vendredi 28 août 2015

Nouvelles grilles : 2. France Info

Laurent Guimier














Ce qu'il y a de séduisant avec Laurent Guimier c'est sa bonne humeur et son sourire communicatif. Guimier est serein (donne l'impression de l'être), convaincu et volontaire. Et avec subtilité (de management) il entraîne sa chaîne et ses équipes qui ont, comme l'an passé, l'air (et aussi la chanson) d'avoir la gnac et "le goût des autres". J'ajouterai qu'avec ses équipes il donne aussi une image de sobriété qui tranche avec celle de ceux qui en font des tonnes pour être sur la photo ou au cul des bus.

Guimier aborde cette nouvelle saison avec enthousiasme et flegme. Trois importantes manifestions sportives mobiliseront l'antenne. Pour autant Guimier parie sur la réactivité, l'intelligence et l'expérience de ses équipes pour donner à l'imprévu, à l'exceptionnel et au quotidien des éclairages, des analyses et des points de vue à chaud et à froid. J'ai longtemps écouté (de loin quand même) France Info comme une mécanique horlogère glaciale menée au tambour-major. 

Guimier a su insuffler l'humanité qui manquait à la chaîne et s'il m'arrive quelquefois d'écouter Info ce n'est pas seulement pour des événements particuliers mais pour entendre et écouter la petite musique originale qu'ils réussissent à jouer avec une belle harmonie. Ce sera ma posture de cette nouvelle saison, quand j'aurai besoin d'info… j'irai sur France Info.















Mais pour cette rentrée Guimier peut s'attendre à livrer un combat de titan. Et quel combat ! La TV publique (monstre froid et glacial) a décidé de créer une chaîne "Info" et, sûre de sa puissance n'imagine pas un instant que quiconque puisse se mettre en travers de sa route impériale. Sauf que le rapport Schwartz publié au mois de mars impose aux sociétés de l'audiovisuel public de s'entendre et de coordonner leurs actions. Particulièrement en ce qui concerne ce projet de TVInfo tenant compte du fait que France Info a une longueur d'avance pour ne pas dire 29 ans d'avance. Même si l'image n'est "apparue" que très récemment sur les écrans de France Info, la radio, pour "ces Messieurs de la TV", aurait le gros désavantage de ne pas être filmée. 

Heureusement que c'est la crise et heureusement que les finances publiques sont à sec. Comptons sur le sens des responsabilités des tutelles (Culture et Finances) pour ne pas laisser France Télévisions déshabiller la radio pour se parer de ses plus beaux effets (1). Ce sera l'occasion de mettre à plat les relations hiérarchiques qui se sont imposées entre radio et TV depuis l'éclatement de l'audiovisuel public en 1974 (2), et qui relèvent aujourd'hui de la cour de récréation. Il est temps que la TV prenne la mesure des capacités de la radio à "faire voir" même sans images en continu.

C'est un enjeu de société. Souhaitons que toutes les parties s'accordent et que les compétences s'additionnent. Mathieu Gallet et Delphine Ernotte (3) ont ce défi à relever. Il en ira aussi de la crédibilité de leur présidence respective. À bon entendeur salut !


Les autres grilles des autres chaînes



(1) et/ou réussites tels que la chaine d'info continue, France Info,
(2) Que l'on doit au fanfaronnant libéral Giscard, Président de la République 1974-1981,
(3) Respectivement Pdg de Radio France et de France Télévisions, 

1 commentaire:

  1. Concernant le projet de chaîne d'info continue d'Ernotte, c'est très loin d'être fait et je ne serais pas surpris que ça aboutisse via une version nationale de France 24 plutôt que par un rapprochement avec France info.
    Cela étant, je partage en partie ton propos concernant France info. Contrairement à toi, je dois avouer que l'écoute de France info a été mon péché mignon justement pour la forme: ce minutage très précis des séquences, la brièveté des séquences, l'idée de rythme échevelé induit par le format...
    A l'époque de la création de France info, c'était un parti-pris formel très radical, très novateur par rapport à ce qui ce faisait en France et qui collait parfaitement avec l'émergence de la dictature de l'instant qui se manifeste à présent sur internet avec les réseaux sociaux. Pour autant, cela n'empêchait pas d'adapter le dispositif à l'actualité: le système était rigide dans sa temporalité mais souple dans le contenu car il était très facile de remplacer les chroniques par du reportage en direct si nécessaire. La rupture entre le temps normal et le temps de l'événement se faisait tout en restant dans le cadre et c'était là la preuve de la force du format mis en place par Bellay. A 16 ans, je suis tombé à la bibliotèque sur un livre très intéressant sur ce sujet: L'information en continu - France info et CNN, publié par Andrea Semprini aux éditions Nathan(collection médias-recherches). Ce livre comparait les 2 médias d'info en continu emblématiques de l'époque de publication, à savoir 1997. Le livre est consultable sur le site de l'auteur si cela t'intéresse.
    Le problème de France info a surtout été au niveau des directeurs d'antenne et de rédaction: sous Polacco ou Christin, on sentait que le navire était mal dirigé ou à la dérive. Des personnes comme Delannoy, Tyskiewicz, Chafanjon ont réussi en leur temps à dynamiser l'antenne non pas en chamboulant le format mais en mettant le direct à l'honneur et en mettant à l'antenne des idées audacieuses que ce soit en terme d'émissions, de chroniques etc...
    Je pense que le choix fait il y a un an de chambouler le format était trop radical mais nécessaire pour redonner du peps à une station qui était devenu un France inter bis avec beaucoup de magazines et de rubriques au détriment du reportage, réduit au strict minimum le week-end. Je me réjouis cette année de la disparition de certaines chroniques qui n'avaient pas leur place sur une radio publique et dans l'ensemble, je trouve que Guimier fait du très bon travail. Il faut signaler également une évolution de l'habillage sonore de la station qui est très satisfaisante.
    Voilà pour le pavé!

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