Vendredi dernier, 31 mai, aux alentours de midi, me désolant que mon feuilleton - modeste et génial - s'enfonce dans les ténèbres les plus profondes du trou noir, une amie me demande si je suis le "point presse" de Rachida Dati après le Conseil des ministres du jour ? Bigre déjà le Conseil des ministres un vendredi je l'avais pas vu venir (ben je ne peux pas non plus tout le temps être fourré à l'Assemblée nationale, au Sénat, si en plus faut suivre les "points presse"…) et si maintenant les ministres s'invitent au point presse de la porte-parole du Gouvernement, où-va-t-on ? C'est que Madame Dati voulait redire que sa détermination à fusionner l'audiovisuel n'avait pas varié d'un cheveu… L'affaire a bien duré vingt minutes.
31 mai 2024 |
Réaffirmant que l'union fait la force, la Ministre a repris les arguments qu'elle distille depuis le mois de mars avec la même conviction et les mêmes certitudes. Et tant pis pour les journalistes présents qui n'auraient toujours pas compris les enjeux civilisationnels qui imposent au gouvernement de proposer/imposer un audiovisuel public fort face aux chaînes et plateformes numériques du privé (1). Tant pis pour ceux qui n'y verraient pas l'opportunité gouvernementale - au titre de la fusion - de contraindre la diversité, de rayer de la carte un audiovisuel en "silos" et à terme réduire drastiquement le nombre de chaînes, les emplois et la masse salariale globale des quatre entités de l'audiovisuel public. Une "seule maison", une “seule voix”, la "voix de la France”…
Ce qui m'a semblé nouveau dans la parole de la Ministre c'est sa conviction que "Le cahier des charges est imprécis (sans doute voulait-elle dire les cahiers des charges de Radio France, France Télévisions, Ina et France Média Monde ?). L'enjeu va être d'établir un cahier des charges extrêmement précis" (2). Celui-ci pourrait être élaboré, pendant la période intermédiaire de la holding (janvier 25/janvier 26) pour lequel l'Arcom aura son mot à dire. Cela promet sans doute quelques passes d'armes, cris d'orfraie et autres nervous break down. Ce sera surtout le cadre légal et contraint des obligations du nouveau "France Médias" dont les activités cerneront la radio, la télévision, les archives audiovisuelles et peut-être aussi l'audiovisuel extérieur.
La Ministre a rappelé la nécessité d'une "évolution de la gouvernance avec une équipe dirigeante commune et une stratégie conjointe". Une méta organisation qui a très peu de chances de s'affranchir des modèles administratifs qui régissent les usines à gaz et qui faisait écrire à Jean-Noël Jeanneney “Imaginons une présidence globale, qui maintiendrait sous elle – forcément – des directions générales (au titre dégradé). On peut gager qu’à coup sûr une grande partie de l’énergie des uns et des autres se perdrait dans la concurrence des désirs de pouvoir et l’entrechoc des décisions, aux dépens de la simplicité et de la promptitude des choix. Les responsabilités individuelles, à la tête, seront moins claires. Sans compter que l’effort du sommet sera consacré pour une bonne part à la tentation de faire passer tout le monde sous la toise, selon une assimilation factice et dangereuse qui ne tiendra pas compte des différences.” (3).
Elle a aussi rappelé que la holding qui en 2000 coiffait France 2 et France 3 n'avait pas permis de collaborations actives. Il aura fallu attendre la fusion de 2009 et la création de France Télévisions pour enfin créer les synergies utiles. Dans l'hypothèse où la loi serait votée (en juillet ? en septembre ?) cela promet des discussions sans fin et une énergie phénoménale de réunions, préparation, administration, gestion. Pendant toute la période transitoire les personnels seront soumis à des conditions de travail défavorables à leur mission d'information, culturelle et de divertissement.
Ce n'est qu'un début…
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