lundi 10 juin 2024

Plus belle la radio ?

Moins belle la vie… de la radio ! M. Jeanneney n'a pas relevé, le 13 avril dernier dans sa "Tribune" au Monde : «La fusion de l’audiovisuel public nous ramènerait au temps antédiluvien du gargantuesque ORTF» la propension “soudaine” de Radio France de nommer, sans sourciller, des dirigeants qui viennent de la télévision. Au moins du temps de l'ORTF, les vaches étaient bien gardées. Des professionnels de radio à la radio, des professionnels de télé à la télé. Mais tout ça c'était avant le drame !

La radio va finir par tomber…
dans les pommes !









Le drame ? Celui qui voit le zèle exceptionnel de la Pédégère de Radio France à préparer les équipes à la fusion de la radio dans la TV et non le contraire. Sinon pourquoi faire appel à des professionnels du visuel quand Radio France ne manque pas de ressources humaines ? Quel symbole ! Sept jours après l'annonce du départ en retraite de Laurence Bloch, directrice éditoriale des sept chaînes publiques qui a fait toute sa carrière à Radio France, Mme Veil recrute Vincent Meslet, pur produit de la télévision ! Surprenant non ?

Vous voulez faire de la radio… commencez par la télé !
Tout avait commencé “discrètement" avec l'arrivée d'Emelie de Jonq d'Arte, à la direction de France Culture, il y a juste un an. Après le départ de Yann Chouquet, directeur des programmes de France Inter, Jonathan Curiel (qui travaillait au sein du groupe M6 où il était directeur général adjoint des programmes M6, W9, 6ter en charge des magazines et documentaires depuis 2019), est choisi pour le remplacer comme Directeur des contenus, en charge des programmes et du numérique à France Inter. Et de deux !

Jeudi 6 juin alors que la (dé)fête de la radio “bat son plein” (de vide !) Sibyle Veil nomme Vincent Meslet. “…producteur des feuilletons à succès Plus belle la vie et Ici tout commence, il dirige la branche française de la puissante société de production Newen – filiale du groupe TF1 – depuis janvier 2021. Pour autant, cet homme de contenus, considéré comme l’un des meilleurs patrons de programmes français, connaît bien le service public” (1). Le service public (et le privé !) sans doute. Mais la radio pas du tout. Et de trois !

Ça commence à faire beaucoup et ça commence à se voir ! Mme Veil a beau claironner qu'elle est pour la holding et contre la fusion pourquoi ces nominations qui, pour le moins, ne donnent vraiment pas un signe clair et franc de son engagement pour la radio ? Sinon nous persuader qu'en coulisses les grandes manœuvres sont à l'œuvre pour qu'une fois fusionnée la radio ne vienne pas chouiner de l'incompatibilité (d'humeur et de travail) avec la TV. Je reprends toujours cet exemple car il est parlant. En juin 1968, Yves Guéna, nouveau Ministre de l'information n'est pas allé chercher un-une énarque pour reprendre en mains la radio devenue atone. En choisissant Roland Dhordain (le père de la réforme de la radio au sein de l'ORTF) il savait qu'il pouvait compter sur un professionnel qui avait fait ses preuves.

Pas sûr que la TV renvoie l'ascenseur à Mme Veil qui ne doit pas trop compter sur son embauche prochaine à Arte, M6 ou TF1. La radio se mélange mal dans la TV !

(1) Brice Laemle, Le Monde, 6 juin. 

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