dimanche 5 août 2012

Like a Rolling Stone…

 

Le 27 avril dernier était le jour d'une réorganisation partielle de mon quotidien. Sans doute occupé à quelques menues choses j'écoutais d'une oreille distraite le Plan B de Bonnaud (1), sans avoir même prêté attention à l'annonce de ses invités. Distrait ? Jamais tout à fait quand j'écoute la radio. Il a juste suffit que j'entende "Altamont" et "Rolling Stones" pour que je tende l'oreille. Je ne suis vraiment pas un fan des Stones, j'écoute mais n'ai jamais acheté aucun de leur disque. Par contre vous le savez j'aime les histoires. Alors heureusement que mes oreilles restent toujours en "éveil". Je crois l'avoir déjà écrit, c'est Pierre Lescure, dans son livre "In the baba" (2), qui m'a suggéré que la radio a ce pouvoir de surpasser les bruits ambiants, particulièrement quand on est écouteur. Autrefois j'étais en rage d'avoir loupé une phrase de Kriss (3), de Claude Dominique, de Mermet, de Bouteiller et même de Jean Lebrun. Comme je n'enregistrais rien il fallait bien que je sois très attentif. C'était ma façon.

Ce 27 avril, une fois que j'ai compris ce dont il s'agissait à propos des Stones, j'ai cessé d'écouter, me contentant de noter les références du livre dont l'auteur était venu s'entretenir avec Bonnaud (4). Pas question de connaître l'histoire avant de la lire ! Je l'ai dit, je ne suis ni fan ni amateur des Stones mais l'histoire qui se passait autour à la fin des années 60 me concernait, ne serait-ce que pour mettre en parallèle celle que je vivais en Bretagne, si peu informé des séismes musicaux qui secouaient l'Amérique ?

Quelques jours après l'émission je commençais la lecture d'un livre décrivant une tournée des Stones aux U.S.A en 1969, publié en 1984 et disponible en français… quarante-trois ans après les faits. C'est aujourd'hui (seulement) que j'ai fini le livre. Je ne suis pas critique littéraire, je lis pour le plaisir (et quelquefois trois livres à la fois) (5). Et cette distance, ce laps de temps énorme entre la promotion de quelque chose, son achat et sa "consommation" relativise de fait l'empilement quotidien de tout ce qu'il y aurait à écouter, lire, voir et… plus si affinités. Et pourtant Bonnaud (et d'autres) donne envie de lire, d'aller au ciné, d'acheter un magazine, de regarder une émission de TV, d'écouter de la musique. L'écume qui reste de cette prescription de tsunami est absolument ridicule et me (nous) laisse tout le temps sur ma faim. "Je n'aurais jamais le temps…" Mais comment font donc les gens qui regardent la TV 3h45 par jour ? J'arrive déjà pas à réécouter tous mes podcasts !

C'est seulement maintenant que je vais réécouter le Plan B de Stanley Booth. C'est un peu comme les bandes-annonces de cinéma, si les films m'intéressent ou m'attirent je ne regarde jamais les B.A. Voilà la bonne affaire, réécouter la radio à la demande. Si je savais un peu mieux l'anglais, j'appellerais immédiatement Booth et lui proposerais une rencontre dans son sud. J'aimerais écouter du blues avec lui, qu'il me fasse découvrir des Rolling Stones en phase avec cette musique.

Booth n'a pas écrit un livre pour les fans, et encore moins pour la gloire des Rolling Stones. Juste un livre générationnel qui situe parfaitement le point ultime d'un mouvement de "réaction" et d'idéal qui va entamer son déclin au tout début des années 70, juste après le meurtre d'un spectateur noir à Altamont en Georgie au cours du concert gratuit que les Stones avaient donné, le 6 décembre 1969, devant 500 000 spectateurs absolument "stoned". Ce morceau d'Amérique là, avec en trame de fond la mort de Brian Jones, est à découvrir par le prisme de groupes de musique qui voulaient tout balayer sur leur passage et se libérer du carcan de la morale, des interdits et de la routine.

À la même heure sur une autre chaîne du service public, je n'aurai jamais été écouté Stanley Booth. Bonnaud a cette qualité de mettre en valeur son invité en restant à sa place. Mieux il n'enfile ni les perles ni les questions évidentes, il bosse son sujet et permet à l'invité d'aller plus loin que de redire ce qu'il, dans le cas présent, a écrit. Le juste contraire des bateleurs qui brouillent les ondes… Yeah, rock&roll.

(1) Du lundi au vendredi, Le Mouv', 17h 
(2) In the baba, Grasset, 2012,
(3) Unjour de septembre ou octobre 1989, sur Inter, vers 18h 10, Kriss annonce qu'elle a roté à l'antenne et qu"on" le lui a reproché… Je n'ai pas entendu le début de sa phrase au début de son émission quotidienne,
(4) Stanley Booth, Dance with the devil, L'histoire extraordinaire des Rolling Stones, Flammarion, 2012,
(5) Le transistor d'Elvina Fesneau, Le Pierre Bellemare (souvenirs), Anquetil tout seul de Paul Fournel (lu à la vitesse du Paris-Roubaix) et Mapuche de Caryl Férey pour me détendre avant la reprise…


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