"Un média de service public n’est pas fait pour l’audience mais pour remplir des missions qui sont de faire vivre des valeurs de démocratie, de culture et de création." Jean-Paul Philippot, administrateur général de la RTBF (Radio Télévision Belge Francophone)
vendredi 16 novembre 2012
Radio inside…
Hier j'écoutais une émission datant de quelques hier et qui passera à nouveau dans quelques demains (1). Mais ce fut un tel choc, une telle émotion que j'ai dû faire silence un bon moment après l'audition pour refaire "surface". L'intérieur était touché. Durablement. Et ce silence indispensable m'a permis de prendre toute la mesure de ce que je venais d'entendre. D'y repenser. Et de décider d'attendre, pour la réécouter, qu'elle repasse en flux pour garder intact une nouvelle émotion. Ces moments-là sont rares et personne d'autre que soi ne peut décider ou non d'installer ce silence démultiplicateur d'effets intérieurs envahissants. Personne et surtout pas la radio.
Radio qui inlassablement enchaînements sur enchaînements perpétue le flux sans jamais avoir osé émettre de silences… Silences immédiatement considérés comme des pannes, des défauts, des erreurs voire des catastrophes. Et pourtant ! Pourtant il fait bon guetter le/ les silences qui quelquefois émaillent les émissions où l'écoute est tellement tendue qu'on ne comprendrait pas pourquoi les silences n'en feraient pas partie. Les effacer reviendrait à trahir la parole de celui ou celle qui les exprime.
Alors dans le rythme d'une journée radiophonique il faudrait installer de vrais-faux silences, ou créer les conditions de "silences" qui permettraient à l'esprit de ne pas quitter tout de suite un sujet, une idée ou un personnage. Il faudrait se réhabituer au silence, s'imposer le silence pour que notre radio intérieure prenne le relais des ondes hertziennes.
D'ici la fin du mois je vais encore écouter beaucoup de choses, mais d'avoir "fixé" ce que j'ai entendu hier, en sachant que je vais bientôt le réécouter, me permet de ne pas laisser s'évaporer une émotion qui pourrait bien vite être submergée par une autre. Il a fallu pour cela que je prenne le temps d'y penser, de l'écrire tout en écoutant un silence absolument étourdissant.
Voilà ce que m'a fait parvenir Christian Rosset (producteur à France Culture) : "Travailler la radio comme le dessin" : "Le dessin ? C’est un silence noir sur le bruit blanc” (F.Pajak)
(1) Fin novembre, sur France Culture
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En risquant de me faire tancer pour aguichage intempestif, je trouve ta réflexion d'autant plus intéressante qu'elle résonne avec un article que nous préparons justement sur le sujet du silence à la radio. C'est le prochain, ou presque, sur la liste d'attente, donc en ligne dans moins de 3 semaines.
RépondreSupprimerPS : je suis très curieux de savoir quelle émission t'a mis dans un état pareil. C'est pour quand, les révélations ? parce que là, je trouve que tu pratiques un teasing quasi immoral.
Par dessus tout j'aime les surprises celles qu'on me fait, celles que je fais. Tu seras prévenu la veille comme mes chers auditeurs par une phrase d'accroche en bas de billet. Et prévoyant, ma publi précèdera de quelques heures l'émission en question… So long…
SupprimerJe précise, quel intérêt cela aurait-il de publier plusieurs jours à l'avance un billet pour une émission qui va être diffusée à la fin du mois ? Les médias ne font plus que ça ! Annoncer le résultat de l'élection présidentielle de 2017 dès avril 2012, et le Goncourt 2012 dès septembre…
SupprimerÉcouter "en différé" c'est aussi comme de la radio, avec la possibilité de mettre sur pause, de revenir en arrière et surtout de prendre le temps d'intérioriser ce qu'on vient d'entendre. Tiens "pour ta peine" je cours la réécouter une troisième fois…