"Un média de service public n’est pas fait pour l’audience mais pour remplir des missions qui sont de faire vivre des valeurs de démocratie, de culture et de création." Jean-Paul Philippot, administrateur général de la RTBF (Radio Télévision Belge Francophone)
mardi 28 mai 2013
L'esprit Finky vs L'esprit Canal…
La joute qu'on attendait, ou plutôt la joute qu'attendait Alain Finkielkraut depuis longtemps pour "tordre le cou" à ce "fameux" esprit Canal, qui serait l'étalon de la chose médiatique, et qui hérisse le poil à plus d'un titre au producteur de "Répliques" (1), a eu lieu samedi dernier. Finky avait invité Guillaume Erner (2) et Olivier Pourriol, ce dernier racontant son expérience de chroniqueur dans la session du "Grand Journal" sur la chaine cryptée. Déjà en novembre 2012, les invités de Répliques avaient dit à quel point Canal+ "moquait" la campagne (4).
L'intro de Finky un petit bijou : "Canal+ n'est pas une simple chaîne de télévision. Canal + est une manière de regarder et d'habiter le monde… Canal+ est le bastion médiatique de la dérision, le chef lieu de l'impertinence, la capitale du néo-comique. C'est au Grand et au Petit Journal que se font bastonner les ringards et qu'on glorifie les vedettes du jour ou d'un jour (5). c'est là que les "Guignols de l'info" initient les jeunes à la politique et impriment sur leurs visages un sourire narquois qui ne s'effacera plus. On ne peut pas traiter un phénomène aussi important par le mépris, sous prétexte qu'on est sur France Culture."
Très bon moment de radio quand Finky découvre qu'Olivier Pourriol a, en son temps, été approché pour remplacer au "Grand Journal" Ali Baddou. "Ah oui c'était Ali Baddou !" dira Finky presque à voix basse (5). Et puis l'on découvre que l'émission (et ses coulisses disséquées par Pourriol) serait "statutaire". La définition de ce statut auto-proclamé est à pleurer et je vous laisse le découvrir en écoutant l'émission (à 15'15"). Où l'on apprend que "le pouvoir est à Canal+" (6) et que "L'hégémonie culturelle de Canal se fonde sur le maniement d'un ton ironique…" Cette "hégémonie et cet impérialisme de l'esprit Canal" que fustige Finkielkraut doit être pour le producteur un objet d'étude tant il pousse sa rigueur intellectuelle jusqu'à s'imposer déjeuner de nombreux midis devant l'émission d'Ali Baddou. "L'esprit Baddou" encore plus fort que "L'esprit Canal" ? (7)
En conclusion. Erner : semi-caution de Canal+ (il y tient chronique), semi-caution intellectuelle. Finkielkraut : aigri ne ne pouvoir en découdre tout à fait. Pourriol : cohérent avec son objet d'étude "les coulisses d'une émission de divertissement". Las, le "grand soir" de l'histoire de Canal n'était ni pour aujourd'hui, ni ne le sera demain. Il faudra sûrement laisser couler beaucoup de flots de dérision sous les ponts de la chaîne, avant sans doute que celle-ci ne devienne un objet d'étude approfondi, rigoureux et intellectuellement irréprochable. Dans un temps où, sans doute, "l'esprit Canal" ayant fait suffisamment florès, il sera temps de retrouver ses "propres esprits".
(1) France Culture, le samedi, 9h,
(2) Docteur en sociologie et producteur de Service Public à France Inter,
(3) Philosophe, essayiste et romancier, auteur de On/Off : comédie Nil, 2013,
(4) En opposition à la ville,
(5) Rappelons que le dit Ali Baddou a "officié" sur France Culture pour remplacer Nicolas Demorrand pour la matinale et a ensuite "produit" une émission, appelée Radio Libre ou la médiocrité poussée à son extrême,
(5) Avec un peu moins de lyrisme, Finky nous referait presque l'annonce de "Reine d'un jour" de Jean Nohain, Radio Luxembourg, 1948-1955,
(6) Ce qui du même coup déboulonne la posture et la statue d'Elisabeth Levy, enfileuse de perles, qui quand elle animait "Le premier pouvoir" sur France Culture (204-2006) ignorait superbement celui de la chaîne cryptée,
(7) Un objet d'étude aux profondeurs certainement abyssales.
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