"Un média de service public n’est pas fait pour l’audience mais pour remplir des missions qui sont de faire vivre des valeurs de démocratie, de culture et de création." Jean-Paul Philippot, administrateur général de la RTBF (Radio Télévision Belge Francophone)
lundi 10 février 2014
Monsieur-je-sais-tout-sur-tout… ya basta
Insupportable d'entendre, matinale après matinale, la liturgie de ce chroniqueur sûr de lui, de sa "pensée" et de ses "thèses" jamais remises en question par qui que ce soit. Ce chroniqueur, le plus souvent masculin, existe sur toutes les chaînes de radio, mais celui qui depuis un certain temps me hérisse le poil c'est M. Brice Couturier sur France Culture. Penseur définitif de la société, de ses élites, de ses classes sociales, de "tout-tout-le-temps-sur-n'importe-quel-sujet", M. Couturier prêche chaque matin sur une des radios publiques de Radio France. Il fallait bien la répartie d'un Mélenchon (1) pour oser remettre à sa place celui qui n'a de cesse de s'écouter parler, de fustiger tout et son contraire et surtout d'être tellement sûr de sa vérité qu'il ne peut souffrir aucune contestation. Alors qu'il s'agisse de catéchisme, de bréviaire ou de psalmodies, M. Couturier fait chaque matin une parade sur lui-même avec la bénédiction a-priori de l'anchorman de la matinale, Marc Voinchet, et du directeur de la chaîne Olivier Poivre d'Arvor.
Et vogue la galère ! Les galériens auditeurs sommés d'avaler la rhétorique et les sermons d'un avatar de la pensée superfétatoire. C'est quand même invraisemblable qu'au XXIème siècle puissent exister de pseudos élites qui, sans rire, prétendent pouvoir répondre à tout les questionnements des sociétés qui vivent sur terre. Rien moins. Parlez donc des indiens d'Amazonie et M. Couturier aura un avis définitif. Du dopage de Simpson dans le Ventoux, un avis sportif. De la guerre scolaire un avis pédagogique. De "la défaite de la pensée" ou de la récession potentielle de la viande dans le monde et le cuistre enfilera les perles, assènera ses vérités et imposera à l'invité de commencer par lui répondre. Au minimum. Non mais ! Pourquoi ? Comment en est-on arrivé là ? On ne le saura jamais. Petit à petit dans sa carrière "de penseur à tout prix" M. Couturier aura imposé son "expertise", ses rengaines, et ses certitudes à deux balles. Un peu comme sur France Inter Bernard Gueta sûr de ses fulgurances et autres sermons définitifs sur l'avenir du monde. Matin, midi et soir, jours fériés compris.
Comme le faisait très bien remarquer Mélenchon, lui n'était pas venu avec un papier "écrit d'avance" et était prêt à débattre quand le penseur officiel de la France Culture pouvait à loisir prendre le temps de rédiger avant son homélie matutinale. Ce n'est plus une chronique que Couturier nous inflige mais bien plutôt les minutes de l'endoctrinement idéologique sauce "Couturière". Ce "je sais tout sur tout et vais vous le faire savoir" ne manquait pas de sel quand, il y a quelques mois, Garigou-Lagrange (2) commençait par faire témoigner l'éminent Couturier pour rendre compte de l'histoire d'"Actuel", le journal underground du début des années 70, de Jean-François Bizot. L'honnêteté intellectuelle ayant sûrement ses limites pour un éminent bonimenteur, M. Couturier eut beaucoup de mal à nous dire qu'avant de bosser pour Actuel, version 2, il y eut une version 1, dans laquelle on ne pouvait vraiment pas imaginer que M. Couturier puisse y écrire quoi que ce soit, si loin des chèvres, du Larzac et autres communautés d'Ardèche. (3) Le pompon de la glause couturière ayant été atteint la semaine dernière quand "je-sais-tout" décida de nous faire accroire que la Pop était morte.
Couturier gâche la matinale et me donne très peu souvent envie d'en écouter l'invité, sût qu'il me faudra avaler les couleuvres du charmeur de serpent. Mais qui cela intéresse t-il qu'une matinale soit bousillée par des enfilades de chroniques et d'avis éclairés qui font plutôt de l'ombre à celle ou celui qui pourrait s'exprimer sans être interrompu ? Ce gadget "pseudo moderne" du "chroniqueur-universel" obligatoire se permet d'interrompre le fil d'une idée, d'une démonstration et d'une pensée. Le dit chroniqueur fait le coq et se prend pour le centre du débat. Les invités continueront-ils longtemps de supporter ce trublion ?
(1) 6 février 2014,
(2) Producteur d'"Une vie, une œuvre", le samedi sur France Culture,
(3) Eh oui M. Couturier il faudra vous y faire, les auditeurs ont des oreilles, écoutent et comme vous s'accordent le droit de critiquer les princes qui tentent de gouverner la pensée diffusée à la radio. J'ai aussi été lecteur d'Actuel, "formule 1" comme de l'Actuel "formule 2" et ne me souviens absolument d'aucun de vos, sûrement excellentissimes, "papiers".
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Bravo ! Avoir des avis non nuancés en évacuant toute autre opinion est juste l'expression de la bêtise. Pour avoir échangé en direct avec ce monsieur, je pense que la bêtise est bien sa première qualité.
RépondreSupprimerSergio Casa
En préambule je voudrais dire combien j'aime votre blog qui est indispensable tant la radio est passée ... sous silence. Mais je vais défendre Brice Couturier, non que son immarcescible assurance ne m'agace pas quelques fois mais enfin c'est le seul à France-Culture qui ne communie pas dans le culte de nos socialistes au pouvoir, il pourrait même peut être pencher du coté droit comme pour ma part je suis nettement de ce coté là sans aucune honte, cela me rafraichit les oreilles. D'autant que la matinale depuis que Slama et Alexandre Adler dont malgré le j'menfoutisme j'aimais les élucubrations géopolitiques en ont été évincés est parfaitement monocolore d'une belle teinte rose certes parfois un peu camouflée. Et ne trouvez vous pas l'auditeur sachant audité quelque peu urticant à la longue. En voilà un qui est encore plus content de lui que Brice Couturier.
RépondreSupprimerBonjour Bernard et merci pour votre encouragement à poursuivre… Votre avis permet de pondérer "ma hargne et mon courroux". C'est pas tant sa posture idéologique qui me gêne chez Couturier mais son ton sentencieux (comme A.Adler). Quand aux jappements du toutologue la posture imposée finit par être très… attendue à défaut d'être entendue. En son temps j'avais fustigé sa propension à s'autocélébrer pour sa 666ème de l'Esprit public : http://radiofanch.blogspot.fr/2011/10/cest-pas-pour-se-venter-sic.html
SupprimerTout à fait d'accord et pour Couturier et pour Meyer ! Insupportables chacun à leur manière.
RépondreSupprimerMais pour répondre à Bernard A. il faudrait vraiment qu'il m'explique en quoi la matinale de France Culture est "parfaitement monocorde d'une belle teinte rose" !! D'ailleurs que je sache (ou plutôt que j'entende), il ne reste plus grand monde aujourd'hui sur les ondes ou ailleurs pour "communie(r) avec les socialistes au pouvoir".
JG Coulange