lundi 31 mars 2025

Plus fort que la fusion… la globalisation des audiovisuels publics !

Un homme avisé de la maison (ronde), qui a bien tourné, aujourd'hui loin de la radio, affirme que "la fusion ressemblerait plus à un faux-nez quand le véritable enjeu c'est la globalisation". Bien vu ! La fusion est une opération fonctionnelle. La globalisation touche à l'esprit et à la lettre de chacune des identités audiovisuelles publiques. Les penseurs de cette fusion sont juste des technocrates, des industriels, des comptables de la rationalisation au carré. Vouloir fusionner radio et TV alors que Giscard d'Estaing avait tout fait pour les dissoudre, avec sa loi du 7 août 1974 (1), c'est juste réinventer l'eau chaude avant d'administrer à chacun la douche froide. Ne rêvons pas, aucun risque de "reconstitution de ligue dissoute". Les managères de moins de cinquante ans qui revendiquent l'agilité vont surtout trancher dans le lard et infliger à chaque entité le régime maigre.











Dernier avatar de la holdingue : la DGMIC (Direction générale des médias et des industries culturelles au Ministère de la Culture) a adressé aux députés de la commission des Affaires culturelles une «étude d’impact» sur la réforme de l’audiovisuel public. A ce propos, la note affirme la capacité de France Médias à "créer à moyen terme de nouvelles filiales" (1)

  • "Concernant l’information, la constitution d’une filiale permettrait de « renforcer l’intégration du média global franceinfo » et d'approfondir les coopérations entre les composantes TV et radio," (2)
  • "S'agissant de la proximité, l’objectif serait de « réunir les ré‐ seaux France 3 et Ici » (ex-France Bleu) afin de répondre à "l’ambition de créer un média global de la proximité » qui implique « une ligne éditoriale coordonnée".(2)
Vous la voyez venir l'usine à gaz ? Non, pas celle qui siègeait quai de Passy (XVIè, Paris) en lieu et place de ce qui deviendra la Maison de la radio. Non, une méga usine à gaz, pilotée par un, une méga Pdg-ère. L'ORTF mais en beaucoup plus balèze. Une méta-organisation un peu comme une multi-nationale dans laquelle on se demande à quelles sauces seront mangés les créateurs de contenus.

La course effrénée vers les plateformes (celle de Radio France comme celle de France Télévisions) n'est-elle pas l'assaut final contre la radio hertzienne ? L'amalgame des audiovisuels publics n'est-il pas la meilleure façon de noyer le poisson ? Tout est dans tout et inversement. Qu'est ce qui dans ce magma, sonore et visuel, distinguera la radio ? Rien. Car très vite des images vont venir se coller aux sons, inéluctablement. Et à terme tout cela sera identifié sous la seule marque francemedia.fr. 

Anna Margueritat/Hans Lucas. AFP















Dans sa livraison de mercredi dernier, Télérama interroge l'écrivain italien Giuliano da Empoli. "Je crois que nos politiques et nos sociétés [font] la même chose avec les nouveaux prédateurs du numérique, ces jeunes gens qui semblent débarquer d’une autre planète avec leur sweat à capuche, parlent un langage qu’on ne comprend pas et paraissent maîtriser l’avenir. Ils nous expliquent qu’il ne faut surtout pas tenter de réguler leur industrie, parce qu’on n’y comprend rien. Ils ont l’air progressistes, leurs inventions sont épatantes,… On ne voit pas la part d’ombre qui les accompagne : le fait que ces mêmes inventions détruisent ce que nous avons en commun et transforment nos sociétés en gigantesque tour de Babel. Elles nous fragmentent et enferment chacun de nous dans une bulle de réalité totalement hermétique à celle de son voisin. " (3)


(1) France Médias ce serait donc : Radio France (sans franceinfo et ICI), France TV (sans franceinfo et ICI), Ina, France Info, ICI, soit 5 entités,
(2) Satellifacts, 26 mars 2025,
(3) Entretien par Olivier Pascal-Mousselard, Télérama n°3924,

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