mardi 24 mars 2015

Le feu au lac…

Mathieu Gallet, Pdg de Radio france
















Y'a l'feu au lac ! Et pourvu qu'Anne Hommel (1) ne rapplique pas avec sa lance à incendie ! Vendredi dernier un peu plus d'une heure après le début de sa confrontation avec les salariés de Radio France son Pdg, Mathieu Gallet, pose son micro et quitte la scène ! Pathétique et théâtral (2). Sûr de lui et surtout incapable de prendre la mesure du désarroi qui plombe l'Auditorium. Quand on laisse écrire partout qu'on est un manager, il conviendrait peut-être que le dit manager sache adopter une posture pour s'adresser au personnel. S'asseoir en bord de scène est pour le moins incongru, pour ne pas dire absolument invraisemblable. La fonction n'oblige-t-elle pas à savoir se tenir ?

Et voilà qu'hier matin la Présidence de Radio France déclanche le plan OrSec (3) de la com'. Lettre aux salariés, interview dans Le Monde (4), décision d'un moratoire sur les travaux, ... 

Pourquoi cette décision hâtive et soudaine d'un moratoire n'a t-elle pas été annoncée vendredi à l'A.G ? Mieux, pourquoi le Pdg n'a t-il pas pris cette décision quelques mois après sa prise de fonction en mai 2014 ? Cela fait des années que le personnel doit supporter les contraintes d'un chantier qui n'en finit pas. Nuisances sonores, déménagements fréquents, délocalisation à Mangin (5). Ce mouvement permanent et persistant ne participe-t-il pas pour le personnel a créer les conditions de l'insécurité morale, du stress ainsi qu'une perte continue de repères professionnels ?

Qui donc a pu imaginer une opération de réhabilitation sans, en contrepartie proposer une organisation rigoureuse pour permettre au personnel d'assurer ses tâches de production dans des conditions correctes ? Une fois encore on dirait que la fonction radio est "accessoire", passe après, tant les contraintes de chantier s'imposent au fonctionnement normal d'une entreprise de création radiophonique.

Depuis le début des travaux en 2006 sous l'ère Cluzel, et l'ère Hees en suivant, on dirait qu'aucun de ces deux Pdg n'a pris la mesure du poids écrasant de ce chantier pour préserver de bonnes conditions de travail et assurer le personnel de leur bienveillance respective. Le pompon a été atteint quand le Pdg et les équipes de réhabilitaion du bâtiment ont été jusqu'à imaginer l'externalisation des studios "moyens"

Ne serait-ce pas l'âme même de la maison qu'on externaliserait en engageant un tel processus  ? 

Copie d'écran de la une du Monde 24/03/15














Et de finir par se demander pourquoi la Maison de la radio aurait été créée si ce n'était pour rassembler, en un même lieu, l'ensemble des bureaux et studios disséminés dans Paris depuis les origines de la Téléphonie Sans Fil jusqu'en décembre 1963 (6).Les démarches empiriques successives concernant le chantier perturbent le fonctionnement même de la radio. Y a-t-il un pilote dans l'avion ? Le CSA a t-il mesuré toute la complexité de faire cohabiter chantier et fonctionnement des antennes ? Cela a t-il été pris en compte pour la "mission" que le CSA a donnée à Mathieu Gallet ? Ou plutôt le projet d'entreprise de Gallet a t-il pris en compte la finalisation du chantier dans sa dimension technique, fonctionnelle et humaine ? On est enclin à se le demander au vu des événements récents qui semblent avoir atteint un point de non-retour lors de l'AG du 20 mars dernier.

N'oublions pas le leit-motiv de M. Gallet de tout vouloir remettre à plat ou de partir de zéro. N'étant sûrement pas un adepte de "L'An 01" (7), on imagine mal le Pdg engager une réflexion "participative" avec l'ensemble des collaborateurs salariés. "Remettre à plat" les studios moyens ce serait les condamner à mourir et condamner les professionnels à "courir la campagne"… pour exercer leurs métiers. L'unité géographique, humaine et sociale, sise à la Maison de la radio, exploserait quand force serait de constater que le public disposerait lui de vastes espaces (la rue traversante de la porte A à D, l'agora,…).

Le tambour médiatique à charge ou à décharge (8) est en train d'inventer un nouveau cocktail : un peu de la théorie du complot version Guillaume, une bonne louche de ratage du Csa, quelques zestes de nervosité du côté de la rue de Valois (Fleur Pellerin), un soupçon de comedia dell'arte, quelques épices pour le-la futur-e Président-e de FTV, et tous les ingrédients de la société du spectacle sont réunis. Ce coktail explosif risque de faire quelques dommages collatéraux et l'épaisseur de la moquette du bureau du Président Gallet ne pourra suffire à elle seule à amortir le choc.

Une pétition en soutien au mouvement social à Radio France. 

Lors de l'AG du 20 mars 2015

(1) "Ancienne d’Euro RSCG, spécialiste de la communication de crise, a régné pendant plus d’une décennie sur l’agenda médiatique de Dominique Strauss-Kahn." in L'Opinion, 15 janvier 2015,
(2) Au moins Giscard avait-il dit "Au-revoir" en quittant son fauteuil le 21mai 1981,
(3) ORganisation des SECours,
(4) Édition datée 24 mars 2015,

(5) Immeuble proche de la maison de la radio, qui pendant dix ans a hébergé France Inter, aujourd'hui France Bleu,
(6) Inauguration de la maison de la radio par le Général de Gaulle, Président de la République,
(7) Folio, voir aussi le film éponyme de Jacques Doillon (1973),


(8) Dans l'Express, repéré par Éric Schulthess, Renaud Revel joue les plaideurs. C'est tout juste si à la fin de son article on a pas envie de créer une association de défense ou un remake d'un Spielberg bien balourd "Il faut sauver le soldat Gallet",

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