"Un média de service public n’est pas fait pour l’audience mais pour remplir des missions qui sont de faire vivre des valeurs de démocratie, de culture et de création." Jean-Paul Philippot, administrateur général de la RTBF (Radio Télévision Belge Francophone)
lundi 23 décembre 2013
Voum, Vroum… Le Mouv'
Ne me demandez surtout pas d'ajouter un "r" au premier mot du titre de ce billet… Le Mouv' va donc "démarrer" le 6 janvier. Mais il fallait bien, de ci de là, préparer les esprits, enfin surtout préparer les médias, car imaginez bien qu'à peine remis de la gueule de bois des fêtes et de la cohorte à venir des vœux en long, en large et en travers (de la gorge), la nouvelle grille du Mouv' aurait pu passer à la trappe de l' "Événement de la rentrée de janvier". Joël Ronez (1), en bon communicant, ne pouvait manquer de se donner tous les moyens pour que l'arrivée sur le devant de la scène d'un Mouv "rafraîchi" échappe au gotha du commentaire et de l'analyse (2). Donc en décembre la presse nous a révélé ce à quoi on pourrait s'attendre… (3). Quelques jours plus tôt Télérama, sans rire, nous avait fait part de sa désolation au départ annoncé de Frédéric Bonnaud.
Je n'ai pas été le dernier (et même peut-être le premier) à défendre et soutenir l'animateur d'un "Plan B", riche, cultivé, intelligent qui aurait eu toute sa place sur France Inter ou sur France Culture. Si je m'y retrouvais à 100%, que dire des auditeurs de 20-35 ans, qui plus d'une fois ont dû être bien désemparés par des références culturelles qu'ils n'avaient pas, pour prendre toute la mesure et l'écoute d'un tel programme. La réforme de la grille engagée "numérique total et musique" passe de fait par ce type de départ. Et nous ne nous plaindrons pas du départ d'un Philippe Dana qui n'aurait jamais dû quitter "Ça cartoon" (4), et qui a montré depuis la rentrée 2010 qu'il avait tout oublié de la façon de faire de la radio (6), si ce n'est recevoir le cercle de ses "proches" pour enchaîner le bla-bla et enfiler les perles.
Mais dans cette transition vers "une nouvelle façon de faire et promouvoir la radio", au Mouv', il y a un temps "creux" qui n'en finit pas de s'éterniser. Pourtant une sorte de point d'orgue est intervenu à l'antenne le 17 décembre, jour commémoratif pour le Groupe Radio France des 50 ans de la Maison de la radio. Dans sa matinale, Benoît Bouscarel, avait décidé de traiter rien moins que le "futur de la radio" (5) en moins de 30' de débat. Chapeau, fortiches les gars (7) ! Pour la réécoute il vous faudra, mes chers auditeurs, tâtonner puisque cette partie de la matinale n'est pas sélectionnée en tant que telle (archaïque non ?). Si l'on apprend rien dans la première partie, la seconde nous révèle quelques perspectives de ce futur qui excite tant les médias.
Mais le plus surprenant c'est que Benoît Bouscarel a pu annoncer presque convaincant que "c'est sur le Mouv' que cela va se passer", (comprendre "le futur de la radio"). On se demandait alors bien pourquoi Joël Ronez n'était pas venu nous en parler. Trop tôt beaucoup trop tôt. D'abord on ferme le ban et c'est après, et après seulement, qu'on pourra claironner (6 janvier). Plutôt que de laisser entrevoir que Le Mouv' serait le mouvement du futur, Bouscarel aurait été inspiré de ne pas l'évoquer puisqu'il n'était visiblement pas habilité à en dresser les lignes de force. De l'effet d'annonce sans effet. Par contre j'ai retenu que Yohann Vincent regrettait qu'il n'y ait pas plus d'émissions en "stéréo" sur les chaînes de Radio France. Il est bien le seul et sans doute le premier depuis longtemps à le dire. Cette évidence de réception en stéréo cacherait donc une diffusion en mono ? Diantre voilà une bonne occasion de creuser le sujet.
Vous trouverez ci-dessous quelques extraits de citations (des intervenants de la matinale) qui ont le mérite de ne pas avoir complètement abdiqué devant une vision unique de ce futur.
"La radio filmée ne doit pas être de la mauvaise TV. BFM c'est pas de la TV mais de la radio filmée. L'image : jusqu'où on pourrait-on ne pas la laisser rentrer ? On peut avoir la meilleure technologie, s'il n'y a pas un bon contenu éditorial, ça ne marchera pas. Le son va rester déterminant mais va s'enrichir d'images. Il faudrait que les artistes s'emparent du binaural. La radio ne doit pas pâtir du numérique. Elle n'accapare pas. On peut l'écouter en faisant autre chose".
Le Mouv' va muer. Wait, listen and… see.
(à suivre)
P.S. : Il est succulent d'apprendre par Jean Lebrun (La marche de l'Histoire, France Inter, 5 décembre 2013) que Thomas Baumgartner, producteur à France Culture vient d'intégrer la direction du Mouv' (en tant que "conseiller de programmes chargé des productions sonores bimédias").
J'ai ajouté une info à la déclaration primesautière du Président de la République lors de la commémoration des 50 ans de la maison de la radio.
(1) Directeur de la chaîne depuis fin août 2013, et par ailleurs directeur des nouveaux médias à Radio France,
(2) Oui car pour ce qui est de l'écoute il faudra quand même attendre un peu pour commencer à se faire une idée,
(3) Electron libre (abonnés), L'Express,
(4) Présentation cucul de classiques du dessin animé sur Canal +,
(5) "Qu'en sera-t-il de la radio après le tournant numérique ? Comment la radio de demain peut-elle garder sa pertinence et sa légitimité face à l'autonomie du consommateur et à la multiplicité des supports de diffusion ?",
(6) Un des "Bleus de la nuit" émission de Michel Bichebois, France Inter, début des années 80,
(7) Et oui, il n'y avait pas de femme pour évoquer le futur, mais Yoann Vincent, ingénieur du son à Radio France (et non pas étudiant qui prépare actuellement un mémoire sur les nouveaux formats de radio comme l'indique le site de l'émission) et Albino Pedroia, membre du Groupe de Recherche et d'Etudes sur la Radio (Grer) et porteur du projet "Ondes numériques", un bouquet payant de 63 radios numériques, récemment autorisé par le CSA.
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