Au petit matin frisquet (5h G.M.T.) je suis allé au kiosque acheter Télérama pour y découvrir sa "nouvelle formule". Et, comme un lecteur aimant prendre le temps de la découverte page à page, je ne me suis pas rué… sur les pages radio. D'un point de vue graphique c'est agréable à lire, des blancs, des accroches douces, un rédactionnel qui a fait la réputation de Télérama. Cinéma en tête. Mais, mais, mais, les "belles pages" (les pages de droite, impaires) sont envahies par la pub. Cet effet commercial se "niche" (1) jusqu'à la première page d'entrée rédactionnelle du magazine, soit en page de gauche ! Dommage pour l'impact, dommage pour les habitudes. Culturellement on commence par lire en page de droite… Fermez le ban ! (2)
… Après 75 pages de programmes télé (3), arrive la section Radio, qui sur trois pages (4) propose : focus sur des émissions qui ont retenu l'attention des journalistes, comptes-rendus d'écoute, rubriques (podcast, écoute à la demande). Les billets qui autrefois émaillaient la grille de programme ont été remplacés par des… photos. Vous l'aurez compris, à la différence des pages télé qui, pour chaque jour, ouvrent sur deux pages rédactionnelles, la radio devra se contenter de trois pages "globales" en début de section. Qui voudra bien reconnaître qu'à Télérama le budget consacré à la radio est bien mineur comparé aux autres sections culturelles du magazine ? Pourtant, comment Fabienne Pascaud (5) peut-elle à la fois vanter le changement de formule, justifié par un changement des pratiques et offres culturelles, et ne pas faire évoluer le positionnement de la radio à Télérama ? Veut-elle imprimer le fait que l'écoute radio ne serait qu'un épiphénomène ? Que l'offre radio n'est pas en augmentation ? Que les pratiques du podcast, d'écoute à la demande sur multi supports (dont smartphones) n'explosent pas ? Que la radio ne "déborderait" pas elle-même de culture (6). Au-delà des "coups" sur telle chaîne ou directeur de chaîne publique (7), la radio à Télérama c'est "après tout le reste"… culturel. Alors que la radio reste aujourd'hui le média d'accompagnement par excellence.
Fabienne Pascaud était l'invitée, hier matin, de Christophe Bourseiller (8) pour présenter la "nouvelle formule" du magazine. Invitée à la radio, elle allait pensais-je forcément parler de radio ? Elle a parlé théâtre, cinéma, chanson, transmission du savoir, choc des cultures, des rencontres, des individus, défendu la librairie… Mais de radio il ne fut pas question. Rien, nada, niets, niente, nichts, netra, nothing, nanimo, res… Et quand elle évoque la création du magazine, il y a plus de soixante ans, elle précise que c'était pour aider les lecteurs dans leurs choix télévisuels. Je me suis pincé. L'hebdomadaire s'appelait à l'époque Radio-Cinéma, et le nombre de récepteurs TV était ridicule. Télérama revendique plus de 550 000 abonnés (9). Écoutent-ils la radio ? Sont-ils satisfaits de la place qui lui est dévolue ? Je crois que nous ne le saurons jamais. Quant à acheter un magazine culturel qui fait la part si belle à la TV, quand on n'a pas la télé, et dont les pages radio ne donnent qu'un petit aperçu de la diversité sur la bande FM, c'est un "pas" que je ne franchirai pas… N'en déplaise à ceux qui en parlent comme de "l'hebdo de référence". Il faudrait enfin nous dire la "référence" de quoi ?
(1) Là la pub ce n'est plus une niche, c'est la caverne d'Ali Baba !
(2) et comme Télérama a beaucoup d'humour, il titre page 52 : "20h30, la pub s'en paye une tranche". La pub télé, of course.
(3) de la page 96 à la page 171, soit plus d'un tiers de la pagination totale (194 pages),
(4) avec quand même au milieu une page de pub !
(5) directrice de la rédaction depuis 2006,
(6) "la culture déborde" slogan de la campagne Télérama,
(7) Inter et Val faisant la Une récemment et l'objet d'un très long reportage,
(8) Musique Matin, France Musique, 7h-9h, du lundi au vendredi,
(9) + 80 000 acheteurs au n°, et 2,4 millions de lecteurs (chiffres cités par Pascaud).
… Après 75 pages de programmes télé (3), arrive la section Radio, qui sur trois pages (4) propose : focus sur des émissions qui ont retenu l'attention des journalistes, comptes-rendus d'écoute, rubriques (podcast, écoute à la demande). Les billets qui autrefois émaillaient la grille de programme ont été remplacés par des… photos. Vous l'aurez compris, à la différence des pages télé qui, pour chaque jour, ouvrent sur deux pages rédactionnelles, la radio devra se contenter de trois pages "globales" en début de section. Qui voudra bien reconnaître qu'à Télérama le budget consacré à la radio est bien mineur comparé aux autres sections culturelles du magazine ? Pourtant, comment Fabienne Pascaud (5) peut-elle à la fois vanter le changement de formule, justifié par un changement des pratiques et offres culturelles, et ne pas faire évoluer le positionnement de la radio à Télérama ? Veut-elle imprimer le fait que l'écoute radio ne serait qu'un épiphénomène ? Que l'offre radio n'est pas en augmentation ? Que les pratiques du podcast, d'écoute à la demande sur multi supports (dont smartphones) n'explosent pas ? Que la radio ne "déborderait" pas elle-même de culture (6). Au-delà des "coups" sur telle chaîne ou directeur de chaîne publique (7), la radio à Télérama c'est "après tout le reste"… culturel. Alors que la radio reste aujourd'hui le média d'accompagnement par excellence.
