"Convention Hall", la salle de concert, photo © Judith Perrignon |
Radio Fañch : Comment s'est passée la "rencontre" avec Springsteen, Judith Perrignon ?
Judith Perrignon : J'ai un oncle d'Amérique qui est parti vivre à San Francisco en 69, qui vient chaque année et qui est important dans mon imaginaire, dans mon imaginaire américain en tout cas. Springsteen je l'ai découvert sur scène. C'est quelqu'un qui est très fort sur scène. Avec des concerts d'une densité, d'une longueur, d'une charge très forte. J'aime le rock, c'est la musique que j'aime. À lire et à écouter, en cheminant au fil des années, son univers, ce qu'il raconte des États-Unis ça correspond pas mal avec une littérature que j'aime. Il y a des personnages dans ses chansons. J'accroche beaucoup aux histoires qu'il raconte.
R. F. : Pour "M, le Magazine du Monde" vous avez en septembre dernier, - sans le rencontrer - commencé à approcher le personnage…
J.P. : Je pense que c'est suite à ça que France Culture m'a proposé cette "Grande traversée". Je n'aurai pas osé autrement, Springsteen faisant plus partie de ma sphère privée. Avant que ses mémoires ne paraissent, j'ai proposé au "M" cet article car je suis sûr qu'il va parler essentiellement de là d'où il vient et je voulais croiser ça avec l'ambiance pré-électorale de l'automne dernier [aux États-Unis, ndlr]. J'ai réussi à avoir des épreuves de son livre, ce qui n'est pas une mince affaire, et je suis partie faire ce reportage. Depuis, j'ai essayé de le rencontrer pour la "Grande traversée" et encore une fois j'ai échoué…
Suite de l'interview, demain
Pour la première escale de cette G.T. appelée "Prolos des bords de mer", Judith Perrignon débute par un retour en arrière, fondateur de son histoire "avec" Bruce. "La première fois il faisait nuit et je n'ai pas entendu la mer. J'ai fait la queue sur un parking, lâché 100 dollars pour un ticket d'entrée et couru vers l'intérieur. Je cours toujours dans ces moments-là ! C'était le 7 décembre 2003".
"Je savais les paroles des chansons, je montais vers les chansons, ils avaient déjà commencé". On y est. On a gravi les marches. Couru derrière Judith. Entendu les premières notes de ce début de concert. Qu'importe où nous étions. En deux minutes Judith a réussi à nous propulser à Asbury Park. C'est sa voix qui fait ça. Douce, légère, présente, elle réussit à se glisser derrière son sujet. Pas devant. Une façon de dire "Écoutez, si vous voulez, je vais vous raconter une histoire, mais ne comptez pas sur moi pour hurler ma ferveur."
Justement, Judith raconte des histoires. Elle dit où ça commence "C'est un article du New-York Post qui m'avait alertée…" et tire sur le fil. Touchée par l'allant de Bruce pour les déshérités, les ouvriers, les pompiers qui l'incitent à donner ce concert à Asbury Park en décembre 2003. Dans ce documentaire, Judith peut parler sur les chansons. C'est raccord. Et tant mieux que le son du concert semble un peu "lointain", "étouffé" comme si Judith était très loin de la scène. C'est Bruce & Judith qui, ensemble, sont intéressants à entendre. Pas l'un puis l'autre. Et puis le concert est un prétexte. On s'en fiche du son. Bruce est brut. Judith est tendre. L'accord parfait !
"Racing in the street"…
(1) France Culture, du 24 au 28 juillet, 9h-11h, réalisateur Gaël Gillon,
(2) "Il était une fois l’Amérique de Bruce Springsteen", Le Monde, 30 septembre 2016,
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