"Un média de service public n’est pas fait pour l’audience mais pour remplir des missions qui sont de faire vivre des valeurs de démocratie, de culture et de création." Jean-Paul Philippot, administrateur général de la RTBF (Radio Télévision Belge Francophone)
jeudi 22 novembre 2012
Aragon magnétique…
Et "La marche de l'histoire" (1) d'engager son chemin vers la comète Aragon qui de biographies, en somme à la Pléiade (2) n'en finit pas de dévoiler le poète aux multiples facettes. L'affaire est colossale mais Jean Lebrun a l'habitude des synthèses. Malgré "tout ce qu'il y aurait à en dire" il réussit avec Daniel Bougnoux, son invité, à semer quelques petits cailloux blancs (qu'il faudra prendre le temps de ramasser si l'on veut en savoir plus), à illustrer l'évocation de ses poèmes de deux chansons (3), à citer Pierre Juquin (4) et quelques autres publications à venir, notamment les interventions qu'Aragon a pu faire à la radio.
Lebrun applique à la lettre la façon d'Aragon d'être "brouillé avec la chronologie" et chevauche un panorama flamboyant du poète surréaliste, communiste et… homosexuel sur la fin de sa vie. Le tout avec vivacité sans avoir l'air de se presser ou de "vouloir dire tout à tout prix". Bougnoux se prête au jeu et l'affaire est entendue. Comprendre l'affaire est à entendre, donc à (ré)écouter. Et caracolant moi-même après le lièvre que j'ai levé en début de semaine, je reste dubitatif. Comment après un si bon moment de radio (4) s'en tenir là si Lebrun et Bougnoux ou Bougnoux et Lebrun nous ont carrément donné envie de replonger dans Aragon, et ce jusque dans son invraisemblable "carnaval" ou dans cette citation, dite par Lebrun, pour évoquer le surréalisme "L'humanité rêve en chacun de nous".
Or donc, je ressors la thématique débusquée hier, j'attends quelque part (sur le site de France Inter ou ailleurs) des compléments qui enrichiront l'émission initiale, je guette le player qui me permettra de compiler tout ce que j'aurai trouvé à entendre (5), et cours à l'horloge parlante lui demander impérativement de ralentir de moitié le temps qui coure, de façon à pouvoir lire un peu plus de deux pages par jour de tous ces livres "aragonesques" qui me démangent l'esprit.
Que doit-on faire avec des émissions qui enrichissent quotidiennement notre petite besace intellectuelle ? Doit-on se contenter de l'écoute et/ou de la (ré)écoute une fois, deux fois, trois fois, quand ceux qui préparent ces émissions avalent eux-mêmes moult et moult documentations ? Doit-on superposer ces richesses radiophoniques et les laisser s'incruster ou non dans notre mémoire, au risque de les voir disparaître "à jamais" ? Doit-on laisser faire et prendre simplement la radio comme elle vient ?
Ou, last but not least, doit-on attacher quelques casseroles au pare-choc de sa voiture pour ne plus avoir à entendre qu'un tintamarre inaudible de bruits de ferraille, couvrant à peine le bruit que savent faire quelques furieuses radios elles-mêmes, histoire de se sevrer une bonne fois pour toutes de ses addictions radiophoniques ?
Lebrun et Bougnoux me pardonneront d'avoir profité de leur merveilleux Aragon pour entonner ma petite ritournelle existentielle ! Mais peut-être que l'un et l'autre sauraient nous dire "comment faire ?" Et vous-même mes chers auditeurs comment faites-vous ?
(1) France Inter, du lundi au vendredi, 13h30-14h,
(2) Œuvres romanesques complètes, Tome 5, 2012
(3) Ferré "L'étrangère", Léotard "Est-ce ainsi que les hommes vivent",
(4) Aragon "Un destin français" Tome 1, Le temps des rêves, 1897-1939, Éditions de la Martinière, 2012,
(5) Histoire de me faire un "Bon plaisir" ,
(6) Je connais le sujet, un peu de l'œuvre romanesque de l'écrivain, ai lu déjà une biographie, et ne demande qu'à en lire une autre…
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"Doit-on laisser faire et prendre simplement la radio comme elle vient ?"
RépondreSupprimerA cette question j’ai plutôt tendance à répondre par l’affirmative. Je n’entends pas la radio comme l’Alpha et l’Omega de la connaissance ou du divertissement. J’entends la radio comme « Art » à part entière.
Je n’entends pas non plus la radio comme art de la compilation des savoirs mais comme un bruissement ténu à mes oreilles. C’est parfois une invitation au voyage, une voie romaine offrant l’appui de ses pavés disjoints pour franchir les sables d’horizons indépassables. Une impasse parfois aussi car on ne gagne pas à tous les coups au jeu de l’écoute. Tout ne saurait séduire uniformément. La radio comme elle vient est une jolie formule ; et même si l’élaboration de la radio reste un acte complexe, elle ne peut nous atteindre et nous séduire que par la simplicité.
Petit ajout pour le plaisir : Ce qui se conçoit bien s’énonce facilement et les mots pour le dire viennent aisément.
J’importe ici cette maxime qui ne concernait évidemment pas la radio au temps où elle fut dite mais que j’applique volontiers à des hommes de la radio d’aujourd’hui et de demain tels Silvain Gire qui a encore brillé chez Dame Evin sur France Inter cette semaine.
Bonjour Fanch,
RépondreSupprimerDepuis quelques jours, mon iTunes affiche plus de 1000 podcasts. Je pense qu'un bon tiers reste à écouter... Dans les années 80', c'étaient nos cassettes VHS qui prenaient ainsi la poussière. De ce point de vue, le MP3 est un progrès !
Si ce player universel et illimité voit le jour, il faudra ajouter quelques zéros à ce nombre déjà colossal... ça donne le vertige, non ? Mais ça vaut le coup d'être tenté.
La preuve : j'écoutais ce matin un Mégahertz de février 2010.