mardi 27 juin 2017

Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil…

Même si au printemps je me lève avec le soleil, je voulais ce matin être sûr de me réveiller comme l'auditeur qui, chaque matin à 7h, aime entendre l'animatrice de Fip lui souhaiter un bon jour différent chaque jour… Mais l'annonce qu'il a entendu ce matin ne l'a sûrement pas incité à sortir de dessous sa couette "en raison d'un appel à la grève de l'ensemble des organisations syndicales portant sur le projet d'évolution des locales de Fip nous ne sommes pas en mesure de diffuser l'intégralité de nos programmes habituels, nous vous prions de nous en excuser". 



Fip sans voix…
Difficile pour un auditeur - non averti - de distinguer un programme musical de grève d'un programme habituel. La différence sensible l'animation, de 7h à 19h dans les locales, de 7h à 22h sur l'antenne parisienne. Que sait-il l'auditeur de sa radio dont il n'imagine jamais qu'elle puisse seulement s'arrêter quelques minutes, une heure ou un jour entier ? Chaque jour il apprête ses oreilles à être surprises d'une succession d'enchaînements subtils, d'airs nouveaux, de chansons plus anciennes et d'instrumentaux qui lient le tout. Mais ce n'est pas à la radio qu'il apprendra ce qui se cache derrière le programme musical de Fip qui irrigue les ondes depuis le 5 janvier 1971

Malgré le mantra "Fip est une pépite", comprendre "on n'y touchera pas", psalmodié à tout bout d'champ par Mathieu Gallet, Pdg de Radio France depuis mai 2014, la directrice de l'antenne, Anne Sérode, annonce le 23 mars 2017 dans un CCE (Comité Central d'Entreprise) un projet d'évolution des locales de Fip (Bordeaux, Nantes, Strasbourg) qui verraient, au fur et à mesure des départs en retraite, l'extinction définitive de ces locales. Le 21 juin dernier lors d'un nouveau CCE, le projet n'ayant pas évolué et confirmant le flou sur le sort et la forme réservés aux informations locales, l'appel à la grève pour ce 27 juin a été lancé par l'ensemble des organisations syndicales de Radio France.

Le projet élaboré par Frédéric Schlesinger (ex n°2 chargé de l'éditorial et des antennes) démissionnaire et futur vice-directeur général d'Europe 1 et, Anne Sérode, démissionnaire sera mené par Bérénice Ravache sa remplaçante (en poste au 1er août). Comme je l'ai déjà écrit plusieurs fois, c'est la régionalisation à Radio France qui a du plomb dans l'aile. Fip, France Bleu et Mouv' ont été, depuis leurs origines respectives, des variables d'ajustement au gré du "fait du prince" ou de quelques tendances politiques décentralisatrices éphémères. Une organisation régionale de radiodiffusion publique pérenne n'a jamais été actée ni par la tutelle (Culture, Finances) ni par les équipes de direction successives à la tête de Radio France.

Le projet "France Médias" pour l'audiovisuel public évoqué par le nouveau Président de la République Emmanuel Macron et, la volonté d'autonomie revendiquée par les Pdg Gallet et Ernotte (France Télévisions) pour amplifier les rapprochements des chaines de radio et de télévisions à l'exemple de France Info, n'augurent rien de serein pour le modèle des locales de Fip qui, depuis plus de 40 ans avaient réussi à fédérer sur la longue durée auditeurs et partenaires culturels régionaux.

Le titre de ce billet fait référence au film de Jean Yanne "Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil" (1972) qui fustigeait les travers de la radio commerciale des années 70. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire