1968, Archives nationales |
Curieux retour de l'histoire ! Dès l968 le pouvoir n'en peut plus d'une certaine indépendance de ton, de création et d'autonomie de l'Office de Radio et Télévision Française (ORTF) créé en 1964. Après les émeutes de mai et juin et une grève prolongée (41 jours) à l'Office des têtes tombent et le pouvoir gaulliste puis pompidolien (1) va entamer en sourdine un plan d'attaque non pas contre la forteresse ouvrière (Renault) mais contre la "forteresse" audiovisuelle ORTF. Il faudra moins de trois mois au jeune Président Giscard, fraîchement élu en mai 1974, et son gouvernement pour dissoudre l'Office (loi du 7 août 1974). La loi prend effet au 1er janvier 1975 pour les sept sociétés audiovisuelles crées, dont Radio France.
Hervé Rony, Directeur général de la Société Civile des Auteurs Multimédias (SCAM) a réagi sur Twitter après les annonces du JDD craignant que l'audiovisuel public ne devienne un "mastodonte". Autre mot pour dire forteresse en effet. Mais depuis presque 45 ans les choses audiovisuelles ont beaucoup changé. À l'ORTF radio et télévision travaillaient côte à côte mais jamais ensemble… ou si peu !
Dans la vidéo ci-dessous Jean Garretto et Pierre Codou pour la radio en 1967 (ils n'avaient pas encore créé "L'Oreille en coin" sur France Inter)…
La culture radio n'a rien à voir avec la culture TV, et ce n'est pas le mariage forcé en cours de France Bleu et France 3 qui peut laisser présager une douce vie commune et harmonieuse. Penser administrativement et techniquement l'audiovisuel public sans jamais y avoir associé ceux qui sont "au charbon" risque d'engendrer un "machin" (2) même si Riester nous assure, en réponse au journaliste du JDD via son compte Twitter : "Cher @renaudrevel vous vous trompez : non, je ne dévoile pas mon plan pour une réforme ambitieuse de l’audiovisuel aujourd’hui. Les sujets sont sur la table. Rien n’est décidé. Je poursuis les consultations des acteurs sur les différents scenarii possibles.
Il y aura de la rationnalisation dans l'air et certainement de la transversalité pour peut-être gommer des chaînes (de radio et de TV) ou installer des directions thématiques (les sports, la culture, l'information,…). Le machin "Culture prime" qu'ont inventé France Culture et France TV ressemble un peu à un ballon d'essai. Pour voir ! C'est le cas de le dire.
On peut imaginer la fébrilité des personnels des sociétés publiques concernées. Un "grand manitou" va décider de loin de l'avenir de l'audiovisuel public et créer à court, moyen et long terme des bouleversements sociétaux qu'il est bien difficile de mesurer mais dont on peut légitimement imaginer qu'ils feront des dégâts. Et des dégâts humains aussi. À la consultation citoyenne sur la radio et la TV de novembre dernier ne fallait-il pas associer une très grande consultation des personnels de l'audiovisuel public et de "sages" (3) qui par leurs expériences professionnelles ont des choses à dire et à partager.
Pierre Bellemare, plus grand bateleur de l'âge d'or de la radio aurait dit "Il y a sûrement quelque chose à faire" du nom d'une de ses célèbres émissions d'Europe 1 qui venait en aide aux auditeurs… Là c'est aux professionnels qu'il va falloir venir en aide !
(À suivre)
(1) Les Présidents de la République De Gaulle jusqu'en avril 1969, Pompidou jusqu'en avril 1974,
(2) Cette utilisation a pour origine une citation de Charles de Gaulle à Nantes à propos du Congo : « Le machin qu'on appelle l'ONU ». Charles de Gaulle n'a employé qu'une seule fois cette expression pour désigner l'organisation internationale et des doutes subsistent sur le fait qu'il ait volontairement choisi ce terme pour désigner péjorativement l'ONU (source Wikipédia),
(3) Je pense entre autres à Pierre Wiehn (1973-1981), ancien directeur de France Inter, ou aussi à Jacques Santamaria (1995-1998), aussi directeur d'Inter
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