Le fameux concert où Judith Perrignon n'a pu aller… |
Radio Fañch : C'est qui le public de Bruce Springsteen ?
Judith Perrignon : Public blanc, mais c'est le rock ! Il y a quand même des jeunes et plusieurs générations. les plus agés ont commencé dans les années 70 et tournent autour de la soixantaine. J'en connais qui l'ont quitté après "Born in the USA", mais ça va de 60 à 25. Peut être qu'il y a eu la transmission aussi, on voit des familles dans le public. Dans l'épisode 4 que j'ai consacré à la scène et aux fans, - quitte en me mouillant un peu et me ridiculisant un peu comme fan" on voit des familles.
R.F. : À votre avis est-ce que sa musique va traverser les siècles ? Est-ce qu'il va durer ?
J.P. : Il y a des albums qui vont rester bien sûr ! Les Beatles et les Stones c'est des mythes et ça fait aussi partie de ces mythes à lui. mais quand il arrive la "Révolution" est faite ! Ceux qui font la Révolution ont une telle audace qu'ils, laissent une marque dans l'histoire. Springsteen c'est plus un héritier. Sa marque c'est cette histoire qu'il raconte et la sienne, cette force sur scène. c'est son énergie qu'il va laisser et de très beaux textes. La force de ses textes - caricaturés après "Born in the USA" - restera parce qu'il y a une méprise assez incroyable.
R.F. : Quelqu'un est resté dans l'histoire populaire de la musique aux États-Unis, Woody Guthrie, est-ce que Springsteen n'est pas - plus que Dylan - le "Woody Guthrie électrique" ?
J.P. : Il a des albums qui sont de vrais références à Guthrie, "Nebraska", "Tom Joad"… Quand il sent que l'électrification couvre trop les mots, les messages, les histoires, il commet des albums solos et des tournées magnifiques pour faire entendre tout ça. Il est très inspiré, comme Guthrie, par sa culture, par le milieu d'où il vient et qu'il n'a jamais voulu complètement quitter, par le message politique. alors que Dylan a toujours été plus ambivalent.
Suite de l'interview, demain…
Springsteen released 'Greetings from Asbury Park, N.J.' 44 years ago. |
Aujourd'hui on est "Sur scène" avec les fans et les autres. Pour son premier concert en Europe et en Angleterre "Il mettait ses pas dans ceux des Beatles ou de Johny Cash, il fit plus que ses preuves, il fascina, corps agile, blouson de cuir, bonnet de laine. Il ondulait. Tantôt atomique, tantôt mélancolique. pousser la voix jusqu'au murmure ou au déraillement. Il transpirait son rêve de gamin qui a transmis dans le giron d'une église et vu passer les charrettes de la vie, baptêmes, mariages et enterrement…" Bon, pas sûr que les fans sachent aussi bien décrire ce "Roi-là", cette icône d'un King, Elvis réinventé.
King rime avec ring ! "La scène c'est son ring. La cage dont il a les clefs. Pour s'enfermer de l'intérieur. C'est encore là qu'il est le mieux. Là qu'il exulte et respire !". Judith décrit avec ces mots justes cette forme d'apothéose qui, au cours des concerts donne tout, sans limite autre, qu'ayant tout donné, il renvoie à la fin de ces concerts marathons, fans et spectateurs, à une réalité beaucoup moins… rock and roll. Mais rien ne peut entamer la ferveur de la fan Judith Perrignon qui va donc pouvoir assister à son premier concert à l'Hippodrome de Vincennes en mai 1988. "Il y a en nous des balades imaginaires sur un bord de route du New Jersey où on ira sans doute jamais; quoique… en nous des automatismes, des hymnes, des gestes, des refrains un dialogue avec lui installé depuis longtemps"
Dans les archives de Monmouth university © J. Perrignon |
Et ça, Judith, c'est le début d'une chanson, d'un autre hymne… à la joie, de la ferveur brûlante d'un partage qui sublime tout et pour lequel le mot fan est bien palot. Cette communion cosmique pour ce qu'elle envoie vers le ciel dit beaucoup de l'état orgasmique des méga-concerts qui bouleversent bien au-delà de la "jeunesse". À écouter cet épisode "Sur scène" on veut bien croire à la prophétie de Jon Landau sur l'avenir du rock and roll. Là, il joue présent et offre à chacun, qui veut bien l'entendre, une vibration sincère et fulgurante. Les fans sont aux anges. La fan, Judith, nous livre, méthodiquement et scrupuleusement, les grandes et petites choses qui font l'histoire du Boss. Et une clef supplémentaire : "C'est ça être fan de Springsteen, une collection de grands souvenirs".
Hungry heart… "Les phrases se dérobent" ajoute Judith Perrignon. Je crois au contraire, qu'à sa mesure, elle a trouvé, - avec pudeur et tendresse -, celles qu'il fallait pour que Springsteen soit plus que Bruce et, que le Boss soit moins qu'un Dieu. Juste un homme extra-ordinaire, authentiquement humain.
(À suivre)
(1) France Culture, du 24 au 28 juillet, 9h-11h, réalisateur Gaël Gillon,
Et oui, pourquoi ne pas diffuser cette traversée en version longue en soirée ? Mais parce que le créneau de la soirée est déjà pris pour rediffuser les émissions déjà diffusées dans la matinée ou l'après-midi ! Masterclasses, vies intérieures pour la semaine, Le Sens des choses et C'était 1967 pour le week-end... C'est déjà bien triste que la nuit n'ait presque plus que des rediffusions mais faire commencer cette pratique dès 21h, c'est vraiment pousser l'auditeur à éteindre sa radio / changer de station / ne plus écouter que des podcasts ! Par souci d'économie, on dirait que France Culture a décidé de faire tourner en boucle son disque de programmation cet été...
RépondreSupprimerBel été Fañch ;)
Céline
Bonjour Céline,
RépondreSupprimerJ'ai bcp ri pour ta fine observation "Mais parce que le créneau de la soirée est déjà pris pour rediffuser les émissions déjà diffusées dans la matinée ou l'après-midi ! ". Bien vu Lulu ! Désastre et économies de bout de chandelles pour permettre à Guillaume Erner d'aller interviewer Jonathan Franzen à New-York avec la directrice s'entend et sans doute quelques "petites mains" utiles!
Je me souviens des riches étés créatifs de Culture et d'Inter… mais il paraît qu'il ne faut pas dire "C'était mieux avant" Ben voyons Léon ! On nous prend pour des billes ou quoi ?
Une certaine forme de fatalité est en marche (oups !) et l'auditeur dépité se résigne au podcast (podcast considéré comme le nouveau maître-étalon de l'activité radiophonique).
Las, nous allons très vite être accusés de rabat-joie, pendant que Mathieu Gallet (Pdg de Radio France, je dis ça pour nos lecteurs ;-) fait des ronds de jambe devant la représentation nationale (c'est le mot qu'il affectionne par-dessus tout) !
Bel été à toi aussi ! E la nave va…