lundi 15 février 2021

"Quand j'entends le mot culture je sors mon transistor…"

Il aurait fallu du panache (et une culture radiophonique) à M. Hervé Gardette pour, dans sa chronique quotidienne de la matinale de France Culture, vendredi dernier, citer la maxime de Jean Yanne que j'ai reprise dans mon titre ! Ce très bon mot, Jean Yanne en avait fait une émission dominicale sur Radio-Luxembourg qui deviendra RTL (1). Mais comment aurait-il pu citer RTL puisque, nous racontant sa vie dans sa salle de bain, il cite "Mychèle Abraham" sans nommer la chaîne Europe 1, et "Michel Touret" sans citer France Inter. Tout ça pour parler de radio mais en prenant bien soin de ne pas citer des radios… "concurrentes" !



C'est juste à pleurer, comme sont à pleurer ces "Chronicroquettes" dont, bien souvent, chroniqueuses et chroniqueurs se servent pour parler à la première personne et nous faire accroire qu'avant Hunter S. Thompson ils ont inventé le journalisme gonzo ! Piètre culture, piètre France Culture qui donne plutôt envie de jeter son transistor par la fenêtre !

Gardette voulait nous faire savoir que "les moins de 25 ans ne sont plus que 63% à écouter la radio" et, pour cela, il a cru bon de mettre en scène "sa salle de bain, son fils, ses différents objets qui diffusent chez lui de la radio,… et ses souvenirs d'auditeurs" mais heureusement nous n'avons pas su si, en se rasant, il y pensait tout les jours. Quant à être rasoir…

Ces chroniques telles qu'elles existent aujourd'hui à la radio sont juste de l'anti-radio. Le gadget de Pif ou le cadeau Bonux (2). Certains me disent qu'elles permettent de mettre du rythme à l'émission dans laquelle elles sont diffusées. Elles permettent surtout de casser le rythme, de torpiller le temps long et de plomber le sens de ce qu'on vient d'entendre juste avant. C'est vrai pour la matinale de Culture comme pour celle d'Inter ! "Détendez-vous chers auditeurs, on va tous mourir mais en attendant prenez donc une pilule de diversion."

Pour citer un seul petit chiffre "63%… ", il aura fallu 3' de Gardette pour ne rien dire. Alors que c'était l'occasion d'encourager la radio pour ne pas la laisser être (trop) distancée par la délinéarisation, si l'on est convaincu que sa temporalité fait (encore) partie de sa vie, de ses jours et de ses nuits.

Quand j'entends France Culture, je ferme de plus en plus souvent, mon transistor… et j'écoute ça :

(1) "Entre 64 et 69, il partagera la France entre les "blanchistes" fidèles de Macheprot et les "yannistes", non moins fervents auditeurs des faux sermons de Bossuet, l'aigle de Meaux (Seine et Marne) et des affreux jeux de mots proférés avec l'accent faubourien et la voix rocailleuse de l'inimitable créateur du sketch du "Permis de Conduire"." in "Les années radio, Jean-François Remonté, Simone Depoux, L'arpenteur, 1989,". Jean-François Remonté, réalisateur à Radio France, qui deux étés successifs nous fera découvrir sur France Inter des pépites d'archives radiophoniques !

(2) Dans chaque numéro de Pif (hebdo) il y avait un gadget et dans la lessive "Bonux" un cadeau… tout aussi gadget !

4 commentaires:

  1. Attention, beaucoup de lecteurs de Pif l'achetaient pour le gadget. Et "Détendez-vous chers auditeurs, on va tous mourir mais en attendant prenez donc une pilule de diversion." Ben oui, parfois de la futilité, ca repose l'âme ;)
    Ceci dit, je reste souvent circonspect à l'écoute de ces chroniques quand même...

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    1. Ben oui c'était le principe d'accroche pour vendre Pif, Bonux, Kinder etc… La futilité bien sûr ! Mais sa norme, sa temporalité "là riez, là écoutez, là pleurez" n'est plus du tout futile et même devient superfétatoire ! Ce sont des farces et ce sont des bouffons qui les programment !Je m'autorise à rire à 7h25, à 8h32 à 9h09 et qd je veux ! Pas quand Bloch a décidé "qu'il fallait rire !"… Quant aux chroniques elles sont bcp trop des moyens de diversion… Quand Adler (Alexandre) faisait sa chronique sur Culture depuis ses chiottes (inaudible tous les jours) je coupais le son. Le tempo de la matinale était brouillon et favorisait la dispersion de la pensée !

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  2. Je suis tombée accidentellement sur ce billet de ce blog, parce que j'écrivais quelque chose sur l'émission de Jean Yanne "Quand j'entends le mot culture, je sors mon transistor" que mon frère et moi suivions assidûment sur Radio-Luxembourg quand nous étions adolescents (nous sommes nés respectivement en 1951 et 1952.) Je n'ai pratiquement rien trouvé sur cette émission sur l'internet et même la rubrique de Wikipédia sur Jean Yanne n'en fait qu'une mention très brève. Je pense que ce programme de radio nous avait appris toute une forme d'humour et de dérision que nous adorions et qui nous a un peu formés. Jean Yanne nous a quittés bien trop prématurément.

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    1. Bonsoir, autant dire que ce RTL là est totalement révolu !

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