mardi 6 novembre 2012

Montana 1910/1948…

En tout petit en bas à droite Miles City…









Montana. Tout de suite ça me parle ! À cause de Larry Watson et son "Montana 1948" (1) que j'ai lu toute une nuit à voix haute en alternant avec une autre voix que j'écoutais… Pour le plaisir d'une histoire à entendre même si celle-ci était tragique ! À cause aussi de Jim Harrison et de Philippe Garnier… Ces Amériques-là me vont bien et c'est plutôt des histoires réelles ou de fiction que j'ai envie d'écouter plutôt que les envoyés spéciaux pour Romney-Obama. 17h hier, Sur les Docks (2). Right, j'ai l'esprit ouvert, large comme le Montana (États-Unis d'Amérique), prêt à prendre la mesure de cet espace grandiose…

En 1990, Fred Pirat entreprend de faire raconter à Marie Delos (1897-2002) son émigration. Quittant la France et Paris à l'âge de 12 ans avec sa mère pour rejoindre son cousin dans le Montana. Vue l'époque on imagine immédiatement le riche témoignage de cette femme qui presque quatre-vingt ans plus tard, bien que rentrée il y a fort longtemps, a toujours belle mémoire pour évoquer leur périple. La belle voix de Marie Delos, ses façons distinguées et bourgeoises tranchent avec l'idée qu'on peut se faire d'une très jeune fille qui ayant vécu au rythme des pionniers, aurait pu perdre sa distinction et l'adapter aux mœurs en vigueur à cette époque-là. Il n'en fût rien. D'une riche famille d'industriels de la laine à Tourcoing, elle a gardé la mesure des propos, une pondération dans l'enthousiasme et un certain quant à soi de classe. C'est surprenant voir même inattendu, mais tout a fait dans l'esprit du personnage. On l'imagine, digne, réservée, pudique, intelligente et… charmante. Et cet "hors cliché" aurait mérité sûrement d'être développé sur la grande distance…

Car un des intervenants du documentaire explique que ce qui frappe en arrivant aux États-Unis c'est le changement d'échelle d'avec la France ou l'Europe. Le documentaire de Pirat ammorce juste le bas de l'échelle. À la dimension des 12 ans de Marie Delos, de celle ses quatre-vingt-treize ans, comme à la dimension démesurée de l'espace du Montana, on pouvait attendre de ce documentaire qu'il ouvre la porte d'un feuilleton à la mesure de cette histoire. J'ai du mal à ne me satisfaire que de cette presqu' heure au cours de laquelle Pirat pose des jalons, installe l'épopée pour, tout juste l'histoire esquissée, refermer le livre. Je suis sans doute influencé par le "mythe" de l'Ouest, par John Ford, par les récits évoqués plus haut. Mais cette "vieille dame" aurait pu sûrement nous en raconter un peu plus (3).

Voilà bien le paradoxe de la grille de France Culture lors d'une journée spéciale ! Que chaque émission soit dans le mouvement des "24 heures en Amérique" et en même temps que toute la grille reste calée sur des formats, des rythmes, qui ne correspondent pas aux sujets évoqués qui mériteraient un autre découpage, un autre tempo et bien entendu une autre dimension. Une fois de plus France Culture brandit une bannière (étoilée) mais s'enferme dans un schéma contraint quand il faudrait "faire voler en éclats" les heures et INVENTER, grâce à la richesse de la diversité des approches que proposent productrices et producteurs, d'autres passages, d'autres liaisons, d'autres croisements pluridisciplinaires. Pour BOULEVERSER les habitudes et les approches des auditeurs il faudrait que la chaîne donne l'exemple et accepte de se bouleverser. La seule étiquette de "24h dans l'Amérique d'aujourd'hui" ne peut suffire à rendre compte de l'Amérique d'aujourd'hui. Alors, plutôt qu'un titre en forme de slogan très éphémère, donnons les moyens à la chaîne de traverser l'Amérique et, sur la longue durée, rendre compte de ses évolutions, de ses faiblesses et de ses atouts. Et bien sûr de ses Histoires !

C'est forcément un challenge immense que vont pondérer immédiatement les restrictions budgétaires. Mais plutôt que de faire faire à chacun un très petit bout d'Amérique ne vaudrait-il pas mieux faire faire à un, deux ou trois producteurs une longue session d'Amérique ? Que cela ne vous empêche pas, mes chers auditeurs, d'écouter ce documentaire et de profiter de la belle histoire de Marie Delos car, qui sait, Fred Pirat a peut-être encore dans sa besace quelques bobines magnétiques qui ne demanderaient qu'a parcourir les ondes ?

(1) Gallmeister Éditions,
(2) "Une petite française dans la prairie" de Fred Pirat et François Teste, France Culture,
(3) Je ne suis pas sûr que les illustrations sonores extraites de films ou de téléfilms connus ne soient pas trop en "surplomb" du documentaire. Trop imagées, trop évidentes. Il en va de même des musiques. Reprendre le thème du "Cheyenne" (Jason Robards), d'"Il était une fois dans l'Ouest" d'Ennio Morricone, induit trop d'images caractéristiques pour ne pas "étouffer" celles de Marie Delos.

2 commentaires:

  1. bonjour j'ai un peu l'impression qu'elle n'avait pas grand chose à en dire, peut-être le temps qui s'est écoulé, peut-être étonnée qu'on vienne lui en parler 70 ans plus tard, d'où les interventions extérieures, et les illustrations sonores effectivement assez convenues...

    Sinon, à propos du Montana, il y a aussi le bouquin de Norman Maclean, "La part du feu" (Rivages), qui a inspiré une très belle chanson de James Keelaghan, reprise par Richard Shindell
    http://ecrivainsmontana.free.fr/bibliographie/maclean/maclean.htm
    https://www.youtube.com/watch?v=KgQNeGPJdcQ

    Bon week end

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    1. Merci pour cet apport et pour les liens. Bonne fin de semaine… à l'écoute de la radio !

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