Fabienne Pascaud était l'invitée, hier matin, de Christophe Bourseiller (8) pour présenter la "nouvelle formule" du magazine. Invitée à la radio, elle allait pensais-je forcément parler de radio ? Elle a parlé théâtre, cinéma, chanson, transmission du savoir, choc des cultures, des rencontres, des individus, défendu la librairie… Mais de radio il ne fut pas question. Rien, nada, niets, niente, nichts, netra, nothing, nanimo, res… Et quand elle évoque la création du magazine, il y a plus de soixante ans, elle précise que c'était pour aider les lecteurs dans leurs choix télévisuels. Je me suis pincé. L'hebdomadaire s'appelait à l'époque Radio-Cinéma, et le nombre de récepteurs TV était ridicule. Télérama revendique plus de 550 000 abonnés (9). Écoutent-ils la radio ? Sont-ils satisfaits de la place qui lui est dévolue ? Je crois que nous ne le saurons jamais. Quant à acheter un magazine culturel qui fait la part si belle à la TV, quand on n'a pas la télé, et dont les pages radio ne donnent qu'un petit aperçu de la diversité sur la bande FM, c'est un "pas" que je ne franchirai pas… N'en déplaise à ceux qui en parlent comme de "l'hebdo de référence". Il faudrait enfin nous dire la "référence" de quoi ?
(1) Là la pub ce n'est plus une niche, c'est la caverne d'Ali Baba !
(2) et comme Télérama a beaucoup d'humour, il titre page 52 : "20h30, la pub s'en paye une tranche". La pub télé, of course.
(3) de la page 96 à la page 171, soit plus d'un tiers de la pagination totale (194 pages),
(4) avec quand même au milieu une page de pub !
(5) directrice de la rédaction depuis 2006,
(6) "la culture déborde" slogan de la campagne Télérama,
(7) Inter et Val faisant la Une récemment et l'objet d'un très long reportage,
(8) Musique Matin, France Musique, 7h-9h, du lundi au vendredi,
(9) + 80 000 acheteurs au n°, et 2,4 millions de lecteurs (chiffres cités par Pascaud).
TELErama, Fanch, son nom c'est TELErama. Cela veut tout dire, non ? et plus que surprenant pour un magazine censé faire du multiculturel. Existe-t-il un quotidien ou un autre magazine qui donne les programmes radio par exemple ? A ma connaissance, il n'y a que des TELE- quelque chose où la radio fait figure de fantôme. Remercions donc tout de même Telerama pour la place si minime soit-elle qu'elle fait à notre Chère Radio, encourageons-la à faire encore mieux....
RépondreSupprimerTélérama, c'est TÉLÉvision-RAdio-CInéma, mais c'est vrai que quand on ignore l'origine du nom, on comprend plutôt quelque chose comme "panorama de la télévision".
RépondreSupprimerEn tout cas, je fais partie de ceux qui achètent Télérama mais ne possèdent pas de téléviseur.
La relégation des pages "radio" en fin de magazine (qui n'est pas nouvelle, je n'ai pas souvenir d'avoir connu d'autre forme que celle-là) signifie bien que c'est la 5ème roue du carrosse. Et les propos ou plutôt les non-propos de Fabienne Pascaud viennent tristement le confirmer. Quel manque d'intuition !
Pourtant je crois comme Simone qu'il faut garder à l'esprit que c'est le seul titre de presse qui parle régulièrement de radio avec une section propre... et l'encourager !
Bonjour Simone et Etienne, je n'ai pas voulu enfoncer le clou en rappelant la signification de l'"acronyme" du journal. En écoutant une radio commerciale hier j'ai entendu le spot de pub/Télérama court, vif qui ne "vend" ni la télé, ni la radio. L'objectif est clair : vendre "le culturel".
RépondreSupprimerCe ne serait pas facile pour Télérama d'"abandonner" les grilles télé qui sont la bonne "accroche" pour ceux qui veulent quelque chose autour. Dommage que la radio ne fasse pas partie de l'accroche ou de l'autour mis en valeur !
Merci Etienne, grâce à votre précision, me voici un peu plus savante !
RépondreSupprimerCa me fair penser qu'il faut que je résilie cet abonnement qui ne me sert à rien. Je vais lui substituer XXI ça me changera!
RépondreSupprimerC'est ce que j'ai fait aussi: remplacé l'abonnement Télérama par deux abonnements parallèles. "Politis" pour l'actu hebdomadaire sociale, politique et culturelle. "XXI" pour la réflexion de fond, le grand reportage et les ouvertures sur le rêve, l'ailleurs. Ca me coûte moins cher au final, je gobe nettement moins de publicité, et c'est tellement plus enrichissant. Reste qu'on parle peu de radio dans Politis (mais on en parle quand même), et fort rarement dans XXI. Mais quand je me souviens de l'époque (pas si lointaine pourtant) où Télé-RA-ma proposait un grand article chaque semaine en ouverture de ses pages radio, je ne peux pas regretter d'avoir mis ce canard (pas toujours inintéressant, par ailleurs) au rebut.
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