du Ministère de la Culture",
• Revoir la composition d'un conseil d'administration (de la holding) à qui il appartiendra de répartir la CAP (Contribution à l'Audiovisuel Public),
• Retirer au CSA la nomination des Pdg de l'audiovisuel public. Tâche qui pourrait être dévolue, soit au Conseil d'Administration de la holding, soit à une Commission parlementaire publique (lire : et non à huis clos comme le pratique le CSA),
On est donc passé, en quelques semaines, d'un retour à la méta-structure type ORTF, appelée "BBC à la française" à une holding qui pourrait laisser une part d'autonomie à chacune des sociétés qui la composerait (et seraient présentes sur une plateforme commune accessible sur tous les supports). On imagine bien toutefois le méga-bouleversement que provoquerait une telle réforme… de structure, ne serait-ce que par :
• la redéfinition des missions de chacune des sociétés concernées dans un principe de globalité,
• la mise à l'écart de doublons, voire de triplons,
• la reconnaissance de facto de l'échec de la loi de 1974 qui entérinait l'éclatement de l'ORTF et la création au 1er janvier 1975 de sept sociétés indépendantes.
On aimerait alors que ces parlementaires, et d'autres, si prompts à faire l'inventaire des politiques qu'ils ont eues à subir, s'engagent, avant de décréter "Le grand soir de l'audiovisuel public" à faire l'inventaire de quarante années consécutives d'individualisme audiovisuel où, "chacun dans son coin" a pu dans ses fulgurances, délires et autres "visions prémonitoires" détricoter méthodiquement ce fameux "lien des français avec leur audiovisuel public" que Les Républicains entendent bien, eux, reconstruire.
Je ne doute pas un seul instant que nombre de ces parlementaires (tous nés avant 1974) aient un peu trop facilement oublié que, moins de 85 jours après son élection, le Président libéral, Giscard d'Estaing, avait sonné le glas de l'ORTF, aux prétextes fallacieux et doctrinaires que les "rouges" tenaient la radio et la télévision. Quarante ans plus tard le bilan est sans appel. L'échec est patent. La dépense a été exponentielle et les résultats bien médiocres.
Alors oui, si l'ORTF est bien morte, gageons que l'HO.R.T.F. (Holding de Radios et Télévisions Françaises) ne soit pas instituée au titre de l'idéologie politique mais bien à celui de la création audiovisuelle. À bons entendeurs, salut !
Ce billet a été publié dans l'édition du jour du Huffington Post,
(1) Auteur avec André Gattolin du rapport "Pour un nouveau modèle de financement de l'audiovisuel public : trois étapes pour aboutir à la création de "France Médias" en 2020", 29 septembre 2015,
Après la RTF, le nouveau statut de l'ORTF en 1964 : ou les "délires" d'Alain Peyrefitte, ministre de l'information du Général de Gaulle. À écouter absolument ! Certains reconnaîtront, au micro un certain Elkabach !
Naissance de L'ORTF (25 juillet 1964), ou l'autorité de l'État… restaurée
Le cynisme de ces gens est incroyable, c'est la mort du service public et la génuflexion devant les chantres des intérêts privés à terme... C'est la réalisation du cauchemar d'Orwell.
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