lundi 29 janvier 2018

68 : et si tout avait commencé avant… chez Saviem à Caen, à Nanterre chez les étudiants (22/43)

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Chaque lundi, jusque fin juin 2018, je vous raconte, ici, les prémices de ce qui a pu présider aux "événements" de mai 1968. Avec des archives audio radio en exclusivité, les sources de la presse nationale et régionale, les témoignages de quelques témoins précieux et… mes propres souvenirs.

20 janvier 68, Saviem à Caen
















21. Saviem à Caen, étudiants à Nanterre
"Les journées du 25 et du 26 janvier à Caen préfigurent Mai 68 par la massivité de la grève ouvrière, par l’extension rapide d’une entreprise à l’autre, par la dureté des formes de lutte, par la mobilisation des facs et lycées, par une solidarité significative de commerçants, artisans et paysans locaux.

Le 26 janvier à 18 heures, 7000 personnes répondent à l’appel des syndicats et partis de gauche qui ont mis en place un fort service d’ordre. Celui-ci se trouve rapidement débordé par des centaines de jeunes, essentiellement de la Saviem. A 19h30, les nombreux gardes mobiles noient la place sous les grenades lacrymogènes et chargent. Environ 3000 ouvriers sortent des barres de fer et autres ustensiles ; l’affrontement est extrêmement violent. Il s’agit d’une véritable émeute dont les forces de l’ordre ne viennent à bout que vers cinq heures du matin au prix de 200 blessés significatifs (dont 36 des forces de l’ordre).

Dès le lendemain, les manifestants interpelés sont jugés en flagrant délit. Tous sont des ouvriers comme d’ailleurs tous ceux qui ont été arrêtés depuis le début de la lutte. Cinq peines de prison ferme. Loin de casser le mouvement, cette répression l’élargit parmi tous les salariés du secteur. La Radiotechnique, la SMN, Moulinex débraient à leur tour.
Le 30 janvier, Caen compte 15000 grévistes et la combativité durcit de jour en jour. Le 2 février, toutes les sanctions sont levées, toutes les poursuites arrêtées, des augmentations de salaire accordées (3 à 4% selon les entreprises) (1).

Le vendredi 26 janvier à Nanterre, "Une manifestation déclenchée par quelques militants anarchistes étudiants de sociologie (contre un éventuel renvoi de D. Cohn-Bendit suite à l'interpellation du ministre et pour protester contre les listes noires et la procédure disciplinaire engagée contre un étudiant de Nanterre inculpé de trafic de stupéfiant) débouche sur une véritable émeute en raison de l'intervention de la police sur le campus. Communiqué transmis à l'AFP, des représentants des départements de géographie, lettres modernes, anglais, espagnol de Nanterre qui "pensent pouvoir condamner, au nom de tous les étudiants de bonne foi, les menées provocatrices d'un petit nombre" (2)

Pendant ce temps, à 7h sur France Culture, on peut écouter chaque matin "Le réveil musculaire" de Robert Raynaud. De quoi vous proposer une bonne mise en jambes avant de vous plonger dans les archives écrites proposées et d'imaginer que "sans en avoir l'air" 68 prend tournure.



(1) in Midi insoumis, populaire et citoyen,
(2) Chronologie des événements à Nanterre en 1967-1968, Rachel Mazuy, Danièle Le Cornu. Matériaux pour l'histoire de notre temps, Année 1988 pp. 133-135, fait partie d'un numéro thématique : Mai-68 : Les mouvements étudiants en France et dans le monde,

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