dimanche 24 novembre 2013

Un conte de Perraud : Daniel Mermet…

© Roger Picard - RF





Les hasards des dimanches, des beaux dimanches qui, quelquefois, me font perdre le fil du billet que je voulais écrire. Comme aujourd'hui. Et puis, un mail, deux coups de fil et voilà sur l'établi de quoi remettre le couvert. Et de découvrir qu'en juillet, Antoine Perraud (1) a écrit un joli papier sur Daniel Mermet, dans Astérisque le petit journal de la Scam (Société Civile des Auteurs Multimédia). Perraud sait magner la langue, mais on ne s'attend vraiment pas à ce qu'il puisse "magner" Mermet qui, d'un point de vue langue, l'a lui-même bien pendue. Et de lire ça "Les  émissions sont devenues des produits de consommation courantes, donc jetables ; tant la durée, la mémoire, l'assiduité sont désormais des obstacles, aux yeux de responsables rêvant d'imprimer leur marque dans le sautillement généralisé." Voilà une réalité frappée au coin du bons sens qu'il m'est bien agréable de "réécrire" ici. Perraud précise : "Il doit sa position à un ancien président de Radio France, arrivé à la tête de la maison ronde en 1989 : Jean Maheu. Cet humaniste policé fait sortir ce Mermet, qu'il appréciait en tant qu'auditeur, du placard où l'avait confiné la directrice de France Inter du moment (2), qui s'imaginait briser ainsi des élans jugés encombrants…" Intéressant de constater qu'un Pdg, fraîchement nommé, à une conviction ou une certitude pour animer une des radios du groupe qu'il va diriger.

Mermet n'a pas la mémoire courte, ou… partisane, quand il cite les anciens patrons de Radio France ou de France Inter : "il ne tarit pas d’éloges sur certains patrons côtoyés : la pédègère gaulliste aux aguets, Jacqueline Baudrier, le PDG socialiste ouvert et cultivé, Jean-Noël Jeanneney, l’écouteur de différence Pierre Wiehn… et Garretto un bon taulier." (3) Quant à Codou (4), succulent de l'imaginer dire avec son accent cévenol "Aujourd’hui, tu étais bon. Garde-toi pour les jours où tu seras mauvais." Entre deux lignes vous découvrirez que Guy Senaux est démiurgique. Là je ne sais pas si Guy va s'en remettre et s'il pourra encore passer la porte des studios de Radio France. Démiurgique ! Ça vous pose tout de suite pour l'éternité. Le même Senaux dit de la photo qui accompagne l'article de la Scam : "Tu as vu ses rides pleines de beaux décibels" ! Voilà ici exprimée une confraternité qui transcende la mécanique des clans !

 
© Matthieu Riffard










Cerise sur le gâteau, Mermet pour évoquer ce que j'appelle "Médiapétrie" parle lui d'"église de chiffrologie". Là, j'exulte, ris, me tape sur les cuisses et ai très envie de monter en chair (et en os) pour sermonner un peu plus les laquais-compteurs-à-rebours qui n'y entendent rien aux voies (sic)… radiophoniques. Pendant toute la lecture du papier de Perraud, je l'imaginais "Professeur Tournesol", perdu dans ses pensées, distrait et obstiné, suivant son fil vaille que vaille, face au bloc de granit Mermet, impassible et sans doute amusé qu'un éternel enfant qui "tire la langue" ait envie de lui faire dire des choses si sérieuses…


En 1976, dans "L'heure de pointe" de Pierre Descargues, sur France Culture, Mermet raconte…

(1) Producteur à France Culture de "Tire ta langue",
(2) Lire "Eve Ruggieri",
(3) Pour ceux qui découvriraient mon blog par cet article, mettre les noms cités dans la case "Vous cherchez quoi" ils vous renverront vers plusieurs billets rédigés depuis juillet 2011,
(4) L'alter ego de Jean Garretto et co-producteur de l'"Oreille en coin" (France Inter, fins de semaines, 1968-1990).

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