mardi 26 décembre 2017

Quelques prémices avant le big-bang audiovisuel (annoncé)…

Depuis juillet, moins de deux mois après l'élection du Sphinx à la législature suprême, quelques personnalités de l'audiovisuel gesticulent, se répandent en conjectures, ignorent que le monde a changé et qu'Emmanuel Macron entend bien porter le fer dans cette galaxie disparate qui, craignant grave pour son avenir, n'en finit pas d'imaginer des solutions opportunistes, contradictoires et superfétatoires. Forts de leur suffisance ces petits génies de la tambouille se sont répandus comme une trainée de poudre dans des médias complaisants pour envoyer des messages au gouvernement qui n'en a cure. Le boomerang est sur le chemin du retour et les canards ne vont pas manquer d'y laisser des plumes. Résumé des épisodes précédents (1).


La galaxie audiovisuelle publique. On a remplacé les noms de société
par des noms de codes scientifiques…


















Le 26 juillet : un feu d'artifice qui fait Pschittttt !
Ignorant qu'un nouveau Président vient d'être élu, Mathieu Gallet, Pdg de Radio France, compte bien en mettre plein la vue à la représentation nationale. Avec ses trois mots fétiches "média global" "agilité" "mode-projet" Gallet se pique d'avoir les solutions et défend, mal, son désir d'être le maître des horloges. Ce serait compter sans Macron et sans Marc Schwartz… (2)

30 août : bronzé l'inspecteur gadget persifle
Dès l'ouverture de la séance annuelle d'auto-congratulation et d'auto-promotion, soit la Conférence de Presse de rentrée de Radio France, le Pdg joue avec "OK Google… " et nous vend par paquet de dix, les assistants vocaux, pour lui l'alpha et l'oméga de la radio de demain. Ne comptez pas sur Gallet pour vous parler émissions, programmes, fabrique et savoirs-faire. Ce manageur de moins de 50 ans n'a à la bouche que des 1 et des 0. Le tout numérique c'est sa lubie au mépris de l'ADN de la radio : la voix et le son.

Septembre : l'audiovisuel public va devoir se serrer la ceinture
Une météorite pré-big-bang heurte les planètes Radio France et France Télévisions. Quatre vingt millions de sucré au budget 2018 par les tutelles Budget et Culture. Ça coince grave. Ça éructe, ça chouine, ça désespère Billancourt, ça fissure les associations de circonstance, ça coule le navire. Mais tout ça c'était avant le drame…

Octobre : et revoili, revoilou la "BBC à la française"
L'étau se resserre. Après les finances rabotées, la Ministre de la Culture présente les évolutions structurelles. Le spectre du rapprochement France Bleu/France 3 est agité au nez et à la barbe des dirigeants Ernotte et Gallet qui voulaient y aller moderato cantabile pour, en "mode-projet-agile", rapprocher au coup par coup ces entités "locales" qui ne demandent qu'à se compléter. Mon œil. Les professionnels de la profession concernés s'enrhument et commencent à tousser rauque.


La farce de Maître Pathelin





















Et puis le 16 novembre le Tribunal de Créteil résonna d'une affaire de favoritisme

Décembre : le big-bang vous l'aimez comment ? Saignant ou à point ?
Il semble bien que la patience du Président Macron ait été poussée à bout. Ne supportant plus d'entendre pérorer les deux principaux Pdg de l'audiovisuel, Ernotte et Gallet, il serait sur le point de lancer le big-bang de l'audiovisuel comme d'autres lancent une mode ou le javelot. Le Figaro version économie en tartine deux pleines pages. Tous aux abris ! C'est à point (nommé) et c'est saignant.

Décembre : c'est la honte finale, aujourd'hui et demain…
Macron n'a pas fait dans la dentelle en annonçant avec la délicatesse d'un éléphant dans un magasin de porcelaine que "l'audiovisuel public est la honte de la République". La formule fait mouche, touche chacun des 17 991 employés de l'audiovisuel public et accouche d'un plan de bataille que Madame Nyssen, Ministre de la Culture, se fait un plaisir de communiquer aux responsables de l'audiovisuel public, le 21 décembre. Un plan d'action structuré va calmer les ardeurs des protagonistes qui multiplient les effets d'annonce : France Musique se pacse avec Arte, France Culture coordonne les acteurs audiovisuels pour faire de cette chaîne un média global etc, etc…

On commençait à voir approcher la trêve des confiseurs quand, Laurence Bloch, directrice de France Inter, avant d'éteindre la lumière en quittant son bureau, vendredi dernier, envoya un petit tweet presque anodin : "Fière et heureuse d’accueillir à la tête de l’info la plus écoutée de France . Femme exceptionnelle, très grande professionnelle, passionnée d’actualité et qui a prouvé tout au long de sa carrière sa capacité à fédérer les équipes et à porter haut l’information !"


Catherine Nayl














Le même jour, Laurent Guimier, numéro 2 de Radio France (sympa comme titre !), pour ne pas être en reste annonça via Twitter "bienvenue à , nouvelle Directrice de l'information de ! Et bravo à , nommé Directeur de l'information internationale de " (3). On notera que Bloch n'a pas acté le départ de Four. Le SNJ ne tarda pas à communiquer. Pour les boules (de Noël) c'est fait, yapuka acheter le sapin !

Mais comment Laurence Bloch peut-elle annoncer récemment que "Radio France est à l'os…" et en même temps recruter quelqu'un qui ne doit pas être payé au prix d'un journaliste pour son premier emploi ? Il y aurait donc encore de l'argent pour recruter des "stars" ? La tutelle appréciera. Quant au titre de Four peut-on imaginer plus ronflant ? La prochaine fois ce sera quoi "Directeur de l'information mondiale" ? C'est quoi cette segmentation verticale ? Forcer la création de postes de dirigeants ? Pathétique et révélateur d'une organisation hiérarchique paternaliste qui favorise une fois de plus l'emploi d'hommes ! Derrière, on sait que Guimier est à la manœuvre pour rationaliser une seule rédaction pour Radio France. Oublié le mode-projet (à géométrie variable).

Ce n'est plus une mue, sire, c'est une révolution (4). Ce n'est qu'un début…

Ajout du 27 décembre 13h,
Alors que le bon peuple festoie et se distrait il semblerait bien que la nomination de Catherine Nayl à la direction de la rédaction d'Inter soit un marchepied ! De court-terme "si la situation l'exigeait", de moyen terme si la loi audiovisuelle…

(1) Alors que toute la presse vous abreuve des "meilleur truc de l'année" et des "meilleur machin de la rentrée", je revisite les événements qui vont procéder du big-bang attendu pour après demain…
(2) Directeur de Cabinet de Madame Nyssen, Ministre de la Culture, et auteur du rapport qui porte son nom,
(3) C'est Guimier qui a nommé Four à ce poste créé pour l'occasion. Donc le "bravo"…

(4) Vanessa Descouraux, journaliste à France Inter écrit sur sa page Facebook "Radio France est morte"

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