"Un média de service public n’est pas fait pour l’audience mais pour remplir des missions qui sont de faire vivre des valeurs de démocratie, de culture et de création." Jean-Paul Philippot, administrateur général de la RTBF (Radio Télévision Belge Francophone)
lundi 6 mai 2013
La foire aux ânes…
Entre tapis rouges, paillettes, fausses et "vraies" stars, poncifs, images d'Épinal jaunies et autres palmiers en carton qui vont, dans quelques heures, faire irruption autour de "La Croisette", et jeux de têtes qui tournent mécaniquement de gauche à droite, beuglements de foire, et suspens torride dans un pré-carré aristocratique, les médias, en mai, ne savent plus où donner de la tête pour traquer les pipoles. Alors, s'il leur faut "en plus" commencer à commenter l'incommentable, je veux parler du "Tercato" audiovisuel, on frôle le surmenage médiatique. Mais, c'est tout bon ça, ça excite la presse, on est dans l'arène, y'a du taureau à abattre, des toréadors en "habits de poisson" (1) qui ne savent rien faire d'autre que de briller, y'en a tellement que, pendant ce temps-là, on ne parle pas de la radio puisqu'on parle de ceux qui font ou défont la radio (2).
On apprend, "bouleversés", que Bruce va quitter l'Europe1, accompagné de Michel qui en comique troupier ne s'est pas révélé plus drôle qu'Ouvrard (3). C'est à partir de là que, marchands de supputations, komantateurs officiels, cartomanciennes autorisées, marabouts d'ficelle, rideaux de fumées, princesse rumeur et n'import'naouak vont s'entretuer pour faire vivre, pendant quatre mois, le plus long et affligeant feuilleton de l'année.
Savez-vous que Jérémy va quitter Radio Azimut (4) ? Non ? Et ne savez sans doute pas non plus, que Christine Carpentras prend les rênes de la station FM Vert Émeraude à petit pois (5), ni même qu' Éléanore du Bois Marquet reprend la rubrique hippique de JetSet FM (6) ? Vous ne savez donc rien, mais il y a de grandes chances pour que vous ne le sachiez jamais, car, ce qui intéresse par dessus tout les médias, c'est la pipolisation du "Tercato", et rien d'autre.
On se demande bien pourquoi Bruce Toussaint serait, tel l'entraîneur du FCFDF (7), seul responsable de la baisse chronique d'écoute de la matinale d'Europe 1 ? Et pourquoi les noms qui circulent pour le remplacer ne sont que ceux, de celles ou ceux, qui sont déjà en place ou déjà des "stars" ? Ni Garretto, ni Codou n'ont consulté le Who's Who de la médiatique pour recruter Jean-Luc Hees à Fip en… 1971 (8). Ce jeu de chaises musicales permanent alimente la chronique, déstabilise les équipes, amplifie la starisation et finit par donner l'image d'un Barnum, dont les numéros de cirque, éculés, ne font plus rire du tout, et dont la rengaine est au bout du rouleau.
Mais le pompon de cette tragi-comédie a été atteint le jour où l'hebdomadaire culturel, auto-proclamé de référence, a décidé de faire mieux que tout le monde en affichant, de façon permanente sur son site, une infographie très didactique, qui à l'aide des logos des sociétés de l'audiovisuel, montre les entrées (dans le cirque), les transferts, et les sorties des heureux ou malheureux élus. Précieux vademecum de la valse des pantins. Il fallait bien se revendiquer de "référence" pour en arriver là !
En leur temps Maurice Siegel et Lucien Morisse (9), Jean Prouvost et Jacques Rigaud (10), Roland Dhordain et Pierre Wiehn (11) et, quelques autres, ont bousculé, inventé, installé des émissions, des programmes, et des habitudes dont certains persistent encore aujourd'hui. La course folle à l'audience, intrépide, insipide et funeste, surévaluée et surjouée par les médias eux-mêmes, donne une bien triste image de la forme. Quant au fond il ne fait plus l'objet d'aucune analyse. On doit se "contenter" de gros plans sur celles et ceux qui sont au micro, jamais sur les équipes auxquelles elles/ils appartiennent, encore moins sur les métiers et les savoir-faire de ceux qui prennent le son ou mettent en ondes. Machin et Truc qui changent de crèmerie est beaucoup plus important que de comprendre pourquoi et comment Amaelle, Alain, Marie, Jean, Paula, Daniel et Claire font de la radio.
