Adam White |
"Au moment où Motown trouvait son rythme créatif, la radio du début du rock'n'roll, qui reposait sur la personnalité de présentateurs en roue libre, cédait le pas à des cadres beaucoup plus définis. La musique était désormais choisie par des directeurs de programme, et non plus individuellement par les animateurs. C'était une des conséquences du gros scandale des pots-de-vin révélé en 1959 : quand il devint illégal de payer les animateurs radio pour qu'ils diffusent tel ou tel disque… la quête d'audience prit d'avantage d'importance : désormais, les disques ayant fait leurs preuves sur les stations R'n'B étaient souvent repris par les radios du Top 40." (2)
Ci-dessous, la série complète des simples des Temptations entrés dans le Top 20 entre 1964 et 1973 dont leur n°1 avec Diana Ross & The Supremes (pages 108 et 109)
On est bien aux États-Unis. La machine économique est dans les pas de la création musicale. Pour que les teenagers (et les adultes) achètent les disques il faut une promotion colossale en plus des tournées. White montre en détail le "processus" Motown, de l'amont (écriture des chansons) à l'aval (la distribution). Pour ce qui concerne la fabrication d'un hit il écrit : "Dès les premières mesures "My guy" [1964] vous harponne. Une première ligne de cuivres aussi chatoyante qu'un lever de soleil mène droit à une explosion de percussions, puis Mary Wells glisse avec désinvolture sur les claquements de doigts pour raconter une histoire (3) toute d'attachement et de fidélité. "Tout vient de ce premier vers, de ce "rien ne peut m'arracher", expliquait Smokey Robinson, son auteur et producteur. Robinson a ciselé des paroles associant amour, lettres et timbre-poste, l'illustration même de la logique narrative apprise de Berry Gordy dès leur première rencontre." (4)
Ce souci du détail, White le développe tout au long des 400 pages de ce livre. Mais pour ce qui va suivre préparez vos mouchoirs, vous n'allez pas tarder à entendre siffler le train. "Le développement mondial de Motown alla de pair avec un nouvel intérêt porté aux imports, du moins au travail de la star française (sic) Richard Anthony. Quelqu'un de Detroit - peut-être Gordy en personne, selon Anthony - avait entendu une démo de sa chanson "I don't know what to do"… Quand il apprit qu'on s'intéressait à lui à Detroit, Anthony fut tout excité, d'autant plus quand on lui annonça que Schiffer avait pris l'avion pour Paris. Anthony envoya une Thunderbird de sa collection personnelle pour amener l'avocat chez lui… Berry Gordy annonça la signature [du contrat] lors du vin d'honneur qui suivit le concert de l'Olympia "(5)
L'épilogue (page 376) est titré "Motownopoly" et en sous-titre "Vous êtes nommé Président de Motown ! Payez 25 dollars à chaque joueur." Tout est dit. Il était tentant d'adapter le célèbre jeu Monopoly d'origine américaine à la compagnie Motown avec toutes les étapes de création d'un hit. La cerise (de la reconnaissance) sur le gâteau ! Vous trouverez ici l'interview qu'Alan White a donnée à RFI et le "Reach out" des Four Tops que le magazine "Rolling stone" a classé parmi les 500 plus grands chansons de tous les temps.
(1) Otis Williams des Temptations in "Motown" par Alan White, Textuel, 2016,
(2) Page 32,
(3) C'est moi qui souligne,
(4) Page 131,
(5) Page 187.
Michael Jackson Newsweek magazine 6 Juillet 2009 (après son décès) |
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