lundi 16 juin 2025

Radio France : Fêtes, défaites… Fêtes défaites !

Le 12 juin (mais pourquoi pas le 12 mai ou le 12 mars) Radio France avait convié à 18h le personnel présent à la Maison de la radio, pour un genre de parade moderne que la société de radiodiffusion publique appelle la "Soirée Radio France". Qui, nous le verrons, cache mal la dé-fête, et met sous le tapis renoncements et dénis. La parade, le faux-semblant, l'artifice (sans le feu) sont le B.A-BA que la com' et les communicants tissent et retissent depuis plus de cinquante ans. Marcel Bleustein-Blanchet, avant guerre, avait décrété morte la réclame, inventant la publicité. Aujourd'hui, au kilomètre, les communicants font de la prose en le sachant. Même dans une "boîte" (1) comme Radio France, il faut faire croire au personnel que tout va bien quand tout va plutôt mal (2). Mais si jamais l'auditeur savait ? Qu'on en juge !




Dans un communiqué publié jeudi dernier, quelques heures avant la "fête", l'intersyndicale de Radio France dénonce :
  • Les risques sur l'indépendance éditoriale, sur la place de la radio de service public, sur les projets de filialisation de France Info et d'ICI et plus largement sur les risques concernant les conditions d'exercice de l'activité que ce projet nous réserve,

  • L'entreprise elle- même, ayant intégré ces pressions extérieures [diminution récurrente des budgets], se saborde en menant des projets contre l'intérêt des équipes

  • Les spécificités de la radio publique et de ses missions, sources de son succès sont aujourd'hui remises en cause : une production interne à 100 %, un savoir-faire incontestable dans le son au service de tous les publics, une information fiable et vérifiée, une qualité de l'offre musicale, etc,

  • Multiplication des projets de nature à affaiblir Radio France : la disparition de Mouv', la diminution de fréquences FM,  la réforme des modes de production,

  • La Direction fragilise l’identité même des locales en centralisant d’avantage les décisions, en imposant des contenus nationaux, en réduisant la part d’antenne spécifique en direct et en laissant moins de latitude aux équipes jusqu'à faire disparaitre de plus en plus de chroniques locales.

Le "surtout faire comme si" de Radio France prévaut, épargne les auditeurs d'appréhender l'envers du décor, impose les apparences faites de chiffres toujours plus mirobolants, cache les effets dévastateurs d'une mue autant sociale que sociétale, met sous le tapis dénis et renoncements et multiplie les tartes à la crème à coups de gazelle, de fêtes maquillage et autres promotions +++ de personnels venus de la TV (3).

On en est là. Le 30 juin l'Assemblée nationale examinera la PPL Lafon, soit la loi audiovisuelle qui, tel le Serpent De Mer n'en finit pas d'apparaître et de disparaître. À moins que Macron dissolve l'Assemblée, à moins qu'une panne d'électricité, à moins que la grève générale, à moins que le soleil n'ait rendez-vous avec la lune, à moins que la Seine ait débordée plus haut que les marches de l'Assemblée, à moins que…

Si les auditeurs savaient…

(1) Terme employé par Mathieu Gallet, le jour même de son arrivée à Radio France pour y prendre ses fonctions de Pdg en mai 2014
(2) On me pardonnera de ne pas citer les chiffres-paravent du producteur Collin, le faiseur de millions, sauf que : "le podcast «Ex...», porté et produit par l’animatrice Agathe Lecaron, s’impose comme une référence en France. Cinq ans après sa création, il a fidélisé plus de 30 millions d’auditeurs grâce à ses histoires d’amour marquantes" (in La Lettre de l'Audiovisuel, 5/12 juin 2025)

(3) Yasmine Oughlis quitte "La maison des maternelles" (France TV) après quatre ans dans l’émission, pour rejoindre France Inter au mois d'août. Elle y animera l’émission Grand bien vous fasse… Tout en gardant son émission "C'est ça la France" sur RMC Story (source Diverto, 12 juin 2025)

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