vendredi 8 novembre 2013

Radio/musique… no future








Hier j'avais le choix. Soit à 18h20 j'écoutais "un grain moulu" (1) de causette autour de la "catastrophe" Sophia Aram qui, a elle toute seule, ferait vaciller la "chaîne amirale" (2) de France Télévision, soit j'entreprenais la lecture d'un article de Laurent Carpentier "You tube, machine à tube", recommandé sur Twitter par Philippe Couve (3). J'ai d'autant mieux retenu la deuxième alternative que le matin sur France Inter, j'avais écouté Antoine Chuzeville (4). Mais je ne m'engage pas non plus dans l'écoute d'une émission qui en trente huit petites minutes ne pourra qu'effleurer la "complexitude" (sic) de l'usine à gaz France Télévision ou mieux des enjeux de société de la télévision, aujourd'hui et demain. Trente-huit minutes c'est court et le survol je n'aime vraiment pas, et encore moins sur cette chaîne de radio-là.

L'occasion est trop belle de rappeler qu'en 1997, Antoine Spire et son équipe de jeunes universitaires (5) installaient pour deux ans sur France Culture "Staccato", un magazine passionnant (6) qui prenait la mesure, le tempo et… le temps de développer un sujet sous plusieurs angles dans un vrai souci de confrontations pluri-disciplinaires, et dans celui surtout de laisser à l'auditeur le temps d'approfondir le sujet sans vouloir, à tout prix, lui faire "ingurgiter au chausse-pied" la pensée virevoltante autour d'une idée ou d'un événement tendance. C'était pas mieux avant, mais que c'était formidable de prendre tous les soirs un bouillon de culture.

Donc "You tube" a définitivement révolutionné l'écoute de la musique et malgré les efforts de la radio pour "être dans le vent… de l'histoire" elle aurait quelques soucis à se faire si, pour elle, la musique est un attrape-mouches, comprenez la fidélisation d'un public jeune, qui a absolument besoin de voir pour entendre (7). Les images de la radio filmée y suffiront-elles ? Les webdocs musico captiveront-ils cette jeunesse qui, nuit et jour, vit d'instantanéité ? Autant de questions et d'autres qui se posent quand demain RF8, la plateforme musicale de Radio France proposera gratuitement l'écoute de centaines de milliers de titres. Donc sempiternel refrain "on ne pourrait plus écouter sans voir". Là il y a vraiment du "grain à moudre" et la radio pourrait/devrait engager la réflexion aussi auprès de ses auditeurs car, s'ils ont eu longtemps "quelque chose entre les oreilles" (8), ont-ils besoin d'avoir "quelque chose devant les yeux" ? Là est LA question.

(1) "Du grain à moudre" France Culture, 18h20. (Et pourtant j'aime lire les analyses média de Grégoire Poussielgues, des Échos, invité à cette occasion),
(2) L'expression est du journal le Monde dans un article récent sur les difficultés "économiques" de France 2,
(3) Journaliste, développeur éditorial, consultant, formateur, enseignant école de journalisme de Sciences-Po, samsa.fr,
(4) Journaliste au service des sports de France Télévisions, délégué SNJ, invité de Clara Dupont-Monod, à 7h50 sur France Inter,
(5) C'est ainsi qu'Antoine Spire présentait Julie Clarini, Tania Risk, Dominique Treilloux,
(6) 1997-1999, 18h-19h45, du lundi au vendredi,

(7)  "Qu'on se rassure donc : YouTube n'a pas encore tué la radio star. Pas question de minimiser pour autant. «Les moins de 20 ans étaient les locomotives de la consommation radio. Ce n'est plus le cas», note Laurent Bouneau [directeur des programmes de Skyrock"], les yeux plongés dans les chiffres de Médiamétrie qu'il connaît comme sa poche. En 2003, 92 % des 13-19 ans écoutaient la radio : dix ans plus tard, ils ne sont que 81 %. En 2003, ils écoutaient la radio en moyenne 122 minutes par jour, on est tombé à 90 minutes. Et cette tendance se vérifie sur toutes les tranches d'âge jusqu'à 35 ans. De quoi justifier la signature par Skyrock d'un partenariat sur... YouTube, où l'antenne développe sa propre chaîne d'abonnés. « Il n'y a plus de mode de consommation unique », soupire Laurent Bouneau." (in, Laurent Carpentier, lemonde.fr, 31 octobre 2013)

(8) Slogan de France Inter au début des années 80 (1983).



1 commentaire:

  1. En ce moment, j'ai le plaisir de fréquenter quelques "15-20 ans". Leur principale et quelque fois unique source de musique est bien Youtube. C'est un jukebox où on trouve tout, et c'est aussi un prescripteur : beaucoup suivent les "recommandations" de Youtube pour découvrir de nouvelles musiques. Ils n'y vont pas vraiment pour l'image. Ils ont des applications qui capturent la bande-son et qui la sauvegardent au format mp3 dans leur PC ou leur téléphone, pour pouvoir l'écouter hors-ligne.

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