lundi 28 mai 2018

Guimier roucoule, pérore, plastronne, Lagarde… erre

Trente-neuf jours après la nomination de Sibyle Veil comme Pdg de Radio France par le CSA, le 12 avril dernier, Laurent Guimier, ex n°2, ex directeur de France Info, prend ses clics et ses clacs pour Europe 1. Celui dont les médias avaient imaginé qu'il pourrait remplacer son mentor Mathieu Gallet révoqué le 1er mars, faire un ticket (gagnant) avec Sibyle Veil, n'avait plus beaucoup d'autres choix que de répondre aux sirènes de Lagardère, Pdg d'Europe 1. Ce dernier avait débauché il y a juste un an, Frédéric Schlesinger, n°2 de Radio France pour redresser une station qui années après années, grilles de programme après grilles de programmes, dirigeants après dirigeants n'a cessé de descendre dans les abîmes Médiamétriques laissant loin derrière elle cette image d'une radio jeune, pétillante et en phase avec son temps.


Comme ce nom l'indique…














Laurent Guimier dès sa nomination comme directeur de France Info en mai 2014 n'en avait plus que pour Radio France. La main sur le cœur et la flagornerie en bandoulière (1) il ne jurait plus que par le service public. Après avoir "réussi" la création, avec France Télévisions, de la chaîne d'information en continu franceinfo, il était promis à engager le rapprochement (périlleux) de France Bleu et France 3. Seulement Schlesinger parti pour Europe 1, Mathieu Gallet n'avait d'autre solution que de nommer Guimier pour le remplacer. À ce poste, pendant 345 jours, on se demandera longtemps ce qu'il a bien pu y faire ? À moins que comme l'annonce Cyril Lacarrière dans l'Opinion (2) : "En décembre 2016 déjà Arnaud Lagardère approche Laurent Guimier mais l’affaire capote. "C’était trop tôt pour moi", estime ce dernier dans une interview au JDD". Trop tôt peut-être mais pas trop tard pour rester en veille active. Des fois que du côté de Lagardère… Active on soit vite déçu du choix de Schlesinger.

Une fois entendu qu'Arnaud Lagardère est incapable de nommer la bonne personne pour diriger la radio de son groupe et malgré les ratages avec Olivennes, Schlesinger, on se demande bien pourquoi Guimier pourrait réussir. L'avantage avec Guimier c'est qu'il connaît les pratiques impitoyables du football professionnel. Donc il a beau roucouler dans le reportage que "Le Tube" lui a consacré samedi dernier sur Canal+, en annonçant qu'il a 97 jours pour mettre en place une nouvelle grille de programmes, il devrait savoir qu'il peut sauter au 98ème ou, "reculer pour mieux sauter", au 173ème (3) quand Médiamétrie aura annoncé le naufrage définitif (ou une minuscule rémission) d'Europe 1.

Les jours de Guimier sont donc comptés (et compter il sait faire). C'est sans doute la raison pour laquelle il pérore en annonçant, en l'absence de toute modestie, qu'il a au moins trois grilles (de programmes) prêtes pour la rentrée. Ben voyons Léon ! C'est quoi l'intuition de Lagardère de confier à un journaliste la vice-Présidence de trois des radios dont il est propriétaire (4) ? Pourquoi un journaliste saurait-il diriger une radio ? Et quand bien même Guimier aurait passé 20 ans à Europe 1 en quoi cela lui confère-t-il des compétences pour réussir l'alchimie entre "information et programme". À part avoir fait le gugusse avec Cyril Hanouna (5) pour la saison 2013-2014, c'est l'info qui le stimule pas les programmes. 



Adepte absolu du rapprochement de l'info et du divertissement, qu'il appelle du "décloisonnement" (sic), on ne pourra pas compter sur Guimier pour confier à d'autres qu'à des journalistes (ou à des vedettes bankables de la TV) des émissions que de formidables saltimbanques ont animé, faisant les belles heures d'Europe n°1 puis d'Europe 1, jusqu'à ce que des margoulins viennent patiemment détruire la radio de Sylvain Floirat, Maurice Siegel, Jean Gorini, Lucien Morisse et Pierre Delanoë. Lagardère est pathétique, Guimier joue très mal les pompiers. Tout ça ne présageant rien de bon pour la station qui dans quelques jours quittera son siège historique de la "Rue François 1er" (Paris).

Redisons ici qu'il est navrant que Lagardère fasse son marché annuel à Radio France, que les responsables du service public, sans vergogne, s'empressent de courir derrière ses offres, que la navette permanente entre public et privé soit toujours au détriment du public. À défaut de participer au mercato football Guimier va participer au mercato radio. De quoi (de qui ?) va-t-il déshabiller Jacques pour habiller Pierre (ou Arnaud) ? Le 27 août poussera-t-il encore la roucoule ou, apprenti-alchimiste, aura-t-il su profiter de l'été pour donner envie aux auditeurs de retendre l'oreille pour être surpris (au risque de la pub) au point de quitter leurs habitudes radiophoniques ? C'est ça la mesure de l'enjeu et dans le délai imparti le risque est plus grand que l'hypothèse de réussir à court terme. Et pourtant c'est bien ce court terme qui aura force de loi. C'est le jeu. Mais rien ne dit que Guimier saura y jouer.

(1) Quand il ne passe pas son temps à Tweeter son amour immodéré à Jacques Vendroux, directeur des sports de Radio France, il sort, le 2 mars, sa calculette pour compter les jours de son inféodation absolue à Mathieu Gallet "Au 1389è jour de notre collaboration, fierté immense d'avoir œuvré aux côtés de @mathieu_gallet",
(2) 23 mai 2018,
(3) Dans l'hypothèse où les résultats Médiamétrie tomberaient le 15 novembre, 

(4) Europe 1, Virgin radio et RFM
(5) "Les pieds dans le plat" jusqu'à son départ pour France Info en mai 2014,

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire