mercredi 14 juin 2017

Tentative de description de choses entendues au carrefour des ondes d'un début de mois de juin

La semaine dernière, et jusqu'à dimanche, à défaut d'écrire (je lève le pied, sic) j'ai lu. Beaucoup et pas encore assez. Et j'ai aussi lu entre les lignes. Entres celles du Diplo, de La Croix (1). Et puis savouré "Honni soit qui Malibu" (2) et "Là où se termine la terre" (3). Et puis j'ai commencé à comprendre que le mot "radio", dans son acception pleine et entière, vivait des moments… inouïs, avant de passer à autre chose. La radio en fil continu et ténu c'est fini. Vive la radio à la demande, là où… se termine la radio.




En fait, j'ai encore mieux réalisé que "tout change" quand, le 2 juin au matin, la fanfare de Sgt Pepper avait quitté les ondes et qu"on" était passé à autre chose. Que le 3, le 2 était lui-même enterré. Quant au 4… ! La radio est devenue une formidable chambre d'écho permanente du culturel, du politique et de l'info. Le tout à la sauce Actu. Et bientôt à l'infotainment.. Et quoi de mieux pour commenter l'Actu que d'inviter artistes, chanteurs, écrivains, plasticiens, et autres acteurs comiques que sont les politiques qui, définitivement, ont acquis leurs ronds de serviette pour des petits déjeuners impératifs sur les chaînes généralistes qui ne savent plus "faire" sans ?

Misère totale. Restent quelques îlots d'histoire, de sciences, de fictions. Mais le grand laminoir de l'uniformité a déjà fait son œuvre. Et l'on se demande bien pourquoi en juillet, en août ou en septembre on ne pourrait plus parler de Sgt Pepper, du livre de Modiano sorti il y a trois ans et/ou de la dernière B.D. de Florence Cestac ? La tyrannie de l'éphéméride a stérilisé la mémoire et imposé un rythme et un ton qui siéent parfaitement à la société de consommation. La palette de l'offre qu'amplifie l'"Actu" est démentielle quand la palette de la demande saurait se contenter de quelques nouveautés annuelles. Rien ne vaut plus qu'au jour le jour !




Cette frénésie incantatoire et pathétique a définitivement fait muter la radio. Quelqu'un peut-il encore imaginer que Pierre Bouteiller, dès 1969, dans son magazine culturel de France Inter, Embouteillages, ne recevait pas chaque jour un invité et ne prescrivait pas à ses auditeurs les choix culturels imposés par ce qui deviendra les "industries culturelles". On était dans un autre tempo, guidés par la connaissance et la découverte pas par le marketing.

Je ne peux plus suivre cette tyrannie de l'Actu multi-facettes. Avaler dès potron-minet la loggorrhée des petites marionnettes politiques, quelques "événements" médiatiques superfétatoires, le tube de la vedette siglé Radio France, le conseil de ce qu'il faut absolument voir à la TV et, bien sûr, une très lourde dose d'humour, indispensable pour mieux "digérer tout ça" ! Pour m'éviter la noyade, pour ne pas dire être englouti sous l'info continue, je navigue entre les îlots des "Nuits de France Culture", de l'histoire sur Inter ou Culture, de la musique de Michka Assayas (Inter) ou des duettistes Valero&Jousse™ (Musique), de la création radiophonique ou du documentaire (4). 

Tout cela morcelé, éclaté, décalé, hors la "jolie boîte du poste", sans le lien du flux… permanent. Déchaîné. Émiettement finalisé. L'identité des chaînes ne repose plus que sur les matinales et les têtes de gondoles des matinaliers (5) et sur des Médiamétriques saisonnières, enfermées dans des chiffres et des classements strictement utiles à des fins marketing y compris pour le service public qui joue et revendique de jouer dans la même cour.

Vous comprendrez mieux alors, qu'aimant tant les histoires, je me sois régalé à lire "Honni soit qui mal y bu", d'une traite et, me demande encore pourquoi personne n'a sollicité Garnier pour raconter ses histoires de cinéma, de San-Francisco ou de Los Angeles. 

Mes chers auditeurs, je vais sortir de mon rythme d'écriture et en pente douce, descendre jusque fin juin. Le 26 je vous présenterai mon programme light de l'été et un début de teasing pour ce qui concerne la rentrée (saison 7). En attendant "Viva Perec".



(1) Avec un article dans "Le Monde diplomatique" sur le Chiapas, la CFDT, le bio et un peu de ketchup. Et le billet de François Sureau dans la Croix le 6 juin "Prends garde à la douceur des choses",
(2) "Honni soit qui Malibu", Grasset, 1996, (Et il n'y a pas de faute à "Honni"),
(3) De Désirée et Alain Frappier, Steinkis, Janvier 2017, 

(4) "L'atelier fiction","LSD" et "Creation on air", France Culture
(5) Fabienne Sintès est beaucoup moins mise en avant que ses confrères hommes, alors qu'elle anime la matinale de France Info depuis août 2014.

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