Fillioud, Bassi, Vivien, en scène… sur une chaîne de l'ORTF, capture d'écran. |
Les amateurs de politique et d'histoire prendront la vidéo à son début. Les autres iront à 35'44" pour entrer dans le débat sur l'ORTF. Il est bon de noter que quatorze jours avant la loi on parle de six sociétés distinctes (2). Ce qui deviendra l'Institut National de l'Audiovisuel (Ina) n'a été imaginé que deux jours avant la discussion de la dite-loi, repêché presque par hasard. On voit bien là que, ni les politiques ni les journalistes de l'ORTF ne sont au fait de ce qu'est l'Office, au-delà de sa partie audible et visible à la radio et à la télévision. Quant à Vivien (3) et Fillioud (4) ils étayent presque toutes leurs démonstrations d'exemples télévisuels et jamais radiophoniques.
À écouter Vivien on comprend que l'ORTF était une "usine à gaz" ingérable, à écouter Fillioud on découvre l'opération politique qui couvait au minimum depuis 1968 avec la volonté de la droite de casser l'Office. Quant au téléspectateur j'imagine mal qu'il ait pu suivre longtemps ce débat absolument abscons et trop technique (particulièrement sur le budget alloué à l'Office). Fillioud en profite pour évoquer les propositions de la Gauche pour la réforme de l'ORTF dans le cadre du Programme commun de gouvernement avec les communistes (PCF) et les radicaux (PRG).
Cette vidéo est indispensable et précieuse pour qui veut comprendre l'évolution de l'audiovisuel public sous la Vème République et la mainmise de l'État sur l'information voire sur les programmes, quand bien même sera créée par le deuxième gouvernement socialiste de Pierre Mauroy, la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle (loi du 29 juillet 1982) (5). Fillioud pointe (1h53') l'"abandon des moyens nationaux de production" (6) qui ressemble fort à ce qui a, entre autres, été l'objet de la grève à Radio France en 2015. Ce même député évoque la carence de la loi en ce qui concerne le Service de la Recherche dont était responsable Pierre Schaeffer et qui n'existera plus en 1975.
En 1974, un quarteron de giscardiens et quelques chiraquiens (7), pressés d'en découdre, ont défait l'audiovisuel public et ouvert la voie à la privatisation partielle ou totale de sociétés spécialisés. Depuis les gouvernements successifs auront, à la "petite semaine", orienté ou déstabilisé son développement, plus ou moins influencés par des responsables visionnaires, libéraux ou souvent plus soucieux de leur carrière que de la chose publique. Emmanuel Macron prendra dans les mois qui viennent des décisions qui se traduiront par une loi audiovisuelle dont le rapport Schwartz a jeté les bases en mars 2015.
(1) Avec exclusivement des hommes, et "déjà" Alain Duhamel, journaliste politique
(2) Radio France, 3 chaines indépendantes de télévision, la Société Française de Production (SFP), Télédiffusion de France, (TdF),
(3) Président de la Commission de contrôle de l'ORTF,
(4) Porte-parole de la Gauche à l'Assemblée Nationale,
(5) Elle même remplacée par la Commission Nationale de la Communication et des Libertés, (CNCL), puis par le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (CSA),
(6) Pour la radio les studios moyens et les équipes de réalisation,
(7) Jacques Chirac était 1er Ministre (1974-1976),
Vidéo en exclusivité ici jusqu'au 26 juin 2017,
Tardivement, merci pour ce billet (et les autres). On notera également, l'absence de toute remarque sur le Service de la Recherche. On a connu, un peu indirectement, le sort des "purs" , trop syndiqués, trop "PTT" qui furent "non reclassés" dans les sociétés issues de l'éclatement.
RépondreSupprimerMerci encore
Pierre Schaeffer, le directeur du Service de la Recherche ORTF savait, dès les manœuvres opératoires de Giscard et de ses sbires, que le sort de son service et de lui-même était scellé et "voué aux gémonies" !
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