lundi 28 juillet 2014

Robert Arnaut, l'humaniste…

Le village d'Arrens, Hautes-Pyrénées




















Ce samedi 26 juillet à Arrens (Hautes-Pyrénées), le village et ses amis professionnels de la radio ont voulu évoquer l'homme Arnaut enraciné ici et qui, depuis le Soulor, a rayonné toute sa vie. Denis Cheissoux (1) qui animait la fin de la journée a bien voulu me raconter ce moment fraternel. 

"C'est l'humanisme de Robert qui nous a accompagné toute la journée. Robert était comme ces savants à l'image du XVIIIème siècle qui allaient à l'essentiel. Il était visionnaire. Pour répondre à ceux qui l'interrogeaient sur la meilleure façon de faire de la radio, il répondait avec son bel accent "Il faut trois choses essentielles : la première, une histoire, la deuxième une histoire et la troisième une histoire". Toute sa vie Robert a raconté des histoires et comme Mermet (2) a toujours théâtralisé et mis en scène des personnages et des histoires. Robert n'avait ni peur des blancs [à l'antenne] ni des silences habités. Et surtout il avait une telle chaleur humaine. C'est incroyable qu'à 20 km d'écart ces montagnes aient "enfanté" deux bêtes de radio. Chancel à Ayzac-Ost et Arnaut deux hommes de l'oralité. Ici, dans ces montagnes, si les bergers n'avaient pas ou peu d'instruction ils savaient parler, conter même."

Et dans cette transhumance d'un jour chacun d'évoquer l'ours. Il manquerait au tableau si on l'avait oublié. Denis Cheissoux poursuit "Je suis comme un des enfants de Robert ou plutôt comme un enfant de l'Oreille en coin (3). Mermet, Kriss, Emmanuel Den et Robert Arnaut m'ont tiré par le haut, ce qui peut expliquer aussi mon exigence pour le son. Mais ça c'est venu surtout "à la mamelle de Robert". Mais ce qui a été passionnant au cours de cette journée c'est que si ses amis d'Arrens et alentours savaient qu'il faisait de la radio, ils ont découvert que c'était un très grand homme de radio.Cela n'a pas été un hommage larmoyant. Chacun a pu se dire "Voilà ce qu'il nous a laissé." Robert Arnaut et aujourd'hui de sa belle façon il nous parlait encore."

On peut alors dire que l'intuition et l'intention de Jean Haurat étaient les bonnes. Son élan pour Robert Arnaut est récompensé (4). Quant à Guy Senaux, ingénieur du son à Radio France, qui a longtemps travaillé avec Robert Arnaut (5), j'ai pu aussi recueillir son point de vue. "Être allé dans son village m'a touché. Je viens de découvrir, de voir et de sentir ce qu'il a écrit dans ses Corneilles blanches (6) et les causeries amicales autour du micro." Dans ces montagnes à l'abri de la société du spectacle et de la "commémo" sans âme, la vallée d'Arrens, au soleil, portait Arnaut comme chacun était porté par lui, à l'image d'un Senaux, ému, "Aujourd'hui, je connais mieux ce passeur de mémoire…"

(1) Producteur à France Inter, "Co2 mon amour", le samedi,
(2) Producteur à France Inter, "Là-bas si j'y suis", 1989-2014,
(3) Émission des fins de semaines de France Inter, 1968-1990, inventée, produite et réalisée par Jean Garretto et Pierre Codou,
(4) En décembre paraitront un DVD et un CD qui fixeront les moments les plus forts de la journée du 26 juillet 2014,
(5) Notamment pour "Le singe soleil", et "Cataclysme sonore"
(6) "Les cornières blanches", Le cherche midi éditeurs, nouvelle édition, 2011, 

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