Pour ceux qui, cette nuit, n'auront pas voulu ajouter l'insomnie au changement d'heure, il faudra guetter sur le site de l'émission "La nuit rêvée" sa réécoute ouverte (1)… Entendre et (ré)écouter Pierre Descargues c'est comme entrer dans la maison de cet artiste pour une visite habituelle. À peine franchi le seuil, nous voilà en admiration devant tant de délicatesse et d'attention pour cette façon qu'il a de si bien raconter la peinture ou les choses qui ont passionné sa vie. Sa voix très douce captive. Sans en avoir l'air il nous prend par la main pour nous guider dans son musée permanent. Il a les mots justes et humbles d'un passeur, attentif et attentionné à être clair, simple et captivant. Il tisse une histoire et nous entraîne dans son déroulement. On est là devant le tableau, on en saisit les nuances, on comprend le détail que l'on n'avait pas su voir, on est ébloui par une telle érudition transmise sans que jamais Descargues ne se mette en avant. Et on a l'impression qu'il s'adresse, plus qu'un autre, à nous tout seul, reprenant le fil de la conversation là où nous l'avions interrompu lors d'une précédente visite.
Il en va de même quand il raconte ses amis artistes, qu'il les ait bien connus ou qu'il sache si bien raconter leur vie et leur art avec talent et simplicité.
Et puis, quand au détour d'une confidence à propos d'Hartung il évoque un "marchand de couleurs", on fond car, dans sa bouche, ce beau métier prend toute sa saveur, et l'on est transporté aussitôt dans la boutique de nos rêves, droguerie, quincaillerie, galerie fantastique d'un bric-à-brac merveilleux. Les mots assemblés de Descargues c'est de la poésie vivante au service de son rapport amoureux avec l'art. Il prônait "l'art dans la rue" et nous incitait à nous débarrasser de notre frilosité (autour de l'art).
En nous rappelant le sens du mot enthousiaste "avoir un dieu à travers de soi", on imagine bien que Descargues avait mille dieux à travers lui. Nous essayions chaque semaine d'en attraper un au cours d'une de ces visites bouleversantes de savoir, d'érudition, d'humanité… Quel homme et quelle vie fut la sienne, lui qui avec tendresse et amitié, avait su partager avec ceux qui aspiraient plus que tout à être curieux et émerveillés. Merci Pierre.
(1) La nuit rêvée, France Culture, le dimanche de 1h à 6h30.
Ce billet est le trois centième d'un feuilleton commencé le 17 juillet 2011 !
Merci Fanch, c'est un très bel hommage, tout en finesse, que vous faites ici à Pierre Descargues. On se souviendra du 300e billet (et des autres) de votre blog devenu vite indispensable pour éclairer, orienter, informer l'auditeur attentif : c'est une sorte de "Radiorama" quotidien, très enrichissant. Qu'attend donc "l'hebdomadaire culturel de référence" pour vous nommer "rédac' chef" des pages radio dans la nouvelle mouture du magazine ? Je ne recommencerai à l'acheter qu'à cette condition...
RépondreSupprimerPS. Dites-nous, vous avez veillé toute la nuit pour écouter Pierre Descargues d'1h à 6h30 et nous faire, le jour même, son "portrait sensible" (hommage à Kriss !) ? Chapeau !
Merci, cher Philaunet, pour vos encouragements. J'ai essayé de rendre compte du plaisir que j'ai à écouter Descargues. J'essaye aussi de faire partager mon plaisir des ondes, au filtre subjectif de mes propres écoutes !
RépondreSupprimerQuant à celle de la nuit précédente, elle fut séquencée mais suffisante pour me replonger dans l'univers d'un grand Monsieur de la radio. J'attends comme vous ce jour ou demain pour la réécouter.
Bonjour Fanch,
RépondreSupprimerQue dire après Philaunet pour traduire mon ressenti à la lecture de votre feuilleton de la radio, devenu un "must" quotidien ? Votre passion pour la radio est telle, qu'en amoureux exigeant, vous la défendez bec et ongles contre tout ce qui pourrait venir ternir sa beauté ou l'empêcher d'atteindre son plein épanouissement.
Pour lui déclarer votre flamme, généreusement, vous nous invitez, nous vos Chers auditeurs, à partager l'écoute du meilleur en tentant de nous signaler le pire. Merci Fanch, pour ces 300 billets et ceux à venir !
Merci Simone, soyez sûre que je ne vais pas m'endormir sur ces lauriers et vais essayer de tenir le cap !
RépondreSupprimer