Quelque chose a disparu. Le temps de prendre le temps. Jacques Chancel est mort il y a huit jours et déjà le rouleau compresseur de l'actualité a tout écrasé. Au fur et à mesure que le temps a passé. Méthodiquement, froidement, trivialement. Si France Inter s'est mobilisé et a ouvert largement son antenne aux Radioscopies et aux témoignages, c'est très vite passé. Trop. Car le quotidien, le flux radiophonique quotidien est tellement présent que le passé y a très peu sa place. Pour ce que Chancel a apporté à la radio on aurait pu imaginer qu'une chaîne (web) dédiée aux grandes voix ou à l'histoire de la radio ait proposé une programmation exceptionnelle.
Ce flux qui mettrait en lumière l'histoire d'un homme, d'une émission et d'une époque du XXème siècle a à voir avec l'histoire immédiate. Et c'est à force de la tenir loin de notre quotidien qu'elle prend les marques du passé. Alors que la mémoire est encore très vive et qu'elle ne demande qu'à se nourrir d'histoires ancrées, solides qui tiennent un peu plus longtemps que l'actu vouée de plus en plus à l'éphémère.
Il faut donc produire quelques efforts pour inverser la tendance de la fuite en avant. Se faire sa radio en cherchant les archives ou (ré)écoutant sa collection de Radioscopies. La mort, la mémoire, les souvenirs ne sont pas que des événements à mettre en scène, à alimenter le buzz et les gazettes pipoles. Tout ne vaut pas tout et inversement. La distinction devrait trouver sa place sur une chaîne du service publique quitte à en créer une dédiée… (1).
Prenez aujourd'hui ou demain quelques mesures de la symphonie Chancel. Ça calme et ça relativise les ardeurs médiatiques à ne vivre que pour demain.
(1) Vieille rengaine de Radio Fañch
Demain le billet "spécial" à 10h…
Pierre Desgraupes
Reiser
Dhordain
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