jeudi 4 juillet 2013

Antoine Blondin…

Quand je lisais ses papiers sur le Tour de France je n'entendais pas Blondin. J'entendais, comme sûrement chacun d'entre nous, une petite voix qui de tournures, en effets, jonglait avec les bons, les gros, les tristes mots, qui, le soir sur quelque place de cirque, après la parade imparable des coureurs, qu'il avait suivie toute la journée, s'alignaient pour rédiger son papier quotidien pour l'Équipe. Quand, sur le coin d'un zinc de fortune, il essayait d'oublier les maux qui lui rongeaient l'essence de ses exercices de styles toujours recommencés. 








L'Ina et Radio France viennent de publier dans leur série "Les grandes heures" un Antoine Blondin qui en deux CD, reprennent la série "À voix nue" que Pierre Assouline avait consacrée à l'écrivain, sur France Culture en 1988. Pour comprendre les mouvements littéraires d'après-guerre et essayer de situer les "positionnements" de Blondin il faudra bien une certaine persévérance à Assouline pour faire dire à Blondin ce dont visiblement il n'a plus rien à fiche. Assouline essaye de dépasser le présent immédiat du bistrot-repaire permanent de Blondin pour aller sur les traces de "Monsieur Jadis" ou d' "Un singe en hiver". Blondin qui ne bégaye plus a toutefois l'élocution difficile. Pour ce qui concerne ses chroniques sur le Tour de France (et pour le journal L'Équipe) elle seront évoquées au cours de cinq petites minutes sur le CD 2 (1).

Il faut écouter Blondin sur ce que ses mots traduisent, tant pour leur part d'un fatalisme exacerbé que d'une ironie désespérée à ne plus vouloir vivre qu'en buvant. Et alors qu'Assouline évoque, sans le nommer, Chancel et sa question "mythique" "Et Dieu dans tout ça ?", il serait bon que l'Ina mette à disposition du public la Radioscopie de Blondin du 3 novembre 72. On risque alors de mesurer une certaine déflagration du temps Blondin qui n'allait plus publier de roman jusqu'à sa mort en 1991. Comme le dit si bien Pierre Assouline dans le livret qui accompagne la publication sonore " Hâtez-vous de le lire avant que sa France ait totalement disparu." 

FC Papiers n° 6









Blondin & Chany par Jean Durry
Dans son n°6, France Culture Papiers reprend l'interview des deux papes de la littérature cycliste, Blondin & Chany, diffusée sur France Culture le 16 juillet 1969, ainsi que l'interview de Blondin dans le "Panorama" de Jacques Duchateau du 18 juin 1988. Ancien coureur cycliste et chroniqueur sportif, Jean Durry donnait à ses commentaires sportifs sur France Culture le ton idéal pour ne pas qu'on se sente exclu. Sa façon posée et très documentée de rendre compte d'un événement donnait envie d'en savoir plus. C'était un passeur, un vrai.


(1) "Sur le Tour de France", La Table ronde, 1979. "Tours de France. Chroniques de "L'Équipe"- 1954-1982", La Table ronde, 2001, 

Mon p'tit journal de

Et Blondin encore pour ce bon mot : "Poulidor sait négocier les mirages". Du pur Blondin, du pur calembour dont il égrenait ses chroniques, tous les jours, dans l'Équipe en juillet, et ce pendant 28 ans. 

La suite du feuilleton, demain… 

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