mercredi 25 septembre 2019

T'as voulu voir Anvers… (et t'as vu Chaumelle, Beurotte, Dalmar)

La première chose que je fais le matin en me réveillant : je consulte les rediffusions des "Nuits de France Culture" et je lance la réécoute de telle ou telle émission (1). Hier matin je lis sur ma petite machine "L'usage du monde - Anvers, la fin des années nonante" (2). L'usage du monde ? Je crois bien me souvenir qu'il s'agissait d'une émission de Marie-Hélène Fraïssé, la voyageuse. J'ai du chercher pour retrouver qu'elle était diffusée le dimanche ! C'est parti pour l'usage du documentaire (ici appelé reportage).


L'Escaut

















Philippe Garbit, le Grand Maître des Nuits m'apprend que l'affaire est signée Chaumelle, Beurotte, Dalmar (3). Je connais les trois, et je souris. C'est sympa de retrouver une équipe de réalisation. Mais ce qui l'est encore plus c'est de retrouver, une patte, une couleur, une marque de fabrique, un ton France Culture. On est dans la même veine que celle du "Pays d'ici", de la "Matinée des autres", et autres "Changement de décor". J'ai dit un ton je devrai dire aussi un tempo. Chacun au micro s'emploie à installer le décor et quand ça donne ça, c'est vibrant :

"Mais voici des rues noires. Des chaussées que l'on dirait faites avec de la poussière de charbon. Des maisons crasseuses, saurées. Une foule de petits cabarets louches, de petites auberges borgnes, de petites boutiques. D'étranges petits comptoirs tassés les uns contre les autres. tout un mouvement trépident de tramways qui cornent, de locomotives qui sifflent, de lourds camions. Et des figures boucanées, des figures exilées. Des figures d'autre part, de nulle part et de partout ! Des entassements de sacs. Des piles de caisses, des barriques roulantes et des douaniers affairés, méfiants qui, contre de pauvres choses mortes lancent leurs sondes comme des baïonnettes en vertu de ce principe que le commerce c'est la guerre.

Et tout cela sent la suie, le poisson salé, l'alcool, la bière, l'huile grasse, le bois neuf, le vieux cuir et l'orange. Et voici les docks par-dessus lesquels des vergues et des mâts se balancent. Le long desquels des grosses cheminées développent sur le ciel la noire chevauchée de leurs fumées. Et, de place en place, par un échappement de lumière entre de lourds madriers. Entre de grosses silhouettes sombres, voici clapotées, moutonnées les eaux saumâtres de l'Escaut. C'est le port." (4)

On y est non ? J'ai jamais vu Anvers (Ostende, oui) mais le trio m'a donné envie d'y aller et peut-être, qui sait, de descendre l'Escaut ? J'ai passé une heure formidable. Une heure simple et riche. Une heure où mon imaginaire à pu faire usage du monde. L'occasion pour moi de rendre ici hommage à Marie-Hélène Fraïssé. Cette radio-là, toutes ces années-là a changé ma vie et je ne laisserai personne dire que c'est du passéisme (5) !


(1) Il y a lurette que je suis sevré des Mâaaatinnales à l'entonnoir !
(2) 1ère diffusion : 4 avril1999,
(3) Producteur, Ingé-son, réalisateur,

(4) Octave Mirbeau, "La 628-E8", Fasquelle, 1907. Premier roman automobile de la littérature française,(le titre est l'immatriculation de la voiture). Lu par Lionel Robert,
(5) Un individu m'a récemment apostrophé sur FB en me traitant de "passéiste" car j'avais osé dire la nullité absolue des roucoulades de Mathilde Serrell

2 commentaires:

  1. Merci Fanch' pour cette belle écoute.
    Nous n'avons pas travaillé pour rien (toute cette belle équipe...) et CA RESTE!!!!
    Retrouvons ces rythmes et ces respirations, pendant qu'il en est temps.
    Amicalement
    Marie Hélène Fraïssé

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    1. Merci Marie-Hélène, ce fut aussi un très bon moment pour moi ;-)

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