lundi 11 avril 2022

L'audiovisuel public, en réalité… diminuée (surtout depuis hier soir) !!!!!!

Les mots ont du sens ! Les concepts aussi. Que j'eusse aimé que Roland Barthes inscrive à ses Mythologies "La réalité augmentée". Ce "concept", cette technique utilisée à foison pour faire vendre du visuel et continuer à surjouer le spectacle. À surenchérir de techniques et d'images épaississant de plus en plus l'écran entre le citoyen et son réel palpable et ,"un monde parallèle" politique et médiatique à la réalité définitivement augmentée du… virtuel. Tant tout ce "jeu numérique" déshumanise de plus en plus le social et/ou la société ! Quant à l'audiovisuel public, "l'apocalypse est pour demain", comme le prévoyait Jean Yanne dans un de ses feuilletons radiophoniques (France inter).

Illustration GdB
















La réalité augmentée de quoi ?
France Télévisions n'en pouvait plus de nous vendre la réalité augmentée de sa soirée électorale. Mais il y a une autre réalité augmentée bien réelle celle-là ! La disparition de la CAP ! L'incertitude absolue concernant le fonctionnement des sociétés audiovisuelles publiques. Quels budgets ? Quelles coupes sombres ? Quelles disparitions de chaînes audio et visuelles? De formations musicales de Radio France ? Etc… etc…

France 2 a beau sortir le "grand jeu" pour la soirée des résultats aux élections présidentielles et TF1 le petit jeu des "Visiteurs", la réalité augmentée des abstentionnistes n'a besoin ni d'audio ni de visuel pour être constatée. La réalité augmentée du refus du Président sortant/candidat, avant le 1er tour, de participer sur France 2 à la confrontation avec des journalistes du service public confirme la réalité diminuée d'un exercice démocratique.

Et la radio dans tout ça ?
À Radio France Laurent Frisch a inventé depuis longtemps la réalité du Numérique augmentée de la Production. Plus (+) la réalité diminuée. Diminuée à moyen terme de réalisateurs et de techniciens-sons. Sur une soirée électorale où le visuel a un tel impact "on voit pas bien" la valeur ajoutée que peut apporter la radio… Quelle réalité augmentée en radio ? Dans les deux cas, audio et visuel, les résultats formels se suffisent à eux-mêmes. La guimauve autour de l'enrobage sucré-salé ! Pour toujours plus de spectacle !














Comme en 1974 !
Aux élections présidentielles anticipées de 1974, suite à la mort du Président Pompidou, le cas de l'audiovisuel public ne fait pas partie des sujets qui préoccupent les Français ! Sophie Bachmann dans son analyse (1) explique "… la suppression de l'ORTF par la loi du 7 août 1974 [est] passée pratiquement inaperçue de l'opinion." En 2022, les incantations des deux finalistes à l'élection présidentielle suggèrent une privatisation de tout ou partie du service public et/ou de la suppression de la CAP (Contribution à l'Audiovisuel Public). Si elles ont fait réagir les autres candidats ce sont les acteurs de l'audiovisuel public eux-mêmes qui ont fait part de leurs vives inquiétudes. Quant à l'opinion, à part l'idée de se voir ristourner 138€…

En 1974, Giscard éparpille l'ORTF façon puzzle, 74 jours après son élection. Au vu des résultats du premier tour, combien faudra-t-il de temps, à l'élu-e du 24 avril pour bouleverser l'écosystème audiovisuel public : Radio France, France télévisions, France Médias Monde, Ina et Arte. Incertitude budgétaire annuelle ou privatisation ? La peste ou le choléra. Les deux ! Des conséquences humaines et culturelles imaginables dont la description risque de ressembler à "Chronique d'une mort annoncée". 

Depuis la RDF, RTF, ORTF et les sociétés qui ont suivi, les réformes se sont empilées aux réformes. En un mille-feuilles absolument indigeste. Les privatisations (Société Française de Production), les fusions (Antenne 2, FR3) sous la bannière France Télévisions, l'autonomie de Radio France International par rapport à Radio France n'ont cessé de décomposer, recomposer un PAF qui va finir en burn-out

Les deux derniers postulants en lice minimisent sûrement les effets induits d'une orientation politique qui mettra à mal, tant la démocratie que le pluralisme de l'information, de la culture et du divertissement. 

Alea jacta est…

(1) Bachmann Sophie. La suppression de l'ORTF en 1974. In: Vingtième Siècle, revue d'histoire, n°17, janvier-mars 1988. pp. 63-72. 

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