À force d'écoutes attentives et scrupuleuses je vais tenter de comprendre le fonctionnement du 9/10 de France Inter. Oui le 9/10 qui contient le journal de 9h, une chronique média, le 9h10 (sic) et à 9h30, Totémic. Trois choses différentes qui, à elles seules, auraient pu faire un … magazine. Mais n'anticipons pas.
Caser… dans la case
La nouvelle directrice, Adèle Van Reeth, le 30 septembre, assume et défend devant la médiatrice des antennes "sa" nouvelle grille et ses ajustements. Soit mais l'auditeur, l'auditrice continuent d'écouter le programme et peut-être comme moi s'interrogent-ils sur le rythme, le tempo, les voix d'un 9/10 qui visiblement auditivement demanderait encore quelques ajustements… et pas qu'à la marge ?
9h-9h10
Un journal ramassé de quatre minutes (1), puis une chronique médias qui a existé trois semaines dans Zoom Zoom Zen, - titre improbable -, la nouvelle émission de Matthieu Noël (16/17). Pourquoi pas une chronique de plus (en plus) ? Mais ces trois minutes c'est aussi trois minutes en moins pour la chronique suivante…
9h10-9h29
Ça s'appelle L'invité de 9h10 et remplace, Magma (9h04-9h29), qui, au bout de trois semaines, a fondu comme neige au soleil (2). Une telle originalité de titre laisse pantois quand à fortiori l'animatrice de l'émission, Sonia Devillers est convaincue qu'un titre en radio c'est important. Aucune émission d'Inter n'est sans invité. On mesure donc combien ce titre est plat et fade.
Devillers n'a rien changé de ses façons dynamiques, enthousiastes et intrusives d'animer ses entretiens. Très surexcitée, emballée et à quelques exceptions près en totale empathie-admiration devant ses interlocuteurs. Ces derniers toujours en phase médiatique élevée, dans l'actu, si bien que leur place (case) est toute trouvée dans une matinale… d'actus !
9h30-10h
À la rescousse Rébecca Manzoni a accepté d'animer cette tranche (autrefois tenue par L'Instant M, 9h40-10h). J'écris à la rescousse car le départ inattendu d'Augustin Trappenard et son Boomerang (2014-2022, 9h07-9h40) a surpris la Direction. Jusqu'au 1er juillet date de sa dernière, il laissait entendre qu'il continuerait ailleurs sur la grille. Las, Manzonni qui a animé en quotidienne Eclektik deux saisons (2004-2006, 9h05-10h) connait la chanson ! Vous l'aurez compris, je veux dire a toute sa place dans une case du matin juste après la très, très, très longue session d'info (5/9, puis 5-9h30).
Totémic, après un temps de rodage, a trouvé ses marques. Lundi, mardi, jeudi en studio. Mercredi L'échappée (chez un ou une artiste en vogue). Vendredi en studio et en public. 30 minutes, c'est court quand on imagine - à raison - que Manzonni tiendrait la cadence sur 55'.
Rythme et tempo
Imaginez que vers 9h30, le facteur sonne (toujours deux fois), votre voisine vous hèle pour vous demander des nouvelles de votre rhume ou que vous soyez au téléphone depuis 5'. Puis, libéré-e de ses impondérables vous reprenez l'écoute… Si vous n'êtes pas très attentif, attentive vous pourriez vous laisser porter par une voix féminine qui interviewe une fois féminine (ou masculine). Bien sûr la voix, le rythme, le ton de Devillers n'ont rien à voir avec ceux de Manzonni. Mais le procédé d'interview est le même. Manzonni élabore-produit beaucoup ses émissions, Devillers joue le jeu du face-à-face. Mais il y a une certaine forme de continuité et l'ensemble, malgré la personnalité des deux productrices, n'est pas assez tranché. Sans écoute soutenue on est à peu près sur la même ligne… Des vedettes se racontent. Coller les deux émissions n'apparaît pas assez distinctif.
C'est quoi ce découpage ?
En 2014, Schlesinger, directeur éditorial des sept chaînes de Radio France invente (3) le découpage du 9/10 en deux sets distinctifs. Un homme (Trappenard), une femme (Devillers) pour une émission culturelle et une émission médias. Pourquoi pas ? Devillers s'en sort très bien en jonglant avec un… 18'. En 2022, France Inter redécoupe la tranche 9/10 et… laisse perplexe. Devillers a perdu (depuis Magma) 3' et doit en plus intercaler une chanson. Manzonni nous laisse sur notre faim/fin quand on sait qu'elle a le jus pour tenir plus longtemps.
Bilan : nécessité à la rentrée de janvier de revoir le découpage/saucissonnage de la tranche 9/10. Et peut-être remettre au goût du jour Le magazine (4) qui dès la rentrée 1969 jusque loin dans les années 2000 a fait les belles heures de France Inter ? À moins que le flux n'ait plus aucune importance et que ce qui compte absolument ce soit l'écoute délinéarisée (soit le replay, soit le dieu podcast). Se pose alors la question "Comment Adèle Van Reeth veut-elle qu'on écoute France Inter ?" Ou plutôt "Comment Laurent Frisch (5) veut-il qu'on écoute la radio ?" Un indice : sur la page dédiée de chacune des émissions la réécoute est proposée "Provenant du podcast" suivi du titre de… l'émission !!!!!!!!!!
En clair, il n'y aura bientôt plus d'émissions mais des collections (infinies) de podcasts qui entraîneront la disparition des programmes. D'ores et déjà les auditeurs nostalgiques de l'œil du tigre de Philippe Colin (pas le sien, son ex-émission) feraient mieux d'applaudir à tout rompre quand ce dernier produit plus de podcasts que d'émissions hebdomadaires qu'il animait dans une saison radiophonique.
Je transmets ce billet à Adèle Van Reeth des fois que mon écoute et mes analyses seraient susceptibles de participer à la réflexion collective. À bon entendeur, salut !
(1) quand depuis 2014 il en faisait plutôt 5' voire 6' et qui imposait à Boomerang de ne jamais démarrer avant 9h07,
(2) "Vous savez, une grille d’antenne n’est jamais complètement fixée. C’est comme un organisme vivant qui a besoin parfois d’un médecin pour venir ausculter le bon fonctionnement de chaque membre et de chaque partie. Et qui, quand on commence fin août et que la grille est lancée, surtout quand il y a des nouvelles formules, a besoin d’ajustements d’auscultation très proche pour essayer de faire en sorte que la meilleure mécanique soit trouvée." (Adèle Van Reeth, RV avec la médiatrice, 30 septembre 2022, France Inter),
(3) Avec sûrement le grain de sel de Laurence Bloch, la nouvelle directrice de France Inter (2014-2022),
(4) Dont Pierre Bouteiller s'est fait le chantre sur France Inter,
(5) Directeur du Numérique et de la Production.
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