dimanche 14 décembre 2014

Canal+ prend Scheer…






















Préambule
Il y a des matins où même les tristes sires bouffonesques arrivent à vous faire rire ou à vous tirer les larmes. C'est selon. Ce matin du 3 novembre dernier, avisé que la matinale de France Culture s'intéresserait de près au 30 ans de Canal +, j'étais tout ouïe et près à me régaler à l'écoute de l'auteur de "Quand les tontons flingueurs rencontrent les bronzés" (1). Rien que  pour le titre déjà. Las, c'était sans compter à 7h58 avec l'accroche pathétique d'un Brice Couturier, triste sire parmi les tristes sires. "Monsieur je sais tout sur tout" bredouilla à l'antenne que n'ayant-pas-reçu-le livre-de-Léo-Scheer-il-lui-serait-bien-difficile-d'en-parler-mais-qu'à-cela-ne-tienne-il-saurait-quoi-dire. Tu parles, Charles !

Hein ? Quoi ? Comment ? Monsieur Couturier aurait été oublié des services de presse ? Lui son éminence (grise) incontournable gloseur à la rhétorique habile pour, matin après matin, vendre sa "sauce" vieillo-libéral-réac-tendance-macro(n). Lui l'auto-sartisfait sûr de lui permanent. Lui la scie qui raye les conversations les plus intéressantes. Mais, Monsieur, on n'abat pas un Couturier comme ça. Et voilà le bouffon nous tartinant une chronique tendance pipole dur s'interrogeant (sic) sur les effets du pétard mouillé Netflix. À pleurer grave. Il est 8h20 et on s'endort. Allez, du balai Couturier tu nous gâches la joie. 

À toi Léo… 
Mes chers auditeurs je vous sens perplexe. Mais qu'est ce qu'il peut bien venir faire dans cette galère le Fañch. Ben vous le savez j'aime les histoires et l'histoire de Canal m'intéresse particulièrement si c'est l'histoire d'"avant Canal" quand, codé, le projet s'appelait Canal 4. Car tout l'intérêt du livre de Scheer est de montrer comment, partie d'un cerveau fécond (le sien), une idée peut se développer jusqu'à la création d' une chaîne de télévision payante en plein revival socialiste (81/84). Je dis revival socialiste car la France n'avait plus connu cette "orientation" depuis Blum en 36.

Scheer a commis un livre d'histoire contemporaine. Ses descriptions et analyses du, des contextes qui entourent la création de cette petite bombe audiovisuelle, sont riches d'enseignement. Voilà sur la table quelques "22 mars" 68, un peu de la "Nouvelle société" des Delors/Chaban, les ruines d'un "Giscard à la Barre (Raymond)"… Mais surtout la pénétration (fine et subtile) des dogmes et autres tabous de la gentry socialiste pas (encore) prête à se vendre à la loi du marché. De là à dire que les socialistes ont été des enfants de chœur il n'y a qu'un pas que je franchis allègrement.

Mieux, Scheer nous décrit le fonctionnement de la légendaire maison de communication, Havas (2), et son rôle éminent de prescripteur/influenceur/acteur des médias et plus si affinités. Donc je me suis régalé à lire cette histoire fabuleuse (3) qui a eu la très bonne idée de s'arrêter avant le 4 novembre 1984. Là les jeux étaient faits (où n'allaient pas tarder à se faire et se défaire), Scheer avait filé à la concurrence (Publicis) pour élaborer ce qui finira en désastre industriel (et moral), la Cinq.




Commémo
Jusqu'à preuve du contraire je ne me souviens pas que France Culture ait célébré peu ou prou les événements suivants cette année :
• les 50 ans de la 2ème chaîne couleur (18 avril 1964),
• les vingt ans de la 5 (13 décembre 1994),
• et surtout l'anniversaire de la création de l'Ortf (27 juin 1964),
Preuve s'il en était qu'au delà du "phénomène de société" Canal + a bien été (au passé) le gratte-cul du PAF (Paysage audiovisuel français). Aujourd'hui le constat de Scheer sur le retard pris par Canal vis à vis d'internet est patent. L'"establishment" de la chaîne dans le paysage n'est pas crypté. Pourtant l'"esprit Canal" doit se conjuguer au passé. Un passé dépassé même qui apparaît en (très) clair chaque jour. L'analyse lucide et sans concession de Scheer (et de Pascal Josèphe) au micro de la matinale le confirme. CQFD.

(1) Michel Lafon, novembre 2014,
(2) Agence publique à l'époque (qui contrôle les médias français) et au sein de laquelle il a élaboré Canal,
(3) Sans Apélie Moulain…

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire