samedi 15 avril 2017

Jean Lebrun, Laurent Le Gall : quand un historien rencontre…

Pâques beau. Ce billet j'ai eu envie de l'écrire après avoir écouté Laurent Le Gall, hier chez Jean Lebrun, à France Inter. Laurent Le Gall qui, quand il n'enseigne pas l'histoire à l' Université de Bretagne Occidentale (UBO, Brest), se pique de radio et fait vivre, avec salariés et bénévoles, le Festival Longueur d'Ondes dont il est président. Écrire aussi, parce que quelques anecdotes - radiophoniques - ont émaillé la conversation des deux historiens.



"Pour que nos auditeurs sentent que vous êtes un historien patenté, même si aujourd'hui vous allez être un électeur impudique…" La petite ritournelle du manège Lebrun est lancée. Le producteur a tiré son "chapeau", à l'invité de savoir tirer son épingle du jeu. Et Lebrun, après avoir fait dire à Le Gall le titre d'une précédente publication, laisse tomber "C'est dire si cette émission va être sérieuse". Les dés sont jetés. Roulent petits bolides.

Pour répondre à Lebrun, qui lui demande si d'avoir voté la première fois ne lui a pas donné le sentiment de "s'être agrégé à la communauté nationale ?", Le Gall, connaissant bien son interlocuteur ne peut se contenter de répondre par oui ou par non. Et l'historien d'envoyer du "démophilie" (1), du "démopédie" (2) et de nous inciter à foncer dans le dico. Lebrun nous avait prévenu cette émission va être sérieuse. J'aime les mots. Je me régale. Mais Le Gall en profite pour dire que "non, la plupart du temps les gens ne se souviennent pas de leur "première fois… électorale" et qu'il n'y a pas ce rituel d'agrégation à une communauté, tel qu'on nous l'a enseigné dans les manuels de la IIIème République".

Lebrun est prévenu, le jeune historien a l'art de la rhétorique, ce qui bien sûr n'est pas pour lui déplaire. Lebrun va pouvoir jouer au chat ET à la souris, alterner les choses savantes et les illustrations sonores. Après Rohmer et un extrait de "L'arbre, le maire et la médiathèque", on entend une ambiance de foule, confuse. Le Gall reconnaît dans le reportage de Carole Pither (3) une mayade/maillade (4). Si je connais cette tradition je connais encore mieux Claude Villers et Carole Pither qui, à eux deux ont fait quelques beaux soirs de la radio publique dans les années 70.

Les deux historiens aiment la radio. Ça s'entend, ça se sait et "ça se voit". Je ne manquerai pas de dire à Claude Villers, dans quelques jours, qu'il existe (encore) des producteurs qui ont le sens des archives sonores et savent dénicher le son qui fait tilt ! Villers avait le sens du voyage, de l'ethnologie, de l'histoire et surtout le sens de la transmission. Ici les trois feraient la paire, quand Le Gall raconte comment la tradition populaire de la chanson s'imprègne et traduit les événements politiques "Qu'est ce que tu dis François du gouvernement, le commerce va mal pour le paysan" (5).

Avant le 23 avril… empressez-vous de lire "A voté" !

(1) Un démophile est quelqu'un qui aime le peuple, la foule,
(2) Relatif à l'éducation des populations,

(3) "Marche ou rêve", Claude Villers, France Inter, 1975-1977, 20h-22h, ici en Haute-Vienne, le 20 avril 1977. Villers en phase avec la vogue "régionaliste" on entend en début d'émission Gilles Servat, "Madame la colline", avant la parution du nouveau 33t du chanteur breton. On voit ici que les maisons de disques savaient sur quelles fréquences "les jeunes" étaient à l'écoute, et l'audience même dont elles bénéficiaient. Mais surtout je me rends compte que Villers faisait le "Pays d'ici" avant le "Pays d'ici", celui de France Culture,

(4) Élévation d'un pin décoré appelé "may" pour l'élection d'un maire ou d'un conseiller municipal, 
(5) Toute ressemblance avec l'actualité serait absolument fortuite !

"A voté", une histoire de l'élection, Laurent Le Gall, Éditions anamosa, 2017,

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