À la mort de Pierre Descargues (décédé ce 20 janvier), Philippe Chesnel, un auditeur, a voulu raconter cette histoire singulière…
"En juin 1996, je reçois de Pierre Descargues l'adresse d'une dame ayant demandé par son entremise, dans les trop courtes cinq minutes dédiées alors aux échanges de cassettes d'émissions enregistrées par les auditeurs, si un auditeur avait enregistré le très émouvant documentaire de Catherine Soullard sur le cantonnier Albert Escarelle.(1) Ce documentaire m'avait ému aux larmes, je l'avais enregistré, je l'envoyai à l'adresse indiquée. Peu après, je reçus une lettre de deux pages, décrivant dans un style splendide les qualités de cette évocation, et, l'accompagnant, "60 francs en timbres" pour couvrir les frais.
S'ensuivirent quinze années de correspondance, parfois quotidienne, des centaines de lettres et de cassettes envoyées de part et d'autre, sur tous les sujets possibles entendus sur France Culture. Madame D. : "cette chaîne est providentielle [...] et l'on regrette seulement de ne pas avoir 48h pour écouter, se rappeler, réfléchir". C'était en 1996, et le constat reposait évidemment sur les années précédentes.... Nous sommes en 2012, cette correspondance se poursuit encore, toujours par la poste. Madame D. a 91 ans et s'intéresse aux émissions de savoir, où l'on entend des gens qui savent de quoi ils parlent, avec passion et générosité dans une langue de qualité. Elle n'a que faire des bavardages entre copains hilares, des vains débats sur l'actualité, des décryptages (je sens la moutarde me monter au nez à ce mot). Elle écoute en direct, elle ne télécharge pas d'émission. Enfin, elle écoutait en direct, car elle ne trouve plus matière à s'instruire. Moi non plus, d'ailleurs. Alors, je me tourne vers mon audiothèque de quelques milliers de titres (en cours de numérisation) dans laquelle je pioche des trésors que je lui offre sur CD. "
S'ensuivirent quinze années de correspondance, parfois quotidienne, des centaines de lettres et de cassettes envoyées de part et d'autre, sur tous les sujets possibles entendus sur France Culture. Madame D. : "cette chaîne est providentielle [...] et l'on regrette seulement de ne pas avoir 48h pour écouter, se rappeler, réfléchir". C'était en 1996, et le constat reposait évidemment sur les années précédentes.... Nous sommes en 2012, cette correspondance se poursuit encore, toujours par la poste. Madame D. a 91 ans et s'intéresse aux émissions de savoir, où l'on entend des gens qui savent de quoi ils parlent, avec passion et générosité dans une langue de qualité. Elle n'a que faire des bavardages entre copains hilares, des vains débats sur l'actualité, des décryptages (je sens la moutarde me monter au nez à ce mot). Elle écoute en direct, elle ne télécharge pas d'émission. Enfin, elle écoutait en direct, car elle ne trouve plus matière à s'instruire. Moi non plus, d'ailleurs. Alors, je me tourne vers mon audiothèque de quelques milliers de titres (en cours de numérisation) dans laquelle je pioche des trésors que je lui offre sur CD. "
La radio crée du lien, des liens ! Nous avons tous des histoires singulières où le prétexte de la radio a engendré de formidables relations, des échanges peu communs et des complicités durables. L'histoire simple de Philippe Chesnel et Madame D. pourrait être l'occasion d'un nouveau documentaire. Madame D. a sûrement beaucoup de choses à dire si elle a encore la force et l'envie de les raconter ! Je lance une bouteille à la mer vers ceux qui pourraient être à son écoute… et remercie Philippe Chesnel de m'avoir autorisé à reproduire leur histoire sensible. Pierre Descargues en aurait été très touché ! (2)
(1) Souvenirs de cantonnier. France Culture, 22h40, Nuits magnétiques, magazine. «Monsieur Escarelle de Tourtour». Albert Escarelle a 85 ans et vit dans un tout petit village du Haut-Var, Tourtour, là où sa famille s'installa en 1450. Dernier descendant des Escarelle, Albert raconte plus d'un demi-siècle de vie de cantonnier, les dix kilomètres de route qu'il était chargé d'entretenir, et surtout deux guerres qui, à chaque fois, le laissèrent seul. Pour une heure et demie, Albert emmène les auditeurs le long de ses chemins. (in Libération, 30 novembre 1995)
(2) la Nuit spéciale Hommage à Pierre Descargues sera diffusée dans la nuit du samedi 24 au dimanche 25 mars 2012 !
(2) la Nuit spéciale Hommage à Pierre Descargues sera diffusée dans la nuit du samedi 24 au dimanche 25 mars 2012 !
oui une très belle histoire que celle de Monsieur Escarelle - merci
RépondreSupprimeret cette merveilleuse façon de prendre son temps (il y a encore de temps en temps des restes de cet esprit sur FC mais de moins en moins..) et es artistes de la prise de sons
Mais pour Brest pas moyen (vous ai répondu sur Paumée)