Cette dernière semaine a été marquée par un gag et par le choix de l'embarras. Dans les deux cas la société du spectacle s'est donnée à fond. Au risque de nous plonger dans une perplexité absolue. Quand la communication rendra-t-elle les armes ?
Le gag
Mathieu Gallet, ex-Pdg de Radio France révoqué par le CSA en 2018, s'ennuie. Il a beau 7/7 vendre sur les marchés des podcasts d'affaires criminelles, de bien être et de bla-bla, l'empilement ressemble à un joli fourre-tout. L'on s'attend à voir surgir, en vrai, le camelot nous en vendre dix pour le prix de cinq. Ou le contraire les jours d'"exclusivité", à grand renfort d'harangues de marchand de tapis. Dans ce souk, Gallet pris d'une inspiration pour le moins Voltairienne décide de faire part au monde entier et surtout au Monde de ses pensées sur la CAP. Apostrophant en creux le candidat Macron d'un "T'es pas CAP". Formule subtile qu'il n'a pas eu le génie de trouver (sourire).
Que révèle donc sa pensée profonde ? Rien. Mais strictement rien que le ban et l'arrière ban ne hurle déjà. Indépendance vis à vis du pouvoir, danger électoraliste de la budgétisation, liberté éditoriale, etc… etc… "La suppression d’une recette affectée à l’audiovisuel public va faire peser l’aléa d’un financement que le gouvernement et le Parlement auront toute latitude de geler, raboter ou réduire au gré des lois de finances et des collectifs budgétaires." (1)
T'as raison Léon ! Le cocasse en dispute au risible (jaune). Au temps de sa Présidence de Radio France, le Pdg avait pourtant moins de scrupules à s'accommoder sans barguigner des injonctions de Bercy pour diminuer la masse salariale et supporter un budget raboté. Jusqu'à envisager la suppression de telle chaîne. Et/ou de l'une ou l'autre des formations musicales. Entraînant au printemps 2015, une grève de 28 jours consécutifs !
L'objectif de cette tribune ? Revenir aux affaires ? Hasardeux ! Plutôt l'opportunité de tester si le sujet n'impose pas illico et derechef la création d'un podcast natif. "La fabuleuse histoire de l'audiovisuel public au temps de la CAP". Narrée par Stephane Bern, ça ferait un tabac. Surtout auprès des fumeurs. D'une vacuité absolue cette tribune aura eu le mérite de nous avoir distrait quelques secondes de la furie mondiale.
Le choix de l'embarras
Difficile de choisir dans l'embarras que nous impose la frénésie médiatique dont s'est emparée Sonia Devillers dans l'Instant M (France Inter). Son excitation quotidienne, les angles choisis, sa façon de surjouer tout ce qu'elle décrit pipolise ses sujets. Accentué par le ton employé, le débit de paroles, l'admiration perpétuelle surjouée, son temps de parole démultiplié. Pourquoi recevoir des invités ? Devillers devrait allonger la formule de L'édito Média (8h50, France Inter) et parler, parler, parler pendant 18 minutes.
Elle n'en peut plus d'être assise sur sa chaise à mettre en abîme ses sujets. Elle est la photographe en Ukraine, la gameuse sur YouTube, l'actrice du Palma Show, l'envoyée spéciale en Afghanistan ou plus modestement la directrice des programmes de telle chaîne TV. Elle veut en être. Elle en est. La preuve : écoutez/regardez je raconte si bien. J'y étais. J'y suis.
Où est passée la distance indispensable à un tel exercice ? Qui a bien pu lui dire qu'elle a trouvé le ton juste ? De l'enthousiasme de ses débuts (depuis 2014, les quatre premières saisons) on est passé à l'hystérisation médiatique d'une société médiatique hystérisée. La boucle est bouclée. Un cercle infernal. Le moindre fait (divers) et geste est médiatique. Et par l'intermédiaire de son émission surmédiatisé.
. "Vous racontez très bien dans votre livre votre travail de journaliste avec la rebellion paysanne dans une jungle hostile et dangereuse. Et c'est formidable comment vous décrivez… bla bla bla… bla bla bla…". C'est quoi cette obsession à faire redire/décrire ce que son invité raconte déjà avec le support qu'il a choisi (livre, film, photo) ? De la promo déguisée ?
Pourquoi Devillers a-t-elle autant besoin de parler et surtout de laisser si peu la parole à ses invités ? Ce n'est plus de la médiation mais une quelconque conversation de deux personnes passionnées. Si au lieu de parler avant des choses qui vont être publiées/diffusées Devillers en parlait après ça changerait la donne, non ? On passerait de l'effet immédiat (i-média), instantané à une possible analyse avec un tant soi peu de recul (1).
L'instant M, L'instant Média, porte mal son nom. Il fallait appeler cette émission L'Instant Médiatisé.
(1) Ce que faisait Marcel Julian dans "Écran total" sur France Inter dans les années 80 en parlant des émissions TV après leur diffusion !
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