Il est encore de petits rigolos fumeux pour croire qu'en mettant en haut de l'affiche, sur leur chaîne, telle vedette d'une radio (ou TV) concurrente, le public moutonnier va suivre comme un seul… homme. Quand on sait que les jours de grève, les aficionados de France Inter, faisant si peu un pas de côté, dégustent avec gourmandise le ruban musical proposé, jusqu'à en demander la play-list publié maintenant systématiquement par la chaîne publique, il y a de quoi s'interroger sur l'efficacité d'un tel "Tercato", d'une telle mascarade, faite exclusivement pour donner aux ânes, du son ? Et là, les ânes c'est nous !
(1) Dixit Coluche,
(2) Pour ce qui concerne les autres médias je vous donnerai la recette en fin de billet,
(3) Comique troupier "d'avant-guerre", dont la rate se dilatait,
(4) Qui émet dans le bassin de l'Aigoual sur 104.7,
(5) À Saint-Cirgues la Popie,
(6) Radio privée du triangle d'or (sic), Auteuil-Neuilly-Passy,
(7) Clin d'œil aux poteaux de Radio Fond de France,
(8) Codou et Garretto inventeurs de Fip ont "recruté" le journaliste, aujourd'hui Pdg du groupe Radio France,
(9) L'un directeur de la rédaction d'Europe 1, puis directeur de la chaîne, l'autre directeur des "variétés",
(10) Respectifs directeurs de RTL,
(11) Directeurs de France Inter.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
J'espère que tu n'as rien contre les ânes ;-)
RépondreSupprimerhttp://www.jgcoulange.com/#!ella-/c5o9
J'ai "possédé" ce type de bestiau apprécié de tout le village ! Moins quand les gendarmes me le rapportaient en "panier à salade" ! T'as bien fait de faire ta promo !
SupprimerPRIERE POUR ALLER AU PARADIS AVEC LES ANES
RépondreSupprimerLorsqu'il faudra aller vers vous, ô mon Dieu, faites
que ce soit par un jour où la campagne en fête
poudroiera. Je désire, ainsi que je fis ici-bas,
choisir un chemin pour aller, comme il me plaira,
au Paradis, où sont en plein jour les étoiles.
Je prendrai mon bâton et sur la grande route
j'irai, et je dirai aux ânes, mes amis :
Je suis Francis Jammes et je vais au Paradis,
car il n'y a pas d'enfer au pays du Bon Dieu.
Je leur dirai : " Venez, doux amis du ciel bleu,
pauvres bêtes chéries qui, d'un brusque mouvement d'oreille,
chassez les mouches plates, les coups et les abeilles."
Que je Vous apparaisse au milieu de ces bêtes
que j'aime tant parce qu'elles baissent la tête
doucement, et s'arrêtent en joignant leurs petits pieds
d'une façon bien douce et qui vous fait pitié.
J'arriverai suivi de leurs milliers d'oreilles,
suivi de ceux qui portent au flanc des corbeilles,
de ceux traînant des voitures de saltimbanques
ou des voitures de plumeaux et de fer-blanc,
de ceux qui ont au dos des bidons bossués,
des ânesses pleines comme des outres, aux pas cassés,
de ceux à qui l'on met de petits pantalons
à cause des plaies bleues et suintantes que font
les mouches entêtées qui s'y groupent en ronds.
Mon Dieu, faites qu'avec ces ânes je Vous vienne.
Faites que, dans la paix, des anges nous conduisent
vers des ruisseaux touffus où tremblent des cerises
lisses comme la chair qui rit des jeunes filles,
et faites que, penché dans ce séjour des âmes,
sur vos divines eaux, je sois pareil aux ânes
qui mireront leur humble et douce pauvreté
à la limpidité de l'amour éternel.
Francis Jammes
Merci Jakki, si l'on ajoute à cela le voyage de Stevenson en Cévennes… Les ânes les vrais peuvent vivre tranquille. Quant aux autres ils continueront à braire dans le "Tercato"…
Supprimer