Vendredi dernier, Sonia Devillers, recevait sur France Inter, Pierre Lescure pour parler cinéma (1), et comme souvent c'est, autant sa passion qu'il ne manquera pas d'évoquer que, les autours de sa vie qui font - et feraient - matière à conversation. Sauf qu'ici, on subit l'exercice formaté de l'interview, ajouté à une intervieweuse qui aimerait en dire encore plus que celui qu'elle interviewe. Lescure répond et j'ai voulu creuser quelques uns de ces "autours".
Film de Douglas Heyes (1966) |
Évoquer le cinéma avec Lescure, c'est forcément évoquer Canal +. Dont le premier directeur général peut avec gourmandise préciser l'excitation d'être face à la page blanche au tout début des années 80. Années 80 qui, pour préparer la fin du siècle, ont bien besoin d'une onde de choc pour réveiller la belle endormie télévision. La page blanche qui n'a pas, sur la durée, si bien profité aux créateurs radiophoniques à quelques exceptions près (2).
Évoquer les débuts de Canal, c'est évoquer Alain de Greef, le directeur des programmes qui, après avoir fait ses armes à l'ORTF, travaille à quelques émissions d'Antenne 2 et à la mythique Les enfants du rock où avec Lescure ils cisèlent les empreintes de plusieurs émissions à venir sur la chaîne payante. De Greef peut "En toute liberté, [il peut] enfin donner libre cours à sa conception de la télévision, où les émissions ne sont pas formatées et soumises à la sanction de l’audience." (3)
"Pas formatées", "Soumises à la sanction de l'audience", ah ah ah ! On pleure. Aucun risque que la superformateuse Sibyle Veil, Pédégère de Radio France, ait le début du commencement d'un soupçon d'imagination pour visualiser l'exacte contraire du haut formatage qu'elle encourage et promeut sur les sept chaînes du service public. Quant à la sanction de l'audience ce n'est plus une soumission (ici librement consentie) mais une adoration absolue, une génuflexion permanente devant ce qui est devenu le seul indicateur-ligne-de-conduite de Radio France (4).
Comme quoi à bien écouter la radio, autour des questions "formatées" on en apprend beaucoup en parlant d'autre chose et de la télé, sur les effets boomerang que la radio ne manque pas de se prendre en s'inféodant, sans aucune soumission, à la tyrannie de l'audience en cultivant sa frilosité absolue pour ne pas oser la page blanche.
(1) France 2, le dimanche , 23h05,
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