L'affaire se passe à une heure de grande écoute. Chaîne publique. Le producteur/animateur de l'émission est connu. Mais dès le début de son émission, qui commence par une archive, on sent une "tension" pour engager un sujet qu'il connaît et maîtrise. Son "intro" est carrée, pensée, pesée et… écrite. Ne s'agit pas là de "faire la danseuse" et de résumer goguenard une quatrième de couverture promotionnelle.
Il fait, comme celui dont il sera question, "claquer" ses phrases jusqu'au moment de saluer son invité. Il savoure particulièrement de mettre ce dernier face à celui qui va faire l'objet de l'émission, particulièrement parce que son invité n'a ni la même analyse, ni le même parti-pris, ni même le même engagement politique. Du billard. Voilà la tension. Tenir son affaire. Ne pas déborder en conjectures futiles. Le sujet rien que le sujet. L'invité est connu dans son milieu. Il répond aux "injonctions" du producteur avec clarté, précision et discernement. Le producteur ne lâche rien. Il pousse loin son invité et attend qu'il s'engage, se dévoile et donne les clefs des différentes écoles de pensée. Les questions fusent sans le moindre temps mort. L'invité doit se situer, situer celui dont on parle et montrer que des approches différentes et complémentaires nourrissent la pensée.
L'émission sait évoquer des sujets "graves", solides, plus légers et même quelquefois carrément dérisoires. Enfin "dérisoires" dans le titre, le sujet mais jamais dans sa conduite, pour toujours en faire une émission de très bonne tenue. Du billard, vous dis-je ! Le producteur tient son sujet d'aujourd'hui avec poigne, ça s'entend jusque dans son ton, plus "sec" que d'habitude, ne voulant rien perdre des secondes qui passeraient pour "rien". L'invité joue le jeu, à la limite de la complicité, du sourire, voire même d'une certaine connivence. J'aurai tendance à dire "il connaît l'oiseau". Cette joute intellectuelle est, pour l'auditeur qui aime le sujet, un vrai moment de radio. Elle oblige à une concentration absolue pour une écoute très fine.
Si l'invité, citant celui dont il est question, dit "Une œuvre, c'est une question bien posée", s'appliquant alors à la radio, on élaguerait bien vite ceux qui s'évertuent chaque jour à poser les mauvaises questions… Et s'agissant de ce producteur on voit bien qu'il a sa place chez les bons "questionneurs". Le florilège des bonnes questions posées ce jour-là ont rendu l'émission passionnante.
Une archive passe. S'en suit une liste prestigieuse de personnalités qui ont œuvré aux mêmes causes que celui dont le profil est évoqué. En cascade ces noms renvoient à des cercles intellectuels à la thématique connue, qui en leurs temps se sont rangés derrière une option politique pleine d'espoir, en mettant leurs talents respectifs au service de la cause. On est captivé, on marche dans l'affaire, certains ont du faire leur miel, d'autres leur pelote. Et d'inviter (en archive) un homme politique de premier plan, un des rares aujourd'hui à avoir cette culture-là (1). Le reste de l'émission sera de la même veine, l'invité affirmant ses convictions, tout en justifiant une vraie reconnaissance pour celui qui ne partageait pas les mêmes analyses que lui. Une émission excellente et brillante. À collectionner !
Voilà, mes chers auditeurs, je n'en dirai pas plus.
Demain, la "suite" qui fera pendant à ce billet aura pour titre "Passionnant"…
(1) Savoureux de constater que l'interview a été réalisé par un producteur aussi très féru de la spécialité évoquée, mais sur une autre chaîne du service public.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire