mardi 14 mars 2017

Dans la phaune… (terrible phaune, le lion est mort ce soir)



C'est dimanche (dernier) que j'écris ce billet. La semaine a été terrible. Deux hommes de radio, deux voix ont largué les amarres qui les attachaient à cette vie terrestre monstrueuse et magnifique quelquefois. Deux musiciens aussi. Averty et Bouteiller ont largement participé à mon éducation musicale (1). Les deux m'ont appris à écouter la radio. Pas à me contenter d'un ron-ron d'accompagnement. "Girl talk" de Neal Hefti et "Moi j'aime le music-hall" de Trenet resteront respectivement la marque indélébile de Bouteiller et d'Averty et, quoi qu'il en soit, ma mémoire ne saura jamais effacer ces marques sensibles.

(1) Comme Bernard Lenoir, Patrice Blanc-Francard, Jean-Louis Foulquier, Julien Delli-Fiori, Laurent Valero, Thierry Jousse et Michka Assayas, 



Cette même semaine Clément Baudet, qui connaît mon addiction à la radio, sait aussi qu'il faut un peu me tirer l'oreille pour que je quitte l'autoroute de la radio publique pour accepter prendre les chemins buissonniers qui regorgent de fruits sauvages, de parfums envoûtants, d'une flore surprenante…  Quant à la phaune parlons-en. Immobilisé par une sciatique top-model, j'entrepris, dès réception de la collec' (8 mars), l'écoute continue des six créations sonores.

J'ai joué le jeu de l'ordre établi par Phaune radio. J'ai souri. Je connais cinq des artistes sur les six disponibles à l'écoute. Une certaine complicité d'affinités électives (2) existe déjà entre "nous". Je me régale d'avance. Play. On air. Cette collec' que commence Phaune est savoureuse d'intime et de sensible. Ces petites puces sautent de joie. Émossons garanties.

(2) "Affinités électives", Francesca Isidori, très belle émission hebdomadaire sur France Culture, jusqu'en juillet 2011,



Je ne connais pas autrement Alexandre Plank que dans son travail de producteur, de réal. Je l'ai vu, au four et au moulin, dans un "work in progress" du printemps dernier. Enthousiaste, curieux, attentif, disponible pour faire circuler la parole. Pas dans la posture académique du statut que confère un métier de radio. Plutôt dans une façon libertaire de faire "ensemble". On sent l'attachement sincère de Plank pour l'auditeur et pour la fonction radio. "La radio peut être un rempart, une lueur, un émetteur le foyer d'un contre-feu et le micro le porte-voix d'une génération, d'un peuple ou d'une classe sociale." Rien que pour ça, ça valait le coup de tendre l'oreille. Ça fait tellement de bien aux yeux, au cœur et aux esgourdes. Make in wawes.



Le grognard Gire (j'ai pas dit grognon), pas dupe de sa place dans la comète radio, ni de l'écrin dans lequel existe arte radio nous révèle un peu plus du personnage. Pas sûr que Silvain sache que comme lui (et comme moi) Pierre Lescure a été définitivement influencé par les sons et les conversations qui l'entoure au point de pouvoir garder une oreille disponible et curieuse en permanence. L'anecdote Laurie Anderson est plus que savoureuse. "Cette poésie du quotidien" serait donc le moteur de la créa d'arte radio. Dont acte. C'est une bonne définition. Pratiquement ce que ne fait plus la radio publique engoncée dans des méthodes et des normes d'où la poésie et le rêve ont absolument disparu. "Entendre quelque chose qui n'est pas encore là !" CQFD.



Connais pas ! Sorry ;-) "Le réel en mouvement permanent. Il faut que chaque matin soit une proposition de jeu (je ?)" Ça commence "trop" bien. Œuvrant parfois sous le pseudonyme Ocean Viva Silver, Valérie Vivancos sillonne les méandres artistiques et musicaux internationaux. Les sons de Meira Asher qu'elle nous donne à entendre révèlent une présence enveloppante, brute, crue. Vivante. Au réel du monde inconfortable. Les siens disent autrement tout ce qu'on n'entend jamais. Ce qu'on refuse d'entendre. Ou, ce qu'on a la flemme d'aller écouter ailleurs que sur les "majors" de la radio. C'est une bonne claque pour moi. Va être temps que je me bouge les méninges et que j'accepte la mue. Tation.



J'ai serré la main au Christophe, quand il y a trois ans j'étais passé au "local" rencontrer le pape de l'arte radio, l'autre. Rault c'est la petite fourmi laborieuse du buzziness. L'homme-son sans doute ! Et son…  homme par effets induits. Révélation. The very best revelation : "La radio c'est de la musique mais avec quelque chose en plus" Wouahh ! Peux pas dire mieux. C'est ça. C'est ça qui me porte. La musique "naturellement" et les histoires amoureusement. Envoyer "The Art Of Fugue, Contrapunctus 7, Per Augmentationem Et Diminutionem - J.S. Bach (Fretwork)" et moi aussi je vais envoyer du repeat. Je sais faire et je fais souvent. Sa réflexion sur "Ensemble" est le bon message du moment. Humain forcément humain aurait dit Marguerite (Duras).



La Sophie j'la connais en vrai. J'ai écouté sa "Loire" et son "Cargo". C'était beau. Très beau. Habité. Incarné. Pensé, rêvé, vécu. On s'est croisé au vent d'une plage à Quiberon. Sophie a créé les bonnes conditions pour s'enregistrer car l'ours pataud avait oublié son parapluie de… berger. (Yeah! c'est pas un bon mot Sophie… promis). "À la radio ce qui me fait décrocher c'est les voix trop lisses". Moi ce qui m'fait décrocher c'est quand les Inrocks se pâment face à l'ingénue. "Tendre une perche vers l'imaginaire"… Bien dit Sophie, surtout que ton métier te fait utiliser cette perche-là. Humble et réaliste, libre et curieuse Sophie dit "Il n'y a pas de il faut". Voilà la bonne méthode.




Preneur de son pour le cinéma. "Los gritos de mejico" sa création primée du prix Schaeffer par Phonurgia nova, je l'ai écouté bien sûr. Du bon, du brut et du pas truand. Pour autant ce Félix je peux pas dire que je le connais, hein ! Je découvre aussi le son du train de Chris Watson. Captif. Tendu. Je pense que Claude Villers (1), pour sa passion des trains et les reportages qu'il a réalisés sur le sujet aux E.U. aurait aimé chopé l'ambiance de ce train qui traverse le Mexique, de la côte Pacifique au golfe du Mexique. "Effacer les frontières entre la musique et le son" voilà aussi de quoi changer ses propres principes d'écoute. Félix est convaincant et pédagogue. Merci Felix pour dire tout ça si simplement. Et viva Balthazar !

(1) Producteur à France Inter pendant quarante ans (années 60, début 2000)




Mardi 21 mars. En v'là du son, en vl'à. Du son pour le son. Qu'on écoute parce qu'"il est là", mais que je n'aurais pas été chercher pour écouter. Je n'entends jamais ces sons-là sur mes lieux d'écoute et je ne connais ni Silvia Ploner ni Nicolas Perret. Je ne peux donc mettre d'images (physiques ou sonores) sur leurs mots. J'aurais d'abord envie de connaître leurs créations pour ensuite entendre la résonance (ou pas) avec leur histoire-choix sonores. À la différence des six premiers "Headphaune" je suis moins en "phase" avec les auteurs. Il me manque des clefs. Ici j'aurais aimé qu'on me présente les protagonistes.

Bon, grand bravo, pour cette série dont je regrette déjà qu'elle ne soit que… mensuelle. Entre chacun des "épisodes", ça va être long (trop). Ce sera une madeleine, qu'il faudra bichonner côté mémoire pour ne pas passer à côté. Les rézozozios feront c'qu'if. Hey Clément, si jamais je loupe le coche klaxonne, man. T'as vu, je résiste pas "longtemps" à mes habitudes. Z'yva. Je vais retirer (plus souvent) mes doigts de la prise FM. Merci à toi.

1 commentaire:

  1. Forte tristesse :
    En quelques jours, Jean-Christophe Averty, Pierre Bouteiller, Julien Besançon et Philippe Adler, ces maîtres de la radio comme de la télé sont partis.

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