lundi 21 décembre 2020

Fip : de quoi flipper…

Y'avait mieux comme titre ! Y'avait mieux, fin 2020, que de relever dans l'indifférence quasi-générale, la fermeture par Radio France des trois dernières antennes régionales de Fip : Bordeaux-Arcachon, Nantes-Saint-Nazaire et Strasbourg. Vendredi dernier, les animatrices de ces trois stations se sont relayées au micro pour, dignement et humblement, et avec beaucoup d'émotions saluer leurs fidèles auditeurs en deuil d'une histoire qui, dans chacune de ces villes durait depuis plus de quarante ans !

À Suzanne, Isabelle, Sophie, Muriel, Stéphanie, Élodie, Yolande, Sarah, Marjorie, Magalie, Florence, Emmanuelle, Agnès, Pascale, Natascha, Muriel, Catherine, Amélie, Maryeline, Anne, Clémence…

Ce billet leur est dédié

Animatrices de Fip Strasbourg (18 déc. 2020)









La pédégère de Radio France, Sibyle Veil, si prompte à auto-glorifier le moindre événement du média public qu'elle préside depuis 2018 n'a pas trouvé les mots pour remercier les animatrices qui ont su toutes ces années faire le job. La directrice de la chaîne, Bérénice Ravache aura attendu samedi 21h pour se fendre - a minima - d'un tweet laconique pour ne pas dire pathétique. Jeudi 17 décembre lors d'une conférence de presse elle n'avait pas plus trouvé opportun d'annoncer la fermeture de ces trois locales : "Silence, on ferme !" Par contre, forte d'une roucoule appuyée pour le cinquantenaire à venir (5 janvier 2021) elle en faisait des tonnes pour sanctifier ce qui ne peut pas s'appeler autrement qu'une recentralisation.

En 70, Roland Dhordain, patron de la radio veut une radio de service (radio-guidage, culture, vie pratique). En 71, Jean Garretto et Pierre Codou, géniaux producteurs de radio, inventent FIP (France Inter Paris). Un programme musical de 17h entrecoupé de très courtes interventions parlées par des animatrices recrutées "en aveugle" pour leur voix (1). D'années en années il y aura jusqu'à quinze FIP installées sur tout le territoire métropolitain. Superbes variables d'ajustement, les FIP sautent et tressautent au rythme des humeurs des Pdg qui se succèdent à la gestion de Radio France. En 2014, Gallet et son n°2 (placé dans la quatrième à Chantilly) Schlesinger décident de saborder les trois dernières locales de Bordeaux, Nantes et Strasbourg. Il n'aura fallu que six ans pour entériner l'affaire et rendre orphelins des milliers d'auditeurs et des dizaines d'institutions culturelles régionales partenaires de Fip.

Les gestionnaires froids gèrent froidement les histoires sensibles et, sans charisme ni passion  recentralisent la culture en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Les clopinettes budgétaires que représentaient ces trois locales ne sont donc pas l'argument décisif de leur fermeture. Simplifier, rationaliser, uniformiser voilà un leit-motiv pour des Pdg et des directeurs de chaîne pour lesquels la radio est juste un produit comme un autre même si, chacun essaye à longueur de mantras pathétiques de donner le change.

Pourtant il y a juste 50 ans la TV publique (Antenne 2) réalisait un reportage sur ce qui dans quelques jours allait devenir une radio unique et indispensable aux Parisiens. Sur 514m Ondes Moyennes, le 5 janvier 1971 à 17h, Kriss (animatrice d'Inter et de "L'Oreille en coin", a donné le ton et partagera l'antenne avec des animatrices talentueuses pour rédiger des textes accrocheurs, joueurs et quelques fois moqueurs !


Voilà comment Dhordain présente Fip… (France Inter, 5 janvier 1971) 


Je ne résiste pas pour conclure à vous faire partager la joie de Simone Herault, animatrice recrutée en décembre 1971, et qui deviendra des années plus tard la voix de la SNCF. Dans son livre de souvenirs (2), elle raconte : le 22 décembre 1971 je recevais un télégramme "Candidature acceptée. Pouvez-vous téléphoner Jean Garretto 224 36 84 ou 37 64 pour confirmer rendez-vous mardi 28, 14:30. Bureau 6431. Signé ORTF." Simone commencera le 5 janvier 1972.

O tempora, o mores…

(1) Garretto et Codou ne voient pas les postulantes pour ne pas se laisser influencer par leur physique !
(2) "Grâce à ma voix". La vie du rail, Paris, 2005.

13 commentaires:

  1. Oui , oui Heureusement...
    CHER FANCH .
    VOUS ÉTES ĻA ,

    LE LA , comme la note de musique ,qui donne la bonne et la mauvaise , musique .
    Merci ,et terminer par le télégramme envoyé par ...
    Les Maitres , Codou , Garretto,
    Proprement , genial.

    Sacrés bonhommes de Radio , avec
    Dordhain ...
    J avais , une admiration totale pour eux .

    Julien Delli Fiori .

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci Julien, touchant et émouvant ! On vous retrouve le 5 janvier 2021 pour un spécial "Jazz à Fip" ! Oh yeah !

      Supprimer
    2. Cher Fanch très heureux qu'un ancien de Fip comme Julien qui plus es en eu la direction en redonnant une âme à la programmation musicale qui a depuis été sabordée par ses successeurs(ssicres) pour évoquer ce billet d'humeur en coup de gueule et de bon aloi car tout est vrai ! Quel gachis de détruire l'âme de Fip voulue il y a un demi-siècle par de vrais professionnels de la radio de service public Codou/Garetto sous l'impulsion de Roland Dhordhain ! Rien à voir avec les prétendues gestionnaire parachutés à Radio France par leur petit réseau d'amis et qui finissent de briser toute l'histoire de Radio France et du service public de radiodiffusion. Denis THIBAULT

      Supprimer
    3. Ah j'oubliais : Et que vive la musique !

      Supprimer
  2. Hello Fañch, n'est-ce point notre chère et tendre Kriss la blondinette au micro ? Quand en 1971 j'écoutais Fip 514 sur les PO de mon transistor je passais pour un illuminé auprès de mes copains. Nous avions 18-19 ans et étions très centrés Rock Blues, j'étais le plus ouvert et le suis resté. Cela a toujours été une bonne formation culturelle. Mon boss tolérait en ces temps que j'amène mon poste au travail, il en profitait. Good times !!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Hello Giorgio ! Ben si comme annoncé dans le texte ! Elle faisait la maquette/pilote et ici filmée pour Antenne 2 ! N'empêche moi qui écoutais en alternance Bordeaux, Nantes, Strasbourg… je retrouve pas mes marques sur Fip National ! :(

      Supprimer
    2. Oups ! Vu un peu tard, tout pressé que j'ai été à cliquer sur les vidéos. Il est vrai que Fip que je reçois via internet n'a pas la saveur de celui que j'écoutais quand j'étais en région parisienne. Tous mes vœux pour toi et tes oeuvres.

      Supprimer
    3. Merci Giorgio, que l'année qui vient te soit douce ;-)

      Supprimer
    4. Si le modérateur de radio actu accepte de publier mon coup de gueule vous pourrez lire ce que j'ai écrit sous le titre : FIP, voilà pourquoi on ne devrait plus l'appeler FIP ! Effectivement je confirme plus aucune saveur Regrets éternels

      Supprimer
    5. Encore un additif concernant FIP outre le livre de Simone on peut signaler à Madame Ravache de lire "L'oreille en Coin de Thomas Baungnarter et une curiosité : FIP & Moi de Jean Larriaga. Voilà cher Fanch tout es dit

      Supprimer
    6. C'est qui le modérateur de "radio actu" ? La modératrice de RF ?

      Supprimer
    7. On ne conseille rien à Madame Ravache ! Ces gens ne font pas de la radio avec l'histoire de la radio, juste répondre aux injonctions des tutelles, de la Cour des Comptes et de leur Pédégère qui elle-même… ! Je vais chercher le "Fip et moi" et le lire ! Je l'ai déjà vu passer mais n'ai pas su l'attraper ;-)

      Supprimer