lundi 26 septembre 2016

franceinfo : dans la coulisse...
























Le 1er septembre, comme annoncé presque un an auparavant, la Chaîne Publique d'Information (CPI) voit le jour (sur le canal 27 de la TNT) et sur le  web. Se pare du nom de la chaîne d'info de Radio France, s'écrit en minuscule, d'un seul mot, auquel s'ajoutent deux points jaunes qui suggérent aussitôt le slogan : "deux points ouvrez l'info". Bien vu le slogan ! 

Tout a paraît-il commencé par le fait du prince. Hollande se rasant (on devrait dire se 
barbant) devant l'une ou l'autre des chaînes d'info (LCI, iTele, BFMTV) aurait souhaité que le service public audiovisuel dispose d'une CPI. Ben voyons Léon ! Pourquoi trois ans après le début de son quinquennat ? À partir de quelle étude économique ? Comme si d'un claquement de doigt à la Giscard (1) on pouvait faire ou défaire l'audiovisuel public français 

Pourtant depuis trente ans (en juin 2017) que France Info diffuse sur les ondes de la radio publique, 24/24, de l'info en continu, la vraie-fausse bonne idée du Président, avait déjà avorté en 2001. Bloquée par Jacques Chirac. France Info, initiée par Roland Faure, Pdg de Radio France en 1987, et Jérôme Bellay, son initiateur et premier directeur de la station, faisait partie à l'époque du tour de table.

En 2016, le challenge consiste à faire travailler ensemble, France Télévision, Radio France, France 24 et l'Institut National de l'Audiovisuel. "Défaire et faire" principe libéral éprouvé au service du pouvoir. Tous les pouvoirs et particulièrement ceux de la Vème République agonisante. C'est, avec ces préalables pathétiques, qu'il me fallût bien aller y voir... de plus près.



















L'info que ce soit à la radio ou à la TV ne m'intéresse pas. Ne m'a jamais intéressé. Ce n'est jamais là que je m'informe (sauf pour les très grands évènements sur la radio France Info). Aux premières images diffusées par cette CPI, autant le dire, j'ai été séduit par ce que j'ai vu. Très belle qualité graphique. Titres et textes épurés. Exit l'arrogance, le clinquant, les bandeaux illisibles, la raideur des présentateurs, les jingles ringards et la lumière sombre. Si j'aimais l'info j'irais sur cette chaîne. 


Mais instinctivement et visuellement, je constate que  la radio n'y est pas "reconnue". La patte audio de France Info (radio) est totalement diluée et ce ne sont pas les annonces "on va à la Maison de la radio" et l'incrustation "simultané radio" qui y changeront quelque chose. Pourquoi les téléspectateurs s'intéresseraient-ils à la fabrique, à la tambouille ? Ça semble absolument pathétique ce vrai-faux "duplex" avec Radio France. Ça n'intéresse pas le téléspectateur. Et en quoi le lieu où les journalistes sont filmés 90 fois par jour pour des "flashs " de 90 secondes serait important si ce n'est pour valider artificiellement la "coopération" de France Télévisions et de Radio France ?

Sur le nouveau site web commun aux deux sociétés l'audio n'est pas mis en valeur par les rédacteurs du site géré par France Télévisions. Si l'on peut imaginer que de nombreux points de détails, frictions se règleront à court terme on peut être plus inquiet sur le malaise que ressentent une partie des journalistes de franceinfo (radio). "Le vrai problème, c’est le nom. Nous ne sommes pas cohérents avec nous-même puisque nous ne diffusons pas les mêmes infos sur la radio, la télévision et le site du même nom !, résume Celia Quilleret. Notre grand souci est de sauver la crédibilité de notre station. Il y a une grande inquiétude. Et notre mobilisation est inédite" (2).












Jeudi, Laurent Guimier, directeur de France Info (radio) recevait l'ensemble des journalistes de la chaîne radio qui ont pu exprimer leurs points de vue et craintes concernant leur participation à la CPI. On se reportera à l'excellent compte-rendu qu'en a fait Irène Verlaque dans Télérama. Créer une chaîne de télévision n'est pas une mince affaire. La créer à plusieurs partenaires, fussent-ils du service public, est une gageure. Vouloir sa mise en place avant la fin d'un quinquennat présidentiel rajoute aux difficultés et aux pressions.


L'image est là ! Souhaitons que la radio ne soit pas absorbée par pertes et profits dans ce qui ressemble quand même un peu à une usine à gaz. Ou au premier étage d'une fusée qui servirait de rampe de lancement à la fusion forcée de radios et de télès sommées de s'entendre au risque de disparaître.

(1) En 1974, moins de trois mois après son élection en mai Giscard d'Estaing fit adopter la loi qui mit fin au 31 décembre 1974 au monopole de l'ORTF, et l'éclata en 7 sociétés distinctes,
(2) in La Croix, 20 septembre 2016,

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