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Ici, le vendredi, jusque fin juin 2018, en complément du feuilleton "société" publié chaque lundi, je vous raconte, quelques faits marquant de "la vie culturelle" de l'époque. À travers les livres, les films, les disques qui ont marqué la révolution culturelle qui couve. Avec des archives audio radio en exclusivité, les sources de la presse nationale et régionale, et… mes propres souvenirs.
Agnès Varda |
13. Varda/Hendrix : duo improbable
En 1962, Agnès Varda sort son premier long métrage "Cléo de 5 à 7" (assistant Marin Karmitz). Même si cela intervient six ans avant 68, on peut dire sans craindre de se tromper que Varda pose les bases d'une prise de conscience féministe. Cet engagement libre et volontaire, et même volontariste, elle le poursuivra jusqu'à aujourd'hui, tant dans ses films que dans ses prises de parole. Au "Masque et la Plume" du 26 avril 1962, vous entendrez Yvonne Baby, journaliste au Monde (1) revendiquer que ce film n'est pas "un film de femme", classification qui permettait aux hommes de se dédouaner de toute auto-critique.
Mais surtout Varda tord le cou à l'expression "5 à 7", ce moment de 17 à 19h où un homme et une femme se retrouvaient "à la sauvette" pour un acte sexuel extra-conjugal. Varda montre en prenant un parti affirmé pour la femme qu'elle peut de "5 à 7" avoir des préoccupations beaucoup plus importantes et plus graves de ce qu'en retient l'expression populaire.
Alors que la cinéaste vient de se voir remettre un Oscar pour l'ensemble de son œuvre, tachez de faire tout votre possible pour revoir "Cléo de 5 à 7". Ce film a la patte Varda et toute sa place dans la Nouvelle-Vague trustée par les hommes. Il est bon d'entendre Charensol dire "Ce film fait de Varda un très grand précurseur…"
Et en prime Varda et Corinne Marchand par Michel Polac (23 juillet 1966)
Hendrix, météorite fulgurante
Le 1er décembre 1967, Jimi Hendrix sort son deuxième album (et le deuxième de l'année) "Axis : Bold as Love" avec son groupe The Jimi Hendrix Experience. Cet été, Le Monde, a publié une série - 1967, révolutions pop - dans laquelle Maxime François écrit : "Qui est donc Jimi Hendrix, lorsque le Rolling Stone Brian Jones le présente sur la scène du festival pop de Monterey (Californie), le 18 juin 1967 ? « Je crois que 99 % du public n’avait pas la moindre idée de qui nous étions », estime Mitch Mitchell, le batteur du groupe The Jimi Hendrix Experience, dans le documentaire de D. A. Pennebaker consacré au grand rassemblement du « Summer of Love » américain. Celui-ci va constituer un moment-clé dans l’ascension fulgurante du guitar hero, impulsée neuf mois plus tôt à Londres par Chas Chandler, l’ancien bassiste des Animals, devenu producteur d’Hendrix depuis leur rencontre dans un bar de Greenwich Village, à New York." (2)
Hendrix aux puces de St-Ouen en 1967 © Dister/Dalle |
Comme Varda, Hendrix, libre, ne s'enferme dans aucune chapelle musicale. Il explore sans limite et change la face de la musique laissant sur le cul bon nombre de groupes phare du rock, à commencer par les Stones et les Beatles. Hendrix porte bien plus qu'une révolution musicale tant il va participer à la révolution des esprits. La guitare de Guthrie disait "Cette machine tue les fascistes", celle d'Hendrix pouvant être interprétée par "les États-Unis détruisent tout au Vietnam je peux bien détruire l'hymne américain", comme il le fera à Woodstock à l'été 69. En écrivant cela je suis conscient d'enfoncer des portes ouvertes. Je vous donne quelques pistes, à vous de les explorer ou pas…
(1) Première femme chef de service au Monde nommée en 1971 par son directeur Jacques Fauvet pour diriger le service culturel et qui assistera aux conférences de rédaction où ne se tiennent debout que des hommes. Baby obtiendra en 1967 le Prix Interallié avec son premier roman, "Oui, l’espoir" (Grasset).
(2) "Et les dieux du rock créèrent Jimi Hendrix", 25 août 2017.
"Monterey pop" de D.A. Pennebaker
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