Alors que Barnum s'installe à grands bruits, que les éléphants s'apprêtent à atterrir, que les paparrazi se montent sur les épaules, que les starlettes ne sont plus que des images en N&B, que les pipoles bling-bling, il est sain d'appuyer sur "replay" et de savourer ce qui, en son temps, avait encore une certaine fraîcheur. L'Ina (Institut National de l'Audiovisuel réalise pour cela des dossiers thématiques qui font rêver, si l'on imagine que la même chose pourrait un jour être dédiée à la radio.
Pour me faire plaisir j'ai choisi jean Giono, président du festival, en 1961. Giono a soixante-six ans, il vient de réaliser son premier film "Crésus" (1960) avec Fernandel et a accepté cette présidence, bien qu'il soit assez dubitatif sur la transcription au cinéma d'œuvres littéraires (1). Petite entorse à ce blog "radiophonique" pour présenter une séquence entre le Président du jury et François Chalais, critique à la télévision dont la voix et le style sont inoubliables pour ceux qui l'ont entendu à l'époque… L'entretien, dommage, est vraiment trop court.
De là, j'ai voulu écouter du son radio et suis inévitablement "tombé" sur un "Masque et la Plume" de 1960. Quand vous lirez "Le Masque et la Plume" il faut vous attendre à entendre l'ORIGINEL (l'émission a alors deux ans). Absolument rien à voir avec les postures, roucoulades et autres effets de manche que donne à entendre une émission qui usurperait l'esprit original. Il ne suffit quand même pas de se mettre autour d'une table pour faire une émission de radio vivante, solide et critique du 7éme art. Il ne suffit pas…
Et puis, j'ai été trainé mes oreilles vers la pré-matinale de France Culture, qui chaque semaine choisit un thème et le décline pendant cinq jours, avec un invité et une série sur le thème. Tout cela essayant de coller à cette fameuse "actualité" rongeant et tétanisant la création. Cette semaine et la suivante c'est Frédéric Mitterrand qui nous propose une série sur le Festival de Cannes. On a connu le spécialiste du cinéma plus hardi, moins monocorde et surtout moins didactique. C'est bien de nous lire la chronologie et les événements du Festival de ses origines à nos jours, mais c'est un peu plat, un peu ressucé, et absolument attendu. Il ya avait sûrement dans la galaxie des producteurs de radio quelqu'un qui aurait pu choisir des angles moins convenus et surtout une diction un tout petit peu plus enthousiaste. Vous jugerez par vous-même à l'écoute de ce premier épisode.
(1) "Regain" et "La femme du boulanger" par Pagnol,
Écoutant ce "masque et la plume" ainsi que Giono (que je respecte évidemment beaucoup, mais qui me semble dépassé par les événements), je ne trouve pas que c'était mieux "avant". Cette année Cannes, comme tous les ans, est un mixte de foire bling bling et de projections d'oeuvres parfois admirables (quelle plus belle palme d'or que celle qui a été accordée, il y a trois ans, par Tim Burton à Oncle Boonmee d'Apichatpong Weerasethakul ?). Pour avoir fait des émissions radio sur Jim Jarmusch (en compétition cette année) ou Aki Kaurismaki (entre autres), je sais qu'il est difficile de faire passer le cinéma à la radio. Mais on y arrive. Et, aujourd'hui, plus que jamais, il y a des miracles de construction sonore dans certains films, que les auteurs radio devraient étudier de très près. Assez de blabla, enduisons les critiques fats et bavards d'un masque de goudon et de plumes et laissons les anciens ministres mariner dans leur nostalgie du temps où ils étaient des roitelets à la cour... Éteignez quelques heures la radio et allez au cinéma !
RépondreSupprimerBarnum : il fallait bien que quelqu'un ait le courage de le dire !
RépondreSupprimerElianne.