Fin mars 1968, deux grandes radios généralistes nationales, Europe n°1 et France Inter, - indépendamment du mouvement étudiant démarré le 22 mars et qui donnera lieu le 13 mai à la grève générale dans toute la France -, décident d'apporter des changements à leur grille de programme respective. Europe n°1 en plein milieu de semaine, le jeudi 28 mars, France Inter les samedi 30 et 31 mars 1968. Dans les deux cas, nous le verrons, il s'agit de la part des deux dirigeants de ces radios, de très bonnes intuitions. Les nouveaux programmes seront des marqueurs générationnels et ces émissions s'inscriront au patrimoine radiophonique.
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Codou et Garretto |
Campus, François Jouffa, 20h20/22h, Europe n°1
Maurice Siegel, le patron de la station a du pif. Alors que les étudiants parisiens commencent à s'agiter, il imagine proposer chaque soir à l'antenne, de débattre en public, de sujets de société qui percutent la France, l'Europe ou le Monde. C'est à Jouffa très jeune reporter que Siegel confie le micro. Pour un incident diplomatique (1) Jouffa sera viré au bout de trois semaines (de l'émission, pas de la station) et remplacé par Michel Lancelot. Qui mettra sa marque à l'émission et fidélisera des milliers d'adolescents et de jeunes adultes.
TSF 68, Jean Garretto et Pierre Codou, France Inter
À l'automne 67, Roland Dhordain a quitté la radio pour prendre la direction artistique du Club Méditerranée. Guy Bégué assure les fonctions de directeur des programmes. Il propose aux producteurs d'opérations spéciales à l'ORTF, Garretto & Codou, de réfléchir à un programme pour les fins de semaine. Le samedi 30 mars à 14h démarre "TSF 68". Ce sera jusqu'au dimanche 19h, treize heures de programmes où l'heure juste n'est plus le maître étalon de la création radiophonique. L'émission qui a la rentrée 71, prendra le nom de l'Oreille en coin, sera à l'antenne jusqu'à la rentrée 1990, soit vingt deux ans d'"une radio dans la radio" !
Dans les deux cas, on constate, la facilité d'adaptation du média radio à l'offre aux auditeurs et une adaptation rapide à l'air du temps. Quand aujourd'hui tout est verrouillé, normé, médiamétré au point que la radio publique (et privée) a perdu sa fonction de laboratoire et de recherche. Que les canards continuent de cancaner C'était pas mieux avant. C'était pas mieux avant mais… on était plus libres.
(1) Lire aussi, "60 ans au poste. Journal de bord d'un auditeur", Fañch Langoët, L'Harmattan, février 2023,
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