vendredi 26 juillet 2013

En boucle…

Éric Fottorino, une autre façon de faire le Tour





Comment j'écoute la radio
Depuis le 1 juillet j'ai publié sur ce blog, les vingt-cinq épisodes du documentaire le documentaire de Yann Paranthoën et Claude Giovannetti, "Le Tour de la France de Vincent Lavenu, dossard 157". Cela faisait plusieurs mois que j'avais le projet de l'écouter, mais dans les conditions de sa diffusion initiale en 1992 (1). Je voulais, cet été, écouter ce "feuilleton" avant ou après les émissions quotidiennes de la télévision publique sur le centième Tour de France auquel Vincent Lavenu a participé en tant que directeur sportif (2). Je voulais téléscoper, c'est le cas de le dire, la profusion des moyens télévisuels au minimalisme absolu de cette création radiophonique. Mais au delà de cette confrontation, c'est le jeu du "feuilleton" qui m'a séduit, le jeu d'une histoire qui se déroule sur la longue durée, qui s'affranchit de l'événement signifiant ou signifié, qui fixe la parole des anonymes et la met tellement plus en valeur que les gesticulations surmultipliées le long des étapes du Tour de France cycliste.

Et si Yann avait construit son montage à partir de "rien", il en résulte qu'il a su, avec Claude Giovannetti réalisatrice, en faire un tout. Un tout de France, de paysages, de reliefs, d'histoire(s), d'accents, de mots simples, de spontanéités, et d'écritures. Celles des gens communs qui se plient à l'exercice inhabituel d'essayer de décrire ou d'évoquer. Vincent Lavenu est presque en filigrane, dans la course et… en retrait du micro, taiseux et tellement humain. Le plaisir, chaque jour, est de "faire" sa course, d'écouter, de sentir, de sourire ou d'éclater de rire. Chaque jour j'ai chargé (comme au ravitaillement), ma musette, de noms d'oiseaux, de noms de village, de noms de famille et ai tout fait pour mettre des images en couleur sur les cols, les cimes, les vallées et sur un peloton où il était bien difficile d'apercevoir le dossard 157.

Yann sous son parapluie de berger
©Janneth Rodriguez, Arles, 1999

 







La télévision filme le réel, l'immédiate course poursuite, la chute dramatique ou l'ascension victorieuse et brode ou glose à n'en plus finir. Paranthoën et Giovannetti ont fixé des images presque universelles, des détails presque futiles, des conversations qui ressemblent à celles qui se disent au seuil des maisons ou à l'ombre de la place du village. Il n'y a pas de spectacle mais une histoire mouvementée, tragique, épique. Et le Tour de prendre tournure. L'histoire de Paranthoën/Giovannetti est une "saga" (si l'on considère le temps de "réalisation" préalable), son montage est éblouissant pour donner le rythme haché d'une course, de découvertes progressives de paysages et de pays fugitifs et d'hommes et de femmes enracinés dans leurs terroirs, en total "opposition" avec l'éphémère qui les submerge. Un montage subtil qui dévoile avec pudeur la fragilité d'un homme "perdu" dans le peloton, à l'abri d'une communication médiatique étouffante.

Le peu de retours ou de commentaires reçus sur ce documentaire me laissent penser qu'un documentaire, dont l'histoire se déroule sur plus de trois semaines, serait moins attrayant qu'un web-documentaire composé d'une myriade de sons écoutables séparément, et qui ne feraient un tout que si l'on veut se donner la peine… d'y penser. Quelque chose serait-il irrémédiablement en train de s'évanouir sur la temporalité de créations radiophoniques qui dépassent l'immédiateté, proposent une démarche dont il faut savourer le résultat de façon différée ? Qu'en pense Étienne Noiseau (Syntone) qui ne se lasse de débusquer la création radiophonique dans les quelques interstices où elle réussit encore à exister ?

(1) diffusé au cours des cinq semaines des grilles d'été de France Culture en 1992,
(2) Équipe AG2R-La mondiale,

2 commentaires:

  1. Un grand MERCI pour les 25 épisodes sur Vincent Lavenu.
    Un régal d'écoute du travail du grand Yann.
    Bravo pour votre blog. je le regarde tous les jours.
    Merci et surtout ... continuez!!

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    1. Bonjour et merci à vous… La prochaine fois soyez sympa signez d'une façon moins anonyme ;-)

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