dimanche 11 mars 2012

Un dimanche documentaire…

C'est dimanche. Sortir du flux. Incessant. De l'événement. Des annonces perpétuelles. De rien. De ce besoin irrépressible moderne de fuir le silence. Écouter. Sans rien dire. Écouter et peut-être fermer les yeux pour laisser venir la parole d'Albert Escarelle du Tourtour. La parole simple. La parole d'homme. D'une vie aussi simple. À la mesure du temps. Les yeux d'Albert on les voit. Et ses mains qui se nouent. Et ses paysages qui se façonnent.Terre humaine. Pour recevoir cette parole magnétique (1) il fallait l'intimité, la nuit, le silence entre les mots. La paix.(2)


On quitte le Tourtour pour filer en Finistère retrouver Louise de Komana (3). Ici, Louise la veuve parle seule ou avec ses copines veuves ou regarde Les Feux de l'amour. L'amour c'est bon pour la télé, Louise ne voudrait plus "être embêtée" avec ça ! Et pourtant l'absence ! Misère de la solitude. La même et pourtant différente de celle d'Albert Escarelle. Un célibataire, une veuve. Les séparations dues à la guerre et des histoires qui se composent ou ne se (re)composent pas. Pareil à plus de mille kilomètres de distance. Les trop longs soirs. Si dure solitude. La place du travail reconnu pour l'homme (la médaille d'Albert), "ignoré" pour la femme. Et Louise qui vit avec ce feuilleton TV interminable qu'il faut se résigner à "tuer" chaque jour (4), et puis surtout attendre que quelqu'un veuille bien passer…

(1) France Culture, 22h40, Nuits magnétiques, 30 novembre 1995,
(2) Et si jamais Philippe Garbit, producteur des Nuits de France Culture, lit ce blog peut-être pourra t-il reprogrammer ce très émouvant documentaire ?
(4) Traduction littérale du breton, lazhañ (laza) : tuer dans le sens éteindre, couvrir.

Alice et Jean-Claude Gasteau
Le jeudi 15 mars à 23 heures sur France Culture sera diffusé le voyage en Algérie de Jean-Claude Gasteau (les ateliers de la création). 

"Alice et Jean-Claude, mes parents, se sont rencontrés dans la vallée de Saint-Brieuc en 1959 et, sitôt mariés, sont partis en Algérie, travailler dans les centres sociaux fondés par Germaine Tillon. Un fils naquit en 1960 à Oran et moi, quatre ans plus tard sous l’Indépendance, à Mostaganem. Notre vie s’est déroulée par la suite à Trappes, square Gérard Philippe, 4e gauche. Bien qu’ayant voyagé dans de nombreux pays, aucun membre de la famille n’est retourné en Algérie. Six ans après la mort d’Alice, sa femme, mon père a exprimé le souhait de repartir pour un pèlerinage amoureux, seul, cinq jours en Algérie. Il n’a pas voulu que je l’accompagne, pas voulu s’encombrer d’un magnétophone, mais s’est engagé à tenir un journal de bord. De retour, il me l’a lu et, au fil de sa lecture et de mon questionnement, nous avons basculé dans les troubles de l’Histoire. De ces pans de vie partiellement retracée, se découvre mon père, un homme pudique à l’amour infaillible pour sa femme." Sylvie Gasteau.

2 commentaires:

  1. " et puis surtout attendre que quelqu'un veuille bien passer…"

    Cette phrase m'a touchée : c'est ce que j'entends en regardant les yeux d'une vieille amie de 100 ans et demi.

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  2. J'ai écouté hier soir jeudi 15 mars 2012, j'ai voyagé dans le temps et l'espace. Merci.
    Pascal